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Madame Esther

Soyez comme un enfant



Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9, 33-37

Jésus et ses disciples avaient traversé la Galilée et ils arrivaient à Capharnaüm.

Une fois à la maison, Jésus leur demandait : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »

Les disciples se taisaient, car, sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.

S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

Prenant alors un enfant, Jésus le plaça au milieu d’eux, l’embrassa et leur dit :

« Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé »


Le jour du baptême beaucoup de parents choisissent une belle lecture de l’évangile, celle où saint Marc par exemple nous raconte comment des mamans étaient venues présenter leurs petits enfants à Jésus. Ils ont raison, car c’est bien une originalité de la foi chrétienne de donner tant d’importance aux petits et aux enfants.

Alors, faisons un bond en arrière et allons filmer, écouter ce qui s’est passé ce jour-là.

L’enfant Mardochée rentre à la maison en courant:

– maman, je l’ai vu,

– qui ça, tu l’as vu ?

– Jésus, il est passé dans la rue. Avec les copains on a couru, Même que Joshua a dit : attention, ne criez pas, il va nous rembarrer parce qu’on fait trop de bruit. Il va faire comme le rabbin l’autre jour quand il a crié contre nous, allez-vous en galopins, ce n’est pas votre place ici à la synagogue, c’est pour les grandes personnes, quand vous aurez 12 ans, vous pourrez entrer et lire les Écritures, mais en attendant, dehors.

– Il avait bien raison le rabbin, répond la maman, parce que vous êtes des turbulents, vous gênez tout le monde surtout quand on a envie de prier ou de discuter sur ce que les prophètes nous ont dit.

– Et bien, lui, Jésus, il ne nous a pas fait partir. Au contraire, si tu avais vu, maman, comme il nous a parlé. C’est comme si on était les plus importants.

– Qu’est-ce qu’il vous a dit ?

– Ben, dis-le, toi, Jérémie, tu étais tout près de lui. Dis-nous ce qui s’est passé

– Oui, j’ai tout entendu. Il y avait des hommes avec lui, ils avaient l’air renfrogné, jaloux les uns contre les autres. C’est moi le plus grand, non c’est moi. Tu verras, dans son royaume, c ‘est moi que Jésus va choisir en premier. Moi, je rigolais en les entendant : ma parole, les gamins c’est eux. Oui, des gamins qui se bagarrent pour être le chef de la bande.

– A ce moment, Jésus les a regardés, d’un œil sévère.

– Oh, oui, il n’avait pas l’air content du tout. Venez par ici, qu’il leur a dit. Moi j’ai suivi tout doucement en ouvrant les oreilles.

« Si quelqu’un veut être premier, il sera dernier de tous, et serviteur de tous. »

Bang, ça a été comme un coup de bâton sur leurs crânes. Être le dernier pour être le premier, ils n’avaient pas l’air de comprendre.

A ce moment-là ? Jésus m’a vu. Pourtant j’étais bien caché derrière le plus gros…

Je n’étais pas trop rassuré, mais il n’avait pas de méchants yeux.

– Allez Jérémie, raconte-nous ce qu’il a fait.

– il m’a placé au milieu du groupe et il m’a embrassé.

– oh, tu en rajoutes, Jérémie. Un homme comme ça ne va quand même pas embrasser un gamin des rues ! Tu exagères.

– Je te jure que c’est vrai. Après il a dit : « si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux »

– Qu’est-ce que ça veut dire ?

– Attends, moi, je vais t’expliquer. Le royaume des cieux, c’est un royaume pas comme les autres. Pas question d’y entrer si tu te chamailles pour être le premier, si tu te croix plus grand que tout le monde.

– voyons les enfants, dit la maman, vous ne croyez tout de même pas que les plus importants dans un royaume, ce sont les plus petits, les enfants, ça ne s’est jamais vu.

– en tout cas, c’est ce qu’il a dit.

– Mardochée, avoue-le que Jérémie exagère.

– Mais non, maman, je te le dis. Jésus nous a regardés et il a encore dit :

« Celui qui accueille un de ces petits en mon nom, c’est moi qu’il accueille. »

Vous me faîtes bien rire, les enfants, quelle imagination.

Supposez que le roi Hérode nous dise : cet enfant-là dans la rue, c’est la même chose que moi. Si vous y touchez, c’est à moi que vous touchez.

Vous avez du mal comprendre, mes enfants, allez -vous en jouer. Point final.

Un peu à la fois, les gens commencent à se regrouper dans la rue.  Tout le monde se met à discuter.

A ce moment, arrive le vieux Jonathan : « c’est vrai ce que disent les enfants. Il n’y a pas longtemps, j’ai été témoin. Je vais vous raconter. »

J’étais là à écouter. Tout à coup, le cercle des auditeurs s’ouvre : des mamans s’avancent avec des bébés dans leurs bras. Vous savez ce que sont les mamans, elles s’approchent de Jésus et lui demandent : pourrais-tu bénir nos petits enfants ?

Moi, j’étais tout ému. C’était beau mais des disciples se mettent à grogner : Vovons, mesdames, ne faites pas perdre de temps au Maitre, il a autre chose à faire, et puis, il ce n’est pas avec des bébés qu’il va faire son royaume, il a besoin de gens capables, forts, instruits. Allez, écartez-vous.

Croyez-moi, à ce moment, jésus se rend compte de ce qