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Madame Esther

Soyez comme un enfant



Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9, 33-37

Jésus et ses disciples avaient traversé la Galilée et ils arrivaient à Capharnaüm.

Une fois à la maison, Jésus leur demandait : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »

Les disciples se taisaient, car, sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.

S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

Prenant alors un enfant, Jésus le plaça au milieu d’eux, l’embrassa et leur dit :

« Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé »


Le jour du baptême beaucoup de parents choisissent une belle lecture de l’évangile, celle où saint Marc par exemple nous raconte comment des mamans étaient venues présenter leurs petits enfants à Jésus. Ils ont raison, car c’est bien une originalité de la foi chrétienne de donner tant d’importance aux petits et aux enfants.

Alors, faisons un bond en arrière et allons filmer, écouter ce qui s’est passé ce jour-là.

L’enfant Mardochée rentre à la maison en courant:

– maman, je l’ai vu,

– qui ça, tu l’as vu ?

– Jésus, il est passé dans la rue. Avec les copains on a couru, Même que Joshua a dit : attention, ne criez pas, il va nous rembarrer parce qu’on fait trop de bruit. Il va faire comme le rabbin l’autre jour quand il a crié contre nous, allez-vous en galopins, ce n’est pas votre place ici à la synagogue, c’est pour les grandes personnes, quand vous aurez 12 ans, vous pourrez entrer et lire les Écritures, mais en attendant, dehors.

– Il avait bien raison le rabbin, répond la maman, parce que vous êtes des turbulents, vous gênez tout le monde surtout quand on a envie de prier ou de discuter sur ce que les prophètes nous ont dit.

– Et bien, lui, Jésus, il ne nous a pas fait partir. Au contraire, si tu avais vu, maman, comme il nous a parlé. C’est comme si on était les plus importants.

– Qu’est-ce qu’il vous a dit ?

– Ben, dis-le, toi, Jérémie, tu étais tout près de lui. Dis-nous ce qui s’est passé

– Oui, j’ai tout entendu. Il y avait des hommes avec lui, ils avaient l’air renfrogné, jaloux les uns contre les autres. C’est moi le plus grand, non c’est moi. Tu verras, dans son royaume, c ‘est moi que Jésus va choisir en premier. Moi, je rigolais en les entendant : ma parole, les gamins c’est eux. Oui, des gamins qui se bagarrent pour être le chef de la bande.

– A ce moment, Jésus les a regardés, d’un œil sévère.

– Oh, oui, il n’avait pas l’air content du tout. Venez par ici, qu’il leur a dit. Moi j’ai suivi tout doucement en ouvrant les oreilles.

« Si quelqu’un veut être premier, il sera dernier de tous, et serviteur de tous. »

Bang, ça a été comme un coup de bâton sur leurs crânes. Être le dernier pour être le premier, ils n’avaient pas l’air de comprendre.

A ce moment-là ? Jésus m’a vu. Pourtant j’étais bien caché derrière le plus gros…

Je n’étais pas trop rassuré, mais il n’avait pas de méchants yeux.

– Allez Jérémie, raconte-nous ce qu’il a fait.

– il m’a placé au milieu du groupe et il m’a embrassé.

– oh, tu en rajoutes, Jérémie. Un homme comme ça ne va quand même pas embrasser un gamin des rues ! Tu exagères.

– Je te jure que c’est vrai. Après il a dit : « si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux »

– Qu’est-ce que ça veut dire ?

– Attends, moi, je vais t’expliquer. Le royaume des cieux, c’est un royaume pas comme les autres. Pas question d’y entrer si tu te chamailles pour être le premier, si tu te croix plus grand que tout le monde.

– voyons les enfants, dit la maman, vous ne croyez tout de même pas que les plus importants dans un royaume, ce sont les plus petits, les enfants, ça ne s’est jamais vu.

– en tout cas, c’est ce qu’il a dit.

– Mardochée, avoue-le que Jérémie exagère.

– Mais non, maman, je te le dis. Jésus nous a regardés et il a encore dit :

« Celui qui accueille un de ces petits en mon nom, c’est moi qu’il accueille. »

Vous me faîtes bien rire, les enfants, quelle imagination.

Supposez que le roi Hérode nous dise : cet enfant-là dans la rue, c’est la même chose que moi. Si vous y touchez, c’est à moi que vous touchez.

Vous avez du mal comprendre, mes enfants, allez -vous en jouer. Point final.

Un peu à la fois, les gens commencent à se regrouper dans la rue.  Tout le monde se met à discuter.

A ce moment, arrive le vieux Jonathan : « c’est vrai ce que disent les enfants. Il n’y a pas longtemps, j’ai été témoin. Je vais vous raconter. »

J’étais là à écouter. Tout à coup, le cercle des auditeurs s’ouvre : des mamans s’avancent avec des bébés dans leurs bras. Vous savez ce que sont les mamans, elles s’approchent de Jésus et lui demandent : pourrais-tu bénir nos petits enfants ?

Moi, j’étais tout ému. C’était beau mais des disciples se mettent à grogner : Vovons, mesdames, ne faites pas perdre de temps au Maitre, il a autre chose à faire, et puis, il ce n’est pas avec des bébés qu’il va faire son royaume, il a besoin de gens capables, forts, instruits. Allez, écartez-vous.

Croyez-moi, à ce moment, jésus se rend compte de ce qui se passe, qu’est-ce qu’il fait ?

Il se fâche. Oui, il se fâche contre ses disciples. Les pauvres, ils croyaient bien faire, mais ils se font rabrouer.

Ils baissent la tête. Visiblement, ils avaient du mal à comprendre ce royaume où les petits seront les plus grands. Comment voulez-vous qu’ils comprennent, jamais on n’avait entendu de telles paroles : « laissez les petits enfants venir à moi, ne les empêchez pas car le royaume de Dieu est à eux »

Ils en faisaient une tête les disciples qui se croyaient grands, et encore plus les notables de la ville qui écoutaient par derrière. Il fallait les entendre murmurer entre leurs dents :

Ce Jésus est complètement fou. Nous dire que ce sont les enfants, les petits, les ignorants qui vont commander maintenant ? Nous dire qu’il faut tout mettre au service des plus petits. Où allons-nous ? C’est un monde complètement à l’envers.

