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Madame Esther

Croire ou ne pas croire : Telle est la question !


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Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (17, 5-10)

Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer” ; il vous obéirait.
« Lequel d’entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite à table” ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour.” Sera-t- il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres? De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : “Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir.” »


Vous avez entendu ce que les disciples ont demandé à Jésus: « augmente en nous la foi » ?

J’étais là ce jour-là, moi, Esther. À côté de moi, Ruben, mon cousin, était baba.

Il me dit : comme c’est beau, eux aussi, ses disciples, ils voudraient avoir la foi, guérir les malades, leur dire sans hésiter : lève-toi et marche. Ah la foi, c’est formidable…

Bah, Ruben, tu t’emballes toujours. Es-tu sur que les disciples veulent avoir la foi uniquement pour guérir les malheureux ? Ce ne serait pas pour en mettre plein la vue à la foule ? Pour être applaudis : voyez comme ils ont la foi, ils font des choses extraordinaires, il leur suffit d’un mot pour ouvrir les yeux d’un aveugle.

Jésus, quand il rencontre un aveugle, il ne dit pas : venez voir ce que vous allez voir, cet aveugle, je lui rends la vue, approchez mesdames et messieurs.

Non, c’est tout le contraire, regarde le bien, il est tout remué, plein de compassion.

Tu te souviens quand il est venu dans notre village ? Jésus s’est approché du vieux Siméon, le paralysé, il a écarté tout le monde, j’aurais juré qu’il allait pleurer de voir tant de misère.

Et j’ai compris ce que c’est que d’avoir la foi, ce n’est pas avoir un pouvoir magique comme un sorcier, c’est plutôt un cœur qui donne une force incroyable. Rien, aucune maladie ne peut lui résister, oui, j’appelle ça la foi.

Dans la vie, tu en verras des personnes qui ont une foi extraordinaire. J’ai connu un mari qui avait soigné sa femme pendant des années, sans se plaindre ; quel amour, quelle foi ! Tu crois que c’était pour en mettre plein la vue à ses voisins ?

Ruben a compris, je pense, mais il m’a demandé aussitôt :

« Dis-moi, Esther, qu’est-ce qu’il a voulu dire Jésus avec cette histoire du patron qui revient des champs et qui se met à table ? Tranquillement, il dit à ses serviteurs « vous mangerez après quand j’aurai fini ? » Quel égoïste ! Quel exigeant ! Tu ne trouves pas ?, et ses serviteurs qui paraissent  contents de lui passer les plats sans grogner ! »

Mon pauvre Ruben, as-tu entendu ce que je viens de te dire ? Que veulent les disciples quand ils demandent une foi plus grande ? C’est le pouvoir de faire des merveilles afin qu’on les admire. Ils rêvent d’une chose ; être à la place du maître, assis à table et être servis comme des pachas.

Jésus leur dit : soyez plutôt comme des bons serviteurs.

Un bon serviteur, qu’est-ce que c’est ? C’est celui qui bondit quand on a besoin de lui, il se précipite pour rendre service. Il pense d’abord aux autres. C’est cela la foi : voir les autres avec des yeux nouveaux, sans égoïsme.

Cela, tu le vois tous les jours, dans ta maison : qu’est-ce qu’elle fait ta maman quand tu reviens des champs ? Elle voit que tu as faim, que tu es fatigué.

Et qu’est-ce qu’elle te dit : attends un peu, moi, je n’ai pas encore mangé ? Non, elle se précipite, elle bondit pour te donner une galette.

Eh bien, Jésus dit à ceux qui veulent le suivre : Ayez la foi, pensez d’abord à ceux qui ont besoin de vous, n’hésitez pas, n’attendez pas, mettez-vous à leur service. Soyez de bons serviteurs, c’est de cela qu’on a besoin aujourd’hui.