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Madame Esther

Un percepteur sur un arbre perché !


Pour écouter :


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 19,1-10.

Jésus traversait la ville de Jéricho. Or, il y avait un homme du nom de Zachée; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n’y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant, et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella: «Zachée, descends vite: aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison.» Vite, il descendit, et il reçut Jésus avec joie.Voyant cela, tous récriminaient: «Il est allé loger chez un pécheur.» Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur: «Voilà, Seigneur: je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus.»
Alors Jésus dit à son sujet: «Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.»


Vous me connaissez bien maintenant, vous savez qui je suis, madame Esther, oui, la femme juive qui a bien connu Pierre et Jacques et leur maître Jésus. Je vous le rappelle parce que je risque de vous choquer.

Oui, vous choquer parce que franchement, j’ai souvent été choquée moi-même.

Jésus a quelquefois des attitudes bizarres, il fréquente n’importe qui, des personnes qu’il aurait mieux fait d’écarter de son chemin.

Pourquoi je vous dis cela ? Tenez, ce qu’il a fait à Jéricho, le jour où je suis allée au marché.

Quel monde encore ! Impossible de passer dans la foule. Et voilà qu’un petit bonhomme me bouscule, non mais quel malpoli. En plus, c’est Zachée, je le connais, le percepteur. Vous voyez sa maison, ce n’est pas avec son salaire qu’il a pu se la payer.

Il est chargé de ramasser les impôts, mais il n’a pas perdu son temps le gaillard. Des impôts pour le temple de Jérusalem, bon d’accord, des impôts pour les Romains ça fait de lui un collaborateur de l’ennemi. Et des impôts qui s’égarent discrètement dans sa poche. Non, on ne les aime pas ces gens-là. Vraiment, il n’a rien à faire ici, on dirait qu’il veut voir Jésus.

Tout à coup, mes voisins éclatent de rire ; vous vous rendez compte, ce notable, ce richard, qui grimpe sur un arbre, un sycomore, et qui se tord le cou pour voir Jésus qui passe en dessous.

Qu’est-ce qui lui prend ? Il est trop petit ; c’est pour cela qu’il a grimpé ; c’est ridicule.

Mon cousin Ruben me dit « regarde, Jésus s’arrête, il va passer un de ces sermons à ce voleur, comme les prophètes » tout le monde s’apprête à applaudir.

En fait d’applaudissements, c’est la stupeur ;

Je vous disais que j’ai vraiment été choquée. Écoutez ce qu’il a dit : « Zachée, descends de ton arbre, je vais aller manger chez toi. »

Ruben tombe des nues. Un prophète qui mange chez un pécheur notoire, qui va se souiller avec le déshonneur de notre peuple. Non, cousine Esther, ce n’est pas possible.

Moi, je suis partie, j’en avais vu assez. J’avais cru en Jésus, je me disais, cet homme-là peut sauver notre peuple, redonner vie à notre religion, mais c’est tout le contraire, c’est comme s’il disait : Zachée, continue à voler, ce n’est pas grave. Paie-moi un bon banquet et je te laisse tranquille.

C’est le soir, à la maison que j’ai un peu changée, à cause de Ruben.

Il m’a raconté ce qui s’est passé. Bien sûr que beaucoup de gens murmuraient, mais tout d’un coup au milieu du repas, c’est ce qu’on m’a dit : Zachée s’est levé, ça été comme un coup de tonnerre, incroyable.

« Les pauvres, je vais les aider, ceux à qui j’ai fait du tort, je vais leur rendre bien plus que ce qu’ils ont perdu »

Le plus incroyable c’est ce que Jésus a ajouté : « Cet homme que vous avez mis au ban de la société, lui que vous avez rejeté, lui aussi est fils d’Abraham »
On s’est tous regardés ahuris.

Qu’est-ce qu’il a voulu dire ?

Tu veux savoir ce que je pense, cousine Esther ? C’est que moi, j’aurais dit à Zachée : tu n’es plus bon à rien, tu n’es qu’un voyou. Et je l’aurais mis à la porte.

Jésus fait le contraire. Il ne résout pas les problèmes par la force, en tapant sur les délinquants, il essaie de les transformer par la douceur, en parlant avec eux. Il leur fait confiance.

« Zachée, je sais qui tu es, je sais ce qu’on dit de toi. Mais il y a encore du bon en toi, mangeons ensemble, je ne te rejette pas.
Tu étais perdu, je te sauve. Je ne te mets pas dehors, viens avec nous. Tu as fait du mal aux autres, tu peux maintenant faire tellement de bien. »

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Madame Esther

Un drôle de gestionnaire


Pour écouter :


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 16,1-13.

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : “Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.” Le gérant se dit en lui-même : “Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.” Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : “Combien dois-tu à mon maître ?” Il répondit : “Cent barils d’huile.” Le gérant lui dit : “Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.” Puis il demanda à un autre : “Et toi, combien dois-tu ?” Il répondit : “Cent sacs de blé.” Le gérant lui dit : “Voici ton reçu, écris 80.” Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »


Le jour où j’ai entendu cette parabole (Évangile de Saint-Luc chapitre 16 Verset 1 – 13), je suis allé retrouver Madame Esther pour lui demander :

Madame Esther, quand Jésus a raconté cette histoire de l’intendant malhonnête, quelle a été votre réaction ? Vous avez dû être choquée une nouvelle fois ?

J’aime bien quand Jésus nous raconte une histoire. Il y a des rabbis qui nous font de beaux discours que personne ne comprend. Lui, il part de la vie de tous les jours.

Mon cousin Ruben raffole de ces comparaisons, sans chercher à comprendre ce qui se cachait derrière ces sortes d’images. Cela m’énerve quelquefois.

– C’est marrant, tu ne trouves pas, Esther ? C’est exactement ce qui s’est passé dans le village d’à côté, tu te souviens ? le jour où Eliezer, le richard s’est fait rouler par son intendant.

-Tu as raison mais tu crois vraiment que Jésus applaudit parce l’intendant a volé son maître ?

– Bon, ne te fâche pas ; j’ai au moins retenu qu’on peut devenir copain d’Abraham avec l’argent malhonnête, comme il dit.

– Ce n’est déjà pas mal. Mais essaie d’aller encore plus loin, plus profond.

Voilà des semaines que tu applaudis Jésus, tu t’emballes, « C’est lui le Messie, ! je vais aller avec lui « et qu’est-ce que tu as fait ? rien, tu restes collé à ta barque et à tes poissons. Tu cries : je m’en vais avec lui comme Pierre ou André et tu n’arrives pas à te décider.

Ruben, je me demande si Jésus ne parlait pas pour toi :  regarde l’intendant, c’est un malhonnête mais lui, il a su se décider, il a bondi. Qu’est-ce que tu attends pour bondir aussi ?  Toi, Ruben, tu es un brave cousin, mais tu es trop mou.

Comment on appelle cela : Un velléitaire, on ne peut pas compter sur toi. Tu aimerais faire comme Pierre, mais…? tu voudrais faire de belles choses toi aussi, mais…, il y a toujours un mais…

Mon cher cousin, pardonne-moi ; je ne voulais pas te faire de la peine. tu n’es pas le seul à agir ainsi.

Quand il s’agit de leurs intérêts, de leurs sous, il y a des foules de gens qui bondissent sans hésiter. Exactement comme l’intendant qui est retombé sur ses pieds à toute vitesse.  Tu en connais aussi qui applaudissent les restos du cœur ou le Secours Catholique, mais pas question de bondir pour aller les rejoindre.

Voilà ce que je lui ai dit ce jour-là à Ruben, mon cousin ; j’ai été dure avec lui.

Pourtant, quand il a été parti, je me suis posé une question : « Et toi, Esther, es-tu capable de bondir quand il le faut ? »

J’ai ruminé aussi un vieux dicton que vous répétez vous les français : l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Vous feriez bien d’écouter ce que votre pape François disait aux jeunes : « il y a une paralysie qui nait lorsqu’on confond le bonheur avec un canapé »

Il a ajouté, « nous ne sommes pas venus au monde pour végéter ; le temps qu’aujourd’hui nous vivons n’a pas besoin de jeunes-canapés, mais de jeunes avec des chaussures, mieux encore, chaussant des crampons »

Voilà ce que j’ai retenu de la parabole que Jésus venait de nous raconter.

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Madame Esther

Le dernier sourire




Se rapporte à l’Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 18, 1 – 19, 42

Si vous saviez, comme ça été dur ce vendredi-là.

C’est comme si j’avais reçu un coup de matraque sans m’y attendre.

Un peu à la fois, à force d’entendre Jésus, de voir tout ce qu’il faisait pour les pauvres gens, je me disais :

Le monde va changer, nous allons vivre heureux, comme des frères et sœurs, plus de guerres, plus de méchancetés, nos enfants vont être heureux.

Ce soir-là, tout était fini, ils l’avaient pendu sur une croix, comme le pire des voyous. Et ils se moquaient de lui, je les ai entendus :

« Tu te croyais fils de Dieu, plus grand que Moise, tu envoyais promener nos lois, sous prétexte qu’il fallait guérir les malades et même le jour du sabbat. Maintenant, descends de ta croix. »

Horrible ! un étalage de bassesse et de méchanceté. Une fois de plus, le mal était encore plus fort que le bien, la mort plus forte que la vie. Rien à faire, les bons seront toujours battus par les méchants.

J’ai demandé à Marc, vous savez celui qui a écrit plus tard la vie de Jésus : « Marc toi qui es juif, c’est vrai que celui qui meurt sur une croix, c’est qu’il est puni par Dieu ? »

Voici ce qu’il m’a répondu :

« Ne le sais-tu pas ? Tous les prophètes font des guérisons, comme Jésus, mais un vrai prophète, je dis bien, un vrai prophète, est toujours persécuté, mis à mort !

Pourquoi ?

Parce qu’il a l’audace de dire tout haut : vous n’êtes que des hypocrites, vous vous croyez justes, conformes à Dieu, mais c’est faux.  Dieu vous dit d’aimer les autres, et vous, vous les écrasez. Jésus est un vrai prophète, c’est pour cela qu’il a été pourchassé et mis à mort. »

Ensuite j’ai parlé à Luc, lui aussi, il a écrit la vie de Jésus.

Luc n’est pas juif et il m’a dit :
« Esther, c’est la même chose avec mes compatriotes, les grecs, ils se moquent de moi aussi : Écoute ce qu’ils me disent :

Pauvre Luc, ton Jésus, il n’est rien du tout. Tu as vu comme il est mort, incapable de se défendre. Nos grands hommes à nous, Alexandre, Héraclès, ils meurent dans la gloire, ils font des exploits. Mais lui, entre deux délinquants et sur la croix des esclaves. Laisse-moi rire. »

Même moi, Luc, au début, je n’osais pas répondre. C’est vrai qu’on ne voyait au premier abord qu’un échec complet.

Mais je me suis informé, je me suis rendu compte qu’au milieu de la misère on pouvait découvrir la grandeur. Le plus grand ce n’était pas Pilate le gouverneur romain, mais cet homme crucifié sur une croix. 

Esther, as-tu lu ce que j’ai raconté dans mon livre ?

Sur la croix il y avait deux larrons à côté de Jésus, l’un se moquait mais l’autre a bien vu clair, il s’est tourné vers le premier voyou et lui a dit :

Pour nous, c’est juste, nous l’avons mérité, mais lui, Jésus, il n’a rien fait de mal

Et il a même ajouté : Souviens-toi de moi quand tu seras dans ton paradis.

Esther, tu étais comme paralysée de douleur, mais as-tu entendu le cri du capitaine, celui qui venait de mettre Jésus à mort d’un coup de lance ? Surement, cet homme était un juste !  

Trop souvent on s’extasie devant les grands hommes, Jules César, Napoléon, Staline.

Mais moi, Luc, je préfère donner ma confiance à quelqu’un qui a été capable d’aimer jusqu’au bout, plutôt qu’à ces soi-disant grands hommes qui ont fait massacrer des milliers de gens.