C’est bien là ce que nous devons comprendre : si nous voulons un monde meilleur, il faut apprendre à mettre les plus petits, les plus pauvres, les plus faibles comme les enfants, au milieu. Tant que les forts, les rusés ne penseront qu’à eux, nous continuerons à courir vers les catastrophes.

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Madame Esther

Elle l’a bien mérité !



Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8, 1-11

Jésus s’était rendu au mont des Oliviers; de bon matin, il retourna au temple de Jérusalem. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus: «Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu?» Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus s’était baissé, et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit: «Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre.» Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés.
Jésus resta seul avec la femme en face de lui. Il se redressa et lui demanda: «Femme, où sont-ils donc? Alors, personne ne t’a condamnée?» Elle répondit: «Personne, Seigneur.» Et Jésus lui dit: «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus.»


Depuis quelques jours, l’ambiance était assez malsaine.

Les apôtres qui suivaient Jésus, ne se sentaient plus tellement à l’aise.

Où étaient les beaux jours des débuts, quand les foules couraient derrière Jésus, pour voir ses miracles, pour lui demander de guérir leurs malades, mais aussi pour entendre ses paroles.

Comme ils étaient heureux ces pauvres gens, accablés par la vie.

Pour la première fois, ils entendaient des mots pleins de compassion, ils étaient émus quand il posait son regard sur leurs enfants.

Mais peu à peu, par-derrière, on commençait à grincer, à murmurer.

Qui osait le critiquer ? Oh, ce n’était pas n’importe qui, des hommes respectés, des hommes réputés pour leur religion, qui observaient la loi de Moise au pied de la lettre.

Jean avec les autres Apôtres se posent des questions :

Pourquoi s’acharnent-ils ainsi contre notre Maitre ? Il ne fait rien de mal, au contraire. Bien sûr, il ne tient pas assez compte de la Loi, il lui arrive de guérir un jour de sabbat. Ce jour-là, interdit de faire quoi que ce soit qui ressemble à un travail.

Mais qui pouvait en vouloir à Jésus ? Il était trop bon, une femme venait avec un enfant malade dans les bras, il se laissait prendre par la pitié.

Il aurait pu dire, revenez demain, après le sabbat, mais non, il s’écriait aussitôt, talithakoum, enfant, lève-toi.

C’est cela qu’on lui reproche, oublier la loi quand quelqu’un souffre ?

Les reproches sont violant :

Est-ce qu’il se croit supérieur à Moise qui avait donné les tables de la Loi

Non mais pour qui se prend-t-il ? On peut être bon, mais la loi, c’est la loi.

Ce jour-là, pourtant, c’était plus calme.

Jésus était là assis dans le Temple de Jérusalem, autour de lui, des hommes, des femmes, des enfants, tous heureux de l’entendre.

Comme il faisait bon de l’entendre parler de Dieu, de sa bonté, de son amour pour les petits.

Tout à coup, un groupe s’avance. Oh là, pense Jean, ils n’ont pas l’air commodes, qu’est-ce qu’ils mijotent encore ?

Quelques-uns ont le sourire aux lèvres. Mais un sourire perfide, le sourire de quelqu’un qui se prépare à jouer un sale tour.

Celle qui n’a pas le sourire, c’est la femme qu’ils traînent avec eux.

Toute tremblante. Écrasée par le mépris de ces notables qui la foudroient du regard, ils la font avancer, juste devant Jésus.

La foule s’écarte, pas très rassurée.

Le chef de la troupe ouvre la bouche, c’est un homme de grande prestance, un homme sûr de lui, de sa science.

Lui, il connaît les Écritures, depuis sa jeunesse, il est plongé dans les textes. Ce n’est pas comme ce Jésus : que sait-il de la Loi ?

Un charpentier, un ignorant qui en prend à son aise avec nous.

« Maitre » Oh, l’hypocrite, il y met les formes… Puisque Jésus enseigne dans le temple, on va lui en donner du « Maitre » cela ne nous empêchera pas de le coincer.

« Maitre, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère »

Jusque-là, Jésus n’a rien à répondre

Quand on lui pose une question sur la loi, il est assez malin pour discuter et parfois nous mettre en difficulté, mais ici, un fait est un fait.

Et voilà encore un autre fait : « Dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là »

Ils se sont bien préparés à l’attaque.

Si Jésus les contredit, ils lui sortent tout de suite le texte du livre du lévitique, le grand recueil des lois données par Moise.

« L’homme qui commet l’adultère avec la femme de son prochain devra mourir, lui et sa complice »

Si c’est nécessaire, on lui sortira encore le Deutéronome :

« Si l’on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée, tous deux mourront »

Franchement, pense Jean qui s’y connaît un peu en Écritures, s’ils veulent obéir à la Loi, ils auraient dû amener l’homme aussi. Jésus n’aura pas de mal à les confondre, à montrer leur mauvaise foi.

Pourquoi s’en prennent-ils à la femme uniquement ?

Tombe alors la question qui veut condamner Jésus.

Le chef élève la voix, il prend un ton grave comme celui d’un juge « Toi, qu’en dis-tu ? »

Cette fois, Jésus est perdu, nous l’avons coincé !

S’il dit « laissez-la tranquille » nous le tenons, car il est contre Moïse.

S’il dit « Mettez-la à mort » c’est fini avec la foule. Comment, lui qui parle toujours de bonté, de pardon, il approuve la mort de cette femme ? C’est un menteur, il ne vaut pas mieux que les autres qui nous écrasent avec leurs lois.

Jean et ses amis sont bien embarrassés. Ils regardent Jésus. Mais que fait-il ? Il ne répond pas !

Ça, c’est ennuyeux, il pourrait se défendre, non ? Il est là devant tous, il se baisse.

Du doigt, il écrit dans la poussière du sol. Jean essaie de voir, mais il n’arrive pas à déchiffrer les lettres.

Peu importe, Jésus sait ce qu’il fait.

Il se redresse enfin.

Cette fois, ce sont ses ennemis qui ne sont plus rassurés. Il semble tellement sûr de lui.

« Celui d’entre vous » il les regarde un par un, comme s’il pénétrait dans leur tête : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre »

Rien d’autre, pas de discussion, pas de sermon. Que chacun se regarde comme il est. Vous avez déjà des pierres dans les mains, mais qu’avez-vous dans le cœur ?

Vos yeux sont pleins de mépris envers cette femme, mais pouvez-vous être si fiers de vous ?

Tranquillement, Jésus s’abaisse et recommence à tracer des traits sur le sol. Un silence pesant règne sur le groupe des spécialistes de la Loi, ils ne se regardent même plus les uns les autres.

Est-ce qu’ils auraient quelque chose à cacher dans leur vie ?

Au premier rang, le porte-parole fait demi-tour sans un mot, il s’éloigne. Puis un autre et tous, les uns après les autres laissent tomber les pierres qu’ils avaient en main, et ils partent.

Jésus reste seul avec la femme. Il se redresse et lui demande :

« Femme où sont-ils donc ? Alors personne ne t’a condamnée ? »

Elle lui répond : « Personne Seigneur »

Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pêche plus »

Jean enregistre la scène dans sa tête : il faudra un jour que je mette cela par écrit. C’est tellement important, on va tellement vite pour condamner ceux qui sont en faute, mais que fait-on pour les aider à remonter la pente ?

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Madame Esther

Pilate et le Ressuscité



Mettons-nous dans la peau de Pilate, le gouverneur romain. Entrons dans son palais.

En ce matin de Pâques, tout est calme dans le palais. Pilate a bien dormi, il est content de lui.

– Lieutenant Rufus, cette année, tout s’est bien passé dans cette ville de Jérusalem. Qu’en pensez-vous ?

*Monsieur le gouverneur, franchement, avec cette foule qui vient de partout, je m’attendais à des troubles, il y a toujours des énergumènes qui se prennent pour le Messie comme ils disent.
Monsieur le gouverneur, Vous avez bien fait de venir de Césarée, et d’amener la troupe.
Bonne précaution pour montrer à tous ces juifs que nous sommes les plus forts.

– La force, la force, lieutenant Rufus. Il n’y a que la force pour dompter ces énervés.

*La force, oui, monsieur le gouverneur, mais la ruse aussi.
Vous avez été particulièrement brillant avec Anne, le grand prêtre et Caïphe.
Quand vous avez jugé l’agitateur.

– Tu veux parler de ce Jésus de Nazareth ? Oui, je me suis dit : je ne peux quand même pas condamner un innocent, mais si je le relâche, ils vont pousser des cris, provoquer une émeute.
A la fin j’ai eu une idée géniale, j’ai réussi à les retourner.
Tu as vu, c’est eux qui ont fini par crier : « crucifie-le, crucifie-le ! »
S’il est mort, c’est de leur faute, moi, j’ai pu me laver les mains tranquillement.
La force et la ruse, rien de tel pour mater une foule.
C’est la base du pouvoir.

Pilate continue à faire ses discours : tout à coup, la porte s’ouvre, un soldat arrive tout essoufflé.

– Qu’est-ce qui se passe ? Qui vous permet d’entrer ainsi sans frapper ?

**Monsieur le gouverneur c’est cet homme que vous avez crucifié. Celui qu’on appelle Jésus.

– Eh bien oui, je l’ai fait crucifier. Il est bien mort, je le sais, le centurion me l’a confirmé. Il lui a percé le cœur. N’est-ce pas lieutenant Rufus ?

*Parfaitement, vous avez même donné la permission à un notable, Joseph d’Arimathie, de l’enterrer dans son jardin.

– Allez ne m’embêtez pas avec ce mort. Faites préparer les chevaux pour repartir à Césarée. La force a triomphé une fois de plus.
Au fait, pourquoi me parlez-vous de ce mort ?

**C’est qu’en ville, on ne parle que de lui, un tas de gens disent qu’ils l’ont vu, oui, vivant. Il s’est présenté à ses amis et à un tas d’autres.

– Qu’est-ce que vous me racontez, triple idiot ? Vous avez déjà vu un mort revenir à la vie ?
Rufus, redite-le moi qu’il était bien mort

* Bien sûr, pas de doute. Mes soldats ont vu qu’on l’a déposé dans un tombeau, avec une grosse pierre. Le médecin de mon unité l’a bien dit : un cadavre qui reste trois jours dans un tombeau, c’est la preuve qu’il est bien mort.

– Qu’est-ce qu’on dit de cela en ville ?

**Il y a des femmes qui sont allées voir. Elles arrivaient avec des parfums, des aromates pour embaumer le corps, mais le tombeau était vide, l’énorme pierre roulée. Vous parlez d’une frousse qu’elles sont eues.

– Oh des femmes, des femmes, même les juifs ne croient pas dans les femmes. Elles n’ont pas le droit d’être témoins dans un tribunal. Si vous n’avez que cela à me dire…

**Quand elles sont courues avertir ses amis, ceux-ci les ont envoyées promener, elles radotent, elles sont folles.

– Vous voyez bien que ce sont des histoires à dormir debout.

** C’est ce que je pense aussi, mais on dit aussi que ses amis sont allés voir ensuite. Et le tombeau était bien vide. Et puis, ils sont revenus, se sont enfermés, tellement ils avaient peur. C’est à ce moment qu’ils l’ont vu, les portes étaient fermées mais il était là devant eux.

– Soldat, vous m’énervez. En plus, vous êtes un traître. Oui, un traître.
Vous prétendez que cet homme, un misérable que j’ai fait exécuter, moi, le représentant de Rome, est plus fort que la mort.
Sachez, jeune homme, que la puissance romaine s’est étendue sur tous les pays grâce à notre force, à nos armes. Tous ceux qui ont voulu s’opposer ont péri. Ils sont morts maintenant.
Vous avez entendu dire qu’ils sont revenus à la vie pour nous battre ? Sur terre, celui qui possède la force et peut punir de mort, c’est lui qui a raison.
Rompez, soldat.
Vous n’êtes pas digne de porter une épée.

Lieutenant Rufus, vous êtes bien d’accord ?

** Monsieur le gouverneur, permettez-moi d’ajouter un mot. Vous avez raison de dire que la mort est le meilleur moyen pour conquérir un royaume. Mais j’avoue que j’ai été impressionné par notre centurion.

– Le centurion qui lui a percé le cœur ?

** Oui, juste à ce moment-là, je l’ai entendu dire une parole extraordinaire qui m’a bouleversé moi aussi.
« Cet homme est vraiment le Fils de Dieu »
Je n’en revenais pas, cet homme mourait devant lui, torturé, rabaissé au rang des plus misérables et mon centurion que je respecte énormément, le regardait comme un Fils de Dieu

– Fils de Dieu, fils de Dieu, qu’est-ce que cela veut dire ? Encore des histoires de leur religion. Moi, je suis fils de Rome, fils de l’empereur.
L’empereur est pour moi comme un dieu dominateur. Je suis fier de marcher avec lui. Je suis fils du dieu empereur.

** Je crois que mon centurion a voulu dire : Cet homme est fils d’un Dieu qui n’écrase pas, qui préfère se laisser faire sans se venger, de peur de faire du mal à. quelqu’un.
A mon avis, son Dieu est un dieu qui aime tous les hommes.

– Lieutenant Rufus, emmenez-moi cet homme au cachot. Moi, je ne rentre pas dans ces discussions de religion.
Si tous mes hommes commencent à se dire : il faut être bon, il faut aider les autres, il ne faut pas utiliser la force ou la violence…
Où allons-nous ? Non, il faut faire peur en menaçant de mort.
Vous savez ce qu’il m’a répondu votre Jésus, quand je l’ai interrogé. « Mon royaume n’est pas de ce monde. »
Moi, Pilate, représentant de l’empire romain, je suis du royaume de ce monde et je continue à utiliser la force et la ruse. Point final.
Vous ne me ferez jamais croire qu’on peut bâtir un empire en aimant les autres, en pardonnant. Ça ne marche pas comme ça.

Après cela, Pilate tourna les talons pour aller voir ses chevaux. Mais les soldats qui l’entouraient commencèrent à se poser des questions.

Est-ce que ce Jésus n’aurait pas raison ? Avec nos armes, sommes-nous capables de faire régner la paix.
Et le bonheur ? Nous faisons trembler le monde entier, mais est-ce que ça tiendra longtemps ?

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Madame Esther

Moi, je fais tout bien, ce n’est pas comme lui !



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18, 9-14

Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres: «Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien et l’autre, publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même: “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes: voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine, et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
«Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: “Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis!” Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève, sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé.»


Madame Esther, quand je lis les Évangiles, ce que nous ont raconté Marc Matthieu ou Luc, je suis frappé par les querelles qu’il y a sans cesse entre Jésus et des hommes qu’on appelle pharisiens.
Ces pharisiens, vous les avez bien connus. Je serais heureux de savoir qui ils étaient et pourquoi ils attaquent Jésus à tout moment.

Oh, vous avez bien raison, moi aussi je me suis longtemps demandé : Mais pourquoi ne s’entendent-ils pas?

Les pharisiens ne sont pas si mal que cela. J’ai même entendu dire qu’au début ils voyaient Jésus d’un bon œil. Ils l’invitaient volontiers à leur table.

Ils se sentaient donc tout proches, alors pourquoi ça a mal fini ?

Moi, je ne suis pas une fanatique de la religion, mais ces hommes-là, je les admirais. Quelle fidélité à la Loi de Moise ! Des prières tout au long du jour, une rigueur dans les détails, surtout le jour du sabbat.
Par exemple, ce jour-là, je les voyais marcher, et d’un seul coup, stop, pas un pas de plus c’est interdit par la loi.
Pas question non plus d’allumer du feu. Bref ! Des hommes de Dieu, moi, j’étais loin de suivre leur exemple.

Je reviens à ma question : pourquoi ces querelles avec Jésus ?

Vous avez entendu la petite histoire, la parabole que saint Luc vous a rapportée ? Celle du Pharisien et du publicain. Oui, eh bien vous avez tout compris.

Tout ce que dit le pharisien dans le Temple de Jérusalem est admirable :
« Je jeûne deux fois par semaine, je donne le dixième de mes biens aux pauvres »
Ce n’est pas moi qui ferait ça !

Je comprends de moins en moins. Jésus a l’air de dire que tout cela ne sert à rien, que ce n’est pas cela qui plait à Dieu.

J’ai eu du mal à comprendre moi aussi. C’est Ruben, sans s’en rendre compte qui m’a ouvert les yeux.

Un jour, il arrive à la maison : Cousine Esther, Jésus a encore guéri un aveugle ! C’est formidable, dès qu’il voit un malheureux, cela le retourne. Il ne peut pas supporter de voir des personnes démolies ou mises à l’écart. Je l’ai entendu dire : « j’ai pitié de cette foule »

Tu sais à qui il me fait penser ? à mon oncle Zacharie… quand il va dans son jardin, il est ravi de voir son blé, ses raisins, comme c’est beau. Mais cela le rend malade de voir le mildiou détruire sa vigne ou bien le chiendent qui étouffe les bonnes herbes. Tout de suite il saisit sa rasette ou son pulvérisateur pour tout guérir. Je crois l’entendre dire :  j’ai pitié de mon jardin

– Qu’est-ce que cela à voir avec la parabole de Jésus, du pharisien et du publicain ?

Regardez ce qu’il dit du publicain. C’est un percepteur, un qui ramasse les impôts.
Mal vu, méprisé, un peu voleur sur les bords. Mais il ne se sent pas bien. Et, là, tout au fond du temple derrière un pilier, il dit à Dieu, prends pitié de moi, j’ai besoin de toi, je suis comme une vigne gangrénée par le mildiou, envoie-moi un peu de bouillie bordelaise, sinon je ne m’en sortirai pas.
Celui-là, dit Jésus, je bondis pour le sauver, pour le remettre à flot. Dieu le Père, se réjouit, il peut enfin retaper une plante malade, un homme qui tombait en ruine. Dieu mon Père a pitié de tous qui sont en mauvais état et qui en souffrent.

Et le pharisien ?

Lui, il se sent trop bien : « J’observe la Loi parfaitement. Dieu m’ a donné la Loi au temps de Moïse, je l’observe au pied de la lettre, tout va bien. »

Au fond qu’est-ce qu’il dit à Dieu dans sa prière ? « Tu es bien gentil, mais je n’ai pas besoin de toi, je m’en sortirai tout seul. Je comprends que tu te décarcasses pour ces pauvres types qui crient vers toi, mais ne perds pas ton temps avec moi »

Merci, madame Esther, maintenant je comprends mieux pourquoi ces pharisiens ricanent quand Jésus vient au secours de tous les malheureux.

Vous savez, madame Esther, Les pharisiens, ça existe toujours. Il n’y a pas longtemps j’ai surpris une dame qui regardait de haut avec un sourire supérieur une pauvre femme qui brûlait un cierge à sainte Rita.
Il me semble que Jésus a dit un jour : « je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades » ça résume tout.

Vous avez raison. J’ai fait une tournée dernièrement dans votre région et je me suis rendu compte qu’il y avait pas mal de pharisiens modernes parfaits et méprisants envers les petits et les faibles. Mais j’ai aussi vu ceux qui ressemblent à l’oncle Zacharie, sans arrêt avec leur rasette à la main pour aider les malheureux, pour nettoyer le jardin, mettre de l’engrais aux salades, pardon, j’aurais dû dire, des personnes comme Jésus avec un cœur compatissant qui volent au secours de ceux qui crient et n’en peuvent plus.

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Madame Esther

Courage, relevez-vous !



Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 21, 5-19

CERTAINS DISCIPLES DE JÉSUS parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela va se réaliser ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom en disant : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche”. Ne marchez pas derrière eux! Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre, et çà et là des épidémies de peste et des famines ; des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel.
« Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et on vous persécutera; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom.
« Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage. Mettez- vous dans la tête que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense. Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »


Luc vous a raconté ce que Jésus a dit ce jour-là ?

J’étais assise sur un rocher avec Suzanna ma voisine, la pauvre tremblait de tous ses membres quand Jésus a commencé à parler.

D’ici, vous voyez le Temple, comme il est magnifique, et bien, je vous dis : des jours viendront où il ne restera pas pierre sur pierre.

Il a continué : des guerres, des désordres, des tremblements de terre, des famines, des épidémies, de grands signes dans le ciel

Suzanna est très sensible, elle s’est mise à trembler quand il a dit : on vous persécutera, on vous fera comparaître devant des rois, vous serez livrés par vos parents, vos amis. 

Vous savez que j’ai déjà vécu longtemps et j’en ai vu des catastrophes et des guerres depuis des siècles, à commencer par la destruction de notre Temple de Jérusalem en l’an 70, mais je l’avoue, j’ai regretté d’avoir amené Suzanna pour écouter Jésus.

D’habitude, ses paroles nous remplissent de joie. Il nous parle de Dieu comme d’un Père, il nous dit de nous aimer les uns les autres. Ce jour-là, il nous a terrifiées.

Moi, J’étais confuse, surtout quand Suzanna m’a dit : Esther, ton prophète, Jésus, il n’est pas mieux que les autres !

Quels autres ?

Ben, les autres prophètes qui parcourent le pays en menaçant : changez de vie, le ciel va vous tomber sur la terre… Ou bien, sortez de chez vous, venez avec moi, je suis le Messie, nous allons nous battre contre les Romains. Ils cherchent tous à nous faire peur.

Ça m’a tracassé toute la nuit.
Je me disais : Ce n’est pas possible ! Jésus n’est pas comme eux, il veut le bonheur de tous les enfants de Dieu.
C’est au matin que j’ai compris. J’avais oublié la fin de son discours.

Devant les rois qui vous persécutent, vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. Pas un cheveu de vote tête ne sera perdu, c’est par votre persévérance que vous garderez votre vie

Voilà. Maintenant, c’est clair. Jésus est réaliste, il sait qu’il y aura toujours des guerres, des méchancetés, les hommes sont méchants. Mais lui, il ajoute toujours : N’ayez pas peur, le mal n‘est pas le plus fort.

Réaliste mais pas fataliste. Les autres disent, rien à faire ! Lui il dit : courage, relevez-vous !

Je suis allée revoir Suzanna :
Ne me dis pas : rien à faire, je suis paralysé pour toute ma vie. On ne peut pas lutter contre le mal.

Confiance, n’aies pas peur. Tu peux surmonter ton mal, tu sais quel est un des grands mots de Jésus ? Lève-toi et marche.  Ne te laisse pas écraser, marche.

Maintenant que je vous ai raconté ce que j’ai vécu ce jour-là, moi, Esther, je vous dis aujourd’hui, ne vous laissez pas écraser, levez-vous !

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Madame Esther

Conte de Noël : Les visiteurs de Mr Jeremias



Mr Jeremias est un homme bien.
Quand il passe dans la rue tout le monde s’incline.
Son auberge est vaste et confortable.
Ses enfants sont bien élevés dans la saine tradition de nos pères.
Mr Jeremias est très religieux, il va souvent à la synagogue écouter la lecture des prophètes. Il donne pour les pauvres.
Mais aujourd’hui, quelque chose le tracasse, il se lamente, il gémit.

Seigneur, je fais tout ce qui est écrit dans la Loi de notre prophète Moise, je chante les psaumes avec la chorale, je fais ta louange tous les jours, mais, mais, pardonne-moi ce que je voudrais te dire  oh Seigneur.

Je voudrais te rencontrer, te voir, parler un peu avec toi. Je le mérite bien n’est-ce pas ?
Juste une minute, comme avec un ami.

Soudain une voix tombe du ciel: Tu as raison, Jeremias, tu l’as bien mérité. Patience, demain je viens chez toi.. Prépare-toi à me recevoir.

Quelle joie, quelle faveur, mon Seigneur vous allez venir chez moi ? Quand je vais raconter cela à ma femme et à mes voisins ..

Le lendemain tout est prêt, la maison balayée, nettoyée, des fleurs sur la table, un chevreau mijote dans le four, avec du miel et des dattes toutes fraiches. Jeremias s’est surpassé, tout est prêt.

Tu peux venir oh Seigneur,  ton serviteur t’attend.

Oh merveille, il frappe à la porte, c’est lui ? Non, qui c’est ? Une espèce de journalier avec ses mains rugueuses, qu’est-ce qu’il veut ?

Ah, c’est embêtant, excusez-moi, brave homme mais j’attends une visite importante, revenez demain matin, s’il vous plait.

C’est vrai, Moise nous dit qu’il faut aider les pauvres, mais aujourd’hui, je ne peux quand même pas faire affront à Dieu, lui dire, « un instant , je donne un bout de pain à ce vieux et je suis à toi. »
Oui, j’ai bien fait de le mettre dehors.

Bon, qui frappe encore à la porte?  Une femme, belle, mais elle a l’air fatiguée.
Elle me supplie : Laissez moi me reposer un moment dans votre belle maison.

– Justement, madame, ma maison, je viens de l’astiquer pour une visite importante, vous savez ce que c’est quand on entre avec des chaussures toutes sales.
Je ne vous mets pas dehors, pardonnez-moi, mais vous me comprenez, si Dieu remarque vos traces de pas, qu’est-ce qu’il va penser de moi ?

Que je le reçois comme un malpropre ?
Allez plutôt chez le voisin, il y aura peut-être de la place pour vous.

Les heures passent, le jour avance, le soir tombe, rien, rien, pas de visite de Dieu.
Mais qu’est-ce qu’il fait ? il m’avait promis, ah si on ne peut même plus se fier aux promesses de Dieu. C’est tout comme les politiques avec leurs promesses.

La nuit est tombée, les bougies sont allumées.  Jeremias, vexé, bougon, grogne, peste, murmure.

Tout à coup, un courant d’air, Jeremias se retourne.
Qui va là ?

Ne crains pas, Jeremias, c’est moi ton Dieu, je suis là.

Ah il était temps, je commençais à me dire..

 A te dire quoi ? que je ne ne suis pas venu. ? mais mon bon Jeremias, ouvre les yeux, je suis venu, oui, je suis venu, mais tu ne m’as pas reconnu; lui, Joseph venu de Nazareth,  en  recherche d’une auberge pour Jésus qui allait naitre; et la femme,  sais-tu qui elle est ? Marie,  que tu as renvoyée malgré sa fatigue.  Tu sais où elle a abouti, par ta faute ? Dans une étable, c’est là qu’est venu son fils Jésus.
Eux, le bœuf et l’âne l’ont bien accueilli.

Ah, Seigneur, si j’avais su ! Dans une étable ? ce n’est pas possible ! Comment j’ai pu faire ça ?

 Eh oui, Jeremias ! Change tes yeux. Moi, Dieu je ne suis pas comme tu penses. Je ne réclame pas des palais ni de beaux habits. Si tu veux me voir, viens chez les plus petits, c’est là que je veux être.

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Madame Esther

Tenez-vous prêts !



Remarque : ce conte fait référence à 2 Évangiles et fait référence aussi au temps de l’Avent
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 24, 37-44
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 13, 33-37

Bonjour, c’est toujours moi, Madame Esther.

Je vous ai souvent parlé de Jésus, moi qui suis juive. C’est que je suis très impressionnée par tout ce qu’il a fait, et ce qu’il a dit… Et je trouve que ses paroles sont toujours d’actualité.
Vous ne me croyez pas ? Tenez, je vous raconte les dernières paroles que j’ai entendues. Je crois que Matthieu les a notées aussi.

Jésus rappelait l’histoire de Noé avec le déluge. Une inondation terrible comme celles que vous connaissez encore aujourd’hui. Oui, un déluge, c’est terrible ! Mais pour Jésus, il y a quelque chose de plus grave, vous avez entendu ?

« Avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui a tout engloutis. »

Donc, l’insouciance des gens ! Est-ce que ce n’est pas encore vrai ?
Je ne sais plus qui disait : Metro, boulot, dodo.
Une vie sans horizons, on consomme, on s’amuse, on rigole.

Je m’excuse de dire ça, mais pendant ma longue vie j’en ai vu des milliers de personnes, des inconscients qui s’empiffrent sans prendre conscience des foules d’enfants qui souffrent, qui ont faim tout près d’eux. Un beau jour, ils se réveilleront stupéfaits et paniqués, mais trop tard.

L’autre jour, un gros monsieur me disait : vous vous rendez compte, si tous ces migrants nous tombent dessus, qu’est-ce qui va se passer ? Ça va être comme une inondation.

Je lui ai répondu :  vous avez raison, si vous continuez à faire bombance sans essayer de les aider, un beau jour vous l’aurez le déluge.
Entendez les paroles de Jésus « Tenez-vous prêts, c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de L’homme viendra ».
C’est bien cela, l’insouciance, je devrais dire l’inconscience. On ferme les yeux sur ce qui se passe et un beau jour, c’est la catastrophe.

Il y a des personnes qui ressemblent au gros chat de ma tante qui passe tout son temps à ronronner sur son coussin. Quelle belle vie, mais gare au jour où les rats vont envahir la maison !

Vous avez un pape, je crois qu’il s’appelle François. Je l’aime bien. Et il dit les choses sans langue de bois.
Aux milliers de jeunes qui l’écoutaient en Pologne, Il n’a pas mâché ses mots : « Ne confondez pas le bonheur avec le canapé. »

J’ai compris ce qu’il veut dire : Tenez-vous prêt. Ne pensez pas uniquement à votre bonheur matériel, ni même à votre situation financière à vous, ou pire à vos plaisirs égoïstes.

Il y a des choses plus importantes dans la vie. Vous, qui êtes jeunes, ne vous attardez pas sur vos jeux vidéo, dans votre canapé, il y a un tas d’aventures qui vous attendent. Mais de belles aventures qui rempliront votre cœur de joie et de fierté.

Permettez-moi un conseil :
J’ai entendu dire que c’est le temps de l’Avent, une préparation à votre belle fête de Noël. Donc, « Tenez-vous prêts » voyez ce que vous pouvez faire, là où vous êtes, pour donner un peu de vrai bonheur à ceux qui sont désespérés.

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Madame Esther

Les Dix Lépreux et le gamin


Pour écouter :


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 17,11-19.

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre.
Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent: « Jésus, maître, prends pitié de nous.»
À cette vue, Jésus leur dit: « Allez vous montrer aux prêtres.»
En cours de route, ils furent purifiés.

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Alors Jésus prit la parole en disant: « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés? Les neuf autres, où sont-ils? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu!»
Jésus lui dit: « Relève-toi et va: ta foi t’a sauvé. »


Madame Esther, vous avez bien connu ce qui se passait au temps de Jésus, n‘est-ce pas ?

J’imagine que ça a dû grincer dans la foule quand Jésus a dit : « Il n’y a eu qu’un étranger pour rendre gloire à Dieu »

Et tous les bons Juifs qui écoutaient ont dû être furieux. Et vous, vous qui êtes une bonne Juive, qu’est-ce que vous avez pensé ?

Ah, ne m’en parlez pas. Déjà quand un Samaritain passe par ici, pas question de lui parler ou de lui donner un verre d’eau. Des hérétiques, des mécréants, des faux croyants. C’est ce qu’on leur dit.

Imaginez un peu la stupeur qui nous a saisis.

D’abord, on a applaudi, moi aussi ! Des lépreux, dix lépreux,  qui sont guéris c’est à ne pas y croire.
Ce Jésus, quel homme !  Vive Jésus, vive le prophète !

Mais tout à coup un gamin a crié : « le dixième, c’est un samaritain, oui, je vous le jure je l’ai reconnu ».

D’un seul coup, changement, retournement. Vous savez comme la foule est… Comment dit-on ? Versatile.

De quoi, de quoi, un samaritain ? Il a guéri un samaritain ? Dieu n’a pas envoyé un prophète pour ces gens-là !

Le comble, c’est quand Jésus a pris la parole :

« Vous voyez, ces 9 bons Juifs, ces hommes qui font partie du peuple de Dieu, où sont-ils ? Ils sont partis en courant à Jérusalem pour avoir un certificat de guérison, mais pas un n’a pensé dire merci à Dieu. Non, ils ne pensaient qu’à eux, à leur papier, pas à Dieu ! »

Et ce mécréant de Samaritain, lui, il est revenu ; il a dit merci. Il aurait pu courir lui aussi trouver les donneurs de papier, il a préféré rencontrer Dieu, le donneur de la Vie.

Moi, Esther, je me suis dit : Jésus, il aurait mieux fait de se taire, il s’est encore mis à dos les responsables. Pire, un tas de Juifs qui le suivaient jusqu’ici ont commencé par se retirer sur la pointe des pieds.

Ils murmuraient entre leurs dents : « Prétendre qu’un étranger vaut mieux que nous, le peuple de Dieu, lui dire, ta foi t’a sauvé ! C’est insensé. »

Avec Ruben, mon cousin, on a réfléchi.

Jésus n’est pas contre la religion de nos ancêtres, mais il nous rappelle que c’est une affaire de cœur plus que de papiers ou de règlements.

J’ai beau faire partie du peuple de Dieu, comme nous disons… J’ai beau respecter les lois que Moise nous a donné.

Si je n’ai pas la charité ça ne sert à rien

Au fond, j’aime mieux ça… On m’a trop souvent dit que Dieu était comme un douanier, toujours à vérifier si mes papiers sont en règle, mais Jésus me montre que Dieu est un Dieu qui aime ses enfants, qui prend pitié d’eux quand ils sont malades.

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Madame Esther

Croire ou ne pas croire : Telle est la question !


Pour écouter :


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (17, 5-10)

Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer” ; il vous obéirait.
« Lequel d’entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite à table” ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour.” Sera-t- il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres? De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : “Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir.” »


Vous avez entendu ce que les disciples ont demandé à Jésus: « augmente en nous la foi » ?

J’étais là ce jour-là, moi, Esther. À côté de moi, Ruben, mon cousin, était baba.

Il me dit : comme c’est beau, eux aussi, ses disciples, ils voudraient avoir la foi, guérir les malades, leur dire sans hésiter : lève-toi et marche. Ah la foi, c’est formidable…

Bah, Ruben, tu t’emballes toujours. Es-tu sur que les disciples veulent avoir la foi uniquement pour guérir les malheureux ? Ce ne serait pas pour en mettre plein la vue à la foule ? Pour être applaudis : voyez comme ils ont la foi, ils font des choses extraordinaires, il leur suffit d’un mot pour ouvrir les yeux d’un aveugle.

Jésus, quand il rencontre un aveugle, il ne dit pas : venez voir ce que vous allez voir, cet aveugle, je lui rends la vue, approchez mesdames et messieurs.

Non, c’est tout le contraire, regarde le bien, il est tout remué, plein de compassion.

Tu te souviens quand il est venu dans notre village ? Jésus s’est approché du vieux Siméon, le paralysé, il a écarté tout le monde, j’aurais juré qu’il allait pleurer de voir tant de misère.

Et j’ai compris ce que c’est que d’avoir la foi, ce n’est pas avoir un pouvoir magique comme un sorcier, c’est plutôt un cœur qui donne une force incroyable. Rien, aucune maladie ne peut lui résister, oui, j’appelle ça la foi.

Dans la vie, tu en verras des personnes qui ont une foi extraordinaire. J’ai connu un mari qui avait soigné sa femme pendant des années, sans se plaindre ; quel amour, quelle foi ! Tu crois que c’était pour en mettre plein la vue à ses voisins ?

Ruben a compris, je pense, mais il m’a demandé aussitôt :

« Dis-moi, Esther, qu’est-ce qu’il a voulu dire Jésus avec cette histoire du patron qui revient des champs et qui se met à table ? Tranquillement, il dit à ses serviteurs « vous mangerez après quand j’aurai fini ? » Quel égoïste ! Quel exigeant ! Tu ne trouves pas ?, et ses serviteurs qui paraissent  contents de lui passer les plats sans grogner ! »

Mon pauvre Ruben, as-tu entendu ce que je viens de te dire ? Que veulent les disciples quand ils demandent une foi plus grande ? C’est le pouvoir de faire des merveilles afin qu’on les admire. Ils rêvent d’une chose ; être à la place du maître, assis à table et être servis comme des pachas.

Jésus leur dit : soyez plutôt comme des bons serviteurs.

Un bon serviteur, qu’est-ce que c’est ? C’est celui qui bondit quand on a besoin de lui, il se précipite pour rendre service. Il pense d’abord aux autres. C’est cela la foi : voir les autres avec des yeux nouveaux, sans égoïsme.

Cela, tu le vois tous les jours, dans ta maison : qu’est-ce qu’elle fait ta maman quand tu reviens des champs ? Elle voit que tu as faim, que tu es fatigué.

Et qu’est-ce qu’elle te dit : attends un peu, moi, je n’ai pas encore mangé ? Non, elle se précipite, elle bondit pour te donner une galette.

Eh bien, Jésus dit à ceux qui veulent le suivre : Ayez la foi, pensez d’abord à ceux qui ont besoin de vous, n’hésitez pas, n’attendez pas, mettez-vous à leur service. Soyez de bons serviteurs, c’est de cela qu’on a besoin aujourd’hui.

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Madame Esther

Le juge et la veuve


Pour écouter :


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 18,1-8.

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.”
Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !
Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ?
Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »


Bonjour, c’est moi, Esther, aujourd’hui vous tombez bien. Je vous ai déjà dit que Jésus partait toujours de la vie, pour nous dire comment nous comporter.

Eh bien, c’est exactement ce que j’ai entendu ce matin.

Avec ma copine Elisabeth, on se lamentait en parlant de la vieille Sarah, vous savez la veuve qui se traîne devant le tribunal depuis des années.

Pas de chance de se faire entendre avec le juge, vous le connaissez aussi, lui, ce sont les sous qui l’intéressent. Et Sarah n’est pas intéressante, elle n’a pas un sou pour lui payer des honoraires juteux.

Jésus a dû entendre parler de cette affaire. En deux minutes, plus de cinquante personnes autour de lui quand il a prononcé le mot « juge »

Les uns sourient : qu’est-ce qu’il va leur passer aux juges !
Les autres, ses ennemis tendent l’oreille :  Quelle énormité va-t-il encore sortir ?

Finalement, ceux qui cherchaient la bagarre ont été déçus.

Jésus n’attaque pas le juge.

Oui, dit-il, le juge s’est fait tirer l’oreille, il aurait volontiers envoyé promener la veuve. Mais en fin de compte, il l’écoute et lui rend justice.

C’est qu’il avait quand même un bon cœur, me souffle ma copine, mais non, même pas ; c’est bêtement parce qu’il en a eu marre de voir la veuve à sa porte, de l’entendre gémir et réclamer.
Alors pour avoir la paix, il a sorti le dossier et a réglé le problème tout de suite.

Je viens de vous dire que beaucoup sont partis, assez déçus. Ils attendaient une charge contre les juges, contre les gens de pouvoir, bon, disons-le, ils auraient voulu un vrai Messie révolutionnaire, prêt à tout démolir.

Qu’est-ce qu’il leur a dit à la fin ? Dieu fera justice à ses élus à condition qu’ils ne baissent pas les bras, qu’ils continuent à le supplier, nuit et jour, comme la veuve.

C’est un conseil qui n’a l’air de rien : prier et prier, ne pas perdre confiance.

Au fond, cela demande plus de courage que de pousser des cris de guerre ou d’insulter.

En rentrant à la maison, je trouve mon beau-frère assis sur le banc, la tête sur la table, complètement avachi et découragé. Après la maladie de ma sœur, sa femme, il a commencé par prier, puis il a arrêté, : « à quoi bon »,

Il a cessé d’aller à la synagogue « pourquoi écouter les prophètes ? Ça ne sert à rien »

Puis il a mis le médecin à la porte, il s’est mis à boire, et il est là complètement écroulé.

Ah, je vais lui dire : recommence à prier, je suis sûre que l’espérance reviendra et que tu recommenceras à te battre.

Les derniers mots de Jésus m’ont frappé et je vous les redis à vous qui vivez aujourd’hui : « Le fils de l’homme (c’est lui, Jésus) trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Je vous pose la même question que je me suis posé en ce temps-là : avez-vous la foi, vous qui ne croyez que dans l’argent, dans le plaisir facile, vous qui ne croyez que dans le pouvoir ou la violence, vous qui vous bourrez de drogue, ou tout bêtement comme votre pape l’a dit aux jeunes : « Vous qui confondez le bonheur avec le canapé » ?