En entendant Luc, moi Esther, une femme du peuple, j’ai senti comme une bouffée de joie dans mon cœur. Pas pour moi, mais pour mes enfants. Oui, c’est Jésus qui avait raison. Ce qu’il avait fait c’est cela qu’il fallait faire.
Bien sûr, Il y aura toujours des hommes qui trahiront comme Judas pour une poignée de sous, des hommes comme Pilate qui condamneront des innocents, mais ce qui compte, ce sont toutes les personnes, sincères, droites comme ce bandit sur la croix ou comme le soldat romain qui s’écrient

Tu as raison, Jésus, C’est en toi que nous croyons, c’est avec toi que nous marchons, pas avec Pilate, pas avec l’argent de Judas

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Madame Esther

Le petit vendeur de pains


Pour écouter :


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, 1-15

Jésus était passé de l’autre côté du lac de Tibériade (appelé aussi mer de Galilée). Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait en guérissant les malades. Jésus gagna la montagne, et là, il s’assit avec ses disciples.
C’était un peu avant la Pâque, qui est la grande fête des Juifs. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car lui-même savait bien ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain. »
Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Jésus dit : « Faites-les asseoir. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
Alors Jésus prit les pains, et, après avoir rendu grâce, les leur distribua; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu. » Ils les ramassèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restaient des cinq pains d’orge après le repas.
À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le grand Prophète, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira, tout seul, dans la montagne.


Esther : Vous ne connaissez pas Jonathan vous savez le jeune garçon qui vend des pains sur la route ?

Un garçon courageux, écoutez ce qu’il me disait, il y a huit jours

Jonathan :  Madame Esther, vous, je vous aime bien mais les copains ne sont pas toujours gentils. Ils se moquent de moi : dis-nous combien tu as vendu de tes pains moisis ?
Ou bien ils me disent : ta maman elle ne t’aime pas, elle ferait mieux de t’acheter des sandales avec des semelles sans trous.

C’est pas vrai, ma maman elle va m’en acheter dès qu’elle pourra, parce qu’elle a bien du mal surtout depuis que mon papa est mort.

C’est pour ça que je vais vendre les galettes que ma maman a faites ce matin. Et puis monsieur André va me donner des petits poissons pour les vendre

Ah si tout le monde était comme monsieur André, c’est un pécheur du lac, lui, il ne me méprise pas, au contraire.

Depuis quelques mois il est encore plus bon je ne sais pas pourquoi ?

Esther : Ce matin je te trouve tout souriant, rayonnant. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Jonathan :   C’est monsieur André. Hier il m’a dit : « Jonathan, viens dans les collines, tu verras, il va venir un monde fou. Tu pourras faire de bonnes affaires ?

Esther :  Et alors, tu as bien vendu ?

Jonathan   Et bien, madame Esther, si vous aviez vu. Des gens il en venait de partout, de Jéricho, de Bethanie, de Hebron. Comme elle va être contente ma maman avec tout ce que je vais vendre.

Monsieur André, est-ce que je peux commencer ?

Chut, attends un peu, écoute ce que dit Jésus.

Ce monsieur Jésus, il était là au milieu et tout le monde l’écoutait. C’est beau ce qu’il disait, il y avait là tant de pauvres gens, jamais on ne leur avait parlé comme ça. Moi je ne comprenais pas tout et puis ma corbeille était toujours pleine.

C’est seulement vers le soir que j’ai repris espoir.

Monsieur Jésus a arrêté de parler et il a dit à ses amis : « il se fait tard et j’ai pitié de cette foule qui n’a rien à manger »

Un grand costaud, il s’appelle Pierre qu’on m’a dit, a répondu : Tu as raison, il faut les renvoyer tout de suite, ils ont le temps d’aller dans les villages pour acheter ce qu’il leur faut.

A ce moment, je me suis écarté quand j’ai vu comment le Pierre s’est fait rabrouer. « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » C’était sec.

Monsieur André, lui, il a essayé de ramener la paix « Regarde Seigneur – il l’appelait Seigneur d’une voix douce et pleine de respect – Seigneur, il y a ici un jeune garçon, il a quelques pains et des poissons »

Vous avez compris, c’était moi.

Les autres se sont mis à rire : Qu’est-ce que tu veux faire avec sept poissons pour une foule pareille ?

Après je ne sais plus bien ce qui s’est passé. J’ai donné ma corbeille de pain tout en me disant : « ma maman elle ne va pas être contente ».

J’étais comme perdu, j’ai entendu un remue-ménage, des cris de joie et monsieur André qui m’appelle :

« Jonathan viens donc nous donner un coup de main. Prends une corbeille, tu vas aller distribuer à manger au groupe qui est là-bas, près du rocher. »

Jésus nous a dit de les faire asseoir par paquets, je pense que c’est un bon moyen pour éviter les resquilleurs et surtout pour n’oublier personne »

Au fond, j’étais fier, les gens me souriaient, ils me disaient : « merci, mon petit Jonathan, ou bien : tu n’aurais pas encore un petit morceau pour grand-mère ? »

Vous vous rendez compte, me demander ça à moi ?

Après, et bien après, il en restait une bonne quantité.

Monsieur André me dit : Jonathan, pourquoi tu n’emporterais pas trois ou quatre corbeilles pour ta maman et tes petits frères ?

Et pour ma petite sœur aussi ?

Mais bien sûr !

Monsieur André, pourquoi il fait tout ça, monsieur Jésus ? C’est pour devenir leur chef ?

Mais Jonathan, ne dis pas de bêtises. Tu n’as pas entendu ce qu’il a dit :

Venez à moi, vous qui souffrez, mon Père souffre de voir tant de ses enfants qui sont malheureux, des aveugles, des boiteux, des méprisés.

Il a dit aussi, tu l’as peut-être entendu : J’ai pitié de cette foule

Et vous, Madame Esther, qu’est-ce que vous en pensez ? C’est vrai ce qu’il dit ?

Esther : C’est tellement vrai et tellement important que nous devons tous faire pareil avoir pitié de ceux qui sont trop écrasés par la vie, leur venir en aide

Jonathan : Chic alors. Peut-être que quelqu’un va me donner une paire de sandales, sans trous !

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Madame Esther

Prendre sa croix derrière Jésus


Pour écouter :


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 14,25-33.

En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !” Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »


Bonjour madame Esther, vous étiez là ce jour-là ? Et qu’est-ce que vous avez pensé du discours un peu radical de Jésus ?

C’était la première fois que je le rencontrais, ça a été un choc.

J’étais sortie pour acheter un peu d’huile, j’entends un remue-ménage, un bruit de foule, et là, au milieu un homme qui parlait. Belle prestance, une voix forte, je m’approche, qui c’est celui-là, je demande à Ruben mon cousin.  Chut, tais-toi, c’est le prophète.

Le prophète ? Quel prophète ?

Jésus, celui qui vient de Nazareth. Un homme extraordinaire ; tu entends comme il parle ? Le vieux Ezéquiel qui va à la synagogue tous les samedis m’a dit : fais attention, Ruben, c’est certainement le Messie qui arrive.

Il parle comme les prophètes d’autrefois, comme Isaïe, Amos ou Jérémie. C’est clair, Dieu a pitié de nous.

Le Messie va nous délivrer, il va chasser les Romains comme le roi David.

Moi, Esther, je m’approche encore. Un Messie qui va me donner du pain tous les jours, j’en veux bien. Je marche avec lui.

Et bien pour une première rencontre ça a été la douche froide !

Qu’est-ce qu’il dit ?

« si quelqu’un vient à moi sans quitter son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple »

Vous vous rendez compte ? Mon papa, ma maman, mes frères et sœurs, je les aime bien. Bon, je m’en vais, j’en ai entendu assez.

Ruben, ton Ezéquiel, tu peux le garder pour toi.

Mais Ruben me retient par la manche : Non, attends, ce n’est pas fini !

Et qu’est-ce que j’entends alors ?: «  celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite, ne peut être mon disciple »

« Ne peut être mon disciple » Ça ne me tracasse pas trop, parce que de toutes façons, moi, une femme, je n’ai pas le droit d’être le disciple d’un rabbi, d’un maître.

Mais si c’est un prophète, on comprend ce qu’il veut : s’il veut faire de grandes choses, il a besoin de gens bien décidés, pas des demi-portions. Quand David partait en guerre, il s’entourait de guerriers prêts à tout sacrifier. Ce Jésus parle d’un Royaume de Dieu qu’il va mettre en place, il n’a pas besoin de froussards .

Du coup, je reste encore un peu, et Jésus se met à expliquer :

Si tu veux construire une tour, réfléchis bien : combien de sous tu as dans ta poche ? Ne fais pas comme l’oncle Ibrahim qui a commencé une tour pour surveiller sa vigne et a calé au bout d’un mètre de hauteur.

Jésus continue et parle d’un roi qui veut partir en guerre. Tiens, le voilà ce Royaume de Dieu, c’est donc qu’il pense vraiment à se battre ?

Ce roi dit-il, fait le compte de ses soldats.  Holà, son ennemi en a le double. Alors du calme, il vaut peut-être mieux trouver une conciliation.

Oui, voilà qui me paraît déjà plus sensé mais aussitôt, il enchaîne avec des paroles tellement intransigeantes : il faudrait renoncer à tout ce que l’on possède pour le suivre. Alors là, je suis sûre que ça va en refroidir plus d’un et toute cette foule qui le suit, elle va réduire à la vitesse grand V…

Oui, voilà ce que J’ai entendu la première fois ; il y avait de quoi m’embrouiller les neurones, pas vrai ? mais je me suis dit : voyons Esther, ne t’emballe pas. Si cet homme a vraiment envie de nous libérer, cela vaut peut-être la peine de marcher avec lui.

Merci, madame, Esther. Je retiens ce que vous m’avez dit, parce que moi aussi, de temps en temps je suis –comment avez-vous dit  ? – une demi-portion. Je suis croyant mais pas toujours très décidé.

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Madame Esther

Les vendeurs du Temple !



Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2, 13‑25

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.


L’apôtre Jean, devenu l’ancien de la communauté chrétienne était assis au milieu des chrétiens. Tous l’écoutaient avec attention. Sans cesse, il revenait sur le même refrain: « Aimez-vous les uns, les autres »
Un jour, un des plus jeunes osa lui faire une réflexion qui surprit tout le monde :
Jean, tu  nous redis toujours la même chose, aimez-vous, comme Jésus nous a aimés.  Mais dans les souvenirs que tu as déjà mis par écrit, il y a un passage qui me tracasse.

Lequel, mon enfant ?

C’est le jour où Jésus est venu au Temple de Jérusalem. Tu nous racontes que ce jour-là, il a regardé la foule, les marchands, les pèlerins qui venaient de partout, et soudain, ça a été la panique….

C’est bien ce que j’ai vu et que j’ai raconté je m’en souviens encore très bien.  Il a pris des cordes, fait rapidement un fouet et s’est mis à culbuter les tables des changeurs de monnaie, il a jeté dehors les marchands d’animaux. Ceux qui vendaient des bœufs, des moutons pour les sacrifier sur l’autel.
Je vois encore le Maître debout au milieu de ce marché qui envahissait la cour du temple. Comme s’il ne supportait pas les cris, les appels des vendeurs pour attirer le client. Jamais je n’avais vu le Seigneur aussi en colère.

C’est bien ce qui me tracasse. Tu nous dis toujours que le Maître était la bonté même, qu’il demandait comme toi de nous aimer les uns les autres, et maintenant, tu nous dis qu’il s’est mis dans une grande colère ? Je ne comprends pas… Pourquoi ?

Je t’avoue, moi non plus, je n’ai pas compris sur le coup. Pourquoi a-t-il renversé les tables des changeurs de monnaie ?
Ces gens-là rendaient service aux pèlerins. Vous savez sans doute, que dans le temple qui était sacré, il y avait une monnaie spéciale. On n’allait quand même pas utiliser les pièces des étrangers, celles des romains par exemple.
Si Jésus les chasse… Comment vont-ils faire pour se procurer la monnaie qu’ils voulaient offrir à Dieu ?

D’accord, mais ça ne me dit pas pourquoi il s’est tant mis en colère.

Est-ce que tu as bien lu ce que j’ai écrit, ce que Jésus a dit aux marchands ? « Ne faîtes pas de la maison de mon Père une maison de trafic »

Au fond, c’est qu’il ne peut pas supporter les voleurs ???

C’est la première explication qui m’est passée par la tête. C’est vrai que dans le temple de Jérusalem il y avait un trafic terrible.
Les responsables, ceux qu’on appelait les grands prêtres comme Anne ou Caïphe, s’en mettaient plein les poches. Le trésor des offrandes qui aurait du servir pour aider les pauvres, aboutissait dans les palais des grands prêtres.

Il y a donc une explication que nous avons mis du temps à comprendre.
Pour lui, le temple c’était la maison de son Père. Une maison où tous les croyants, petits ou grands, peuvent venir, s’y sentir en paix, parler avec Dieu, regarder les autres comme des frères, puisqu’ils sont dans la même maison, qui est celle d’un père.

Qu’est-ce qu’il voit ? Des gens en prière, heureux d’être là ensemble ?
Non, des chiffonniers qui se battent pour vendre leur marchandise.
Est-ce qu’il entend le chant des psaumes écrits par nos ancêtres ?
Non, plutôt les cris des animaux qu’on égorge sur l’autel des sacrifices.

Donc ce qui le met en colère c’est que la maison de Dieu qui est un Père est devenu le pire des marchés couverts.

Exactement, on a volé Dieu. On a trahi les vieux croyants qui ont bâti cette maison. Pour que tous y viennent parler avec leur Père.
La foule des pèlerins pensent entrer dans la maison de Dieu, et dès qu’ils ont franchi la porte, ils sont plongés dans la maison de l’argent ou du commerce.

Tu sais, Jean, à quoi je pense ?

L’autre jour, j’ai attrapé un bel oiseau. Ma sœur s’est mise en colère. « Tu n’es pas honteux, un si bel oiseau fait pour voler, sa maison c’est le ciel, et toi, tu l’enfermes dans une cage comme s’il était un rat. »

Tu féliciteras ta sœur, car elle pense comme Jésus. L’être humain est fait pour voler, pour regarder vers le ciel, pour parler avec son Père qui est Dieu. Il est fait pour vivre dans la maison de Dieu et bien souvent, nous l’enfermons dans une cage.
Il est fait pour parler, pour communiquer avec Dieu et avec ses frères. Et il ne trouve que des marchands qui ne pensent qu’à leur commerce.

Jean se tait un instant, songeur et triste.

Dans ma longue vie, j’ai rencontré deux sortes de gens qui avaient perdu ou presque perdu leur humanité leur dignité d’être humain.

Ceux qui étaient tellement écrasés par la misère qu’ils ont l’impression de retomber au niveau des animaux ; ils ont tellement faim qu’ils ne pensent plus qu’à une chose : manger. Plus question de dialoguer, de partager avec leurs frères, ni de prier Dieu.

J’espère qu’il y aura toujours des amis de Jésus qui se mettront en colère, pour rendre une parole humaine à tous ces malheureux.

Et puis, il y a ceux qui au contraire sont tellement repus ou bien tellement orgueilleux qu’ils ne pensent qu’à eux. Tout tourne autour d’eux. Comment voulez-vous qu’ils restent humain, qu’ils entrent en relation de confiance avec les autres et encore moins avec Dieu.

J’espère aussi qu’il y aura toujours des croyants qui se mettront en colère et leur diront : sortez de vos égoïsmes, partagez avec vos frères, regardez vers le ciel c’est là qu’est votre vrai bonheur.

Maintenant, je dois vous quitter. Mais je vous redis encore une fois -vous allez dire que je suis un vieillard qui radote – « Aimez-vous les uns les autres comme Dieu vous a aimé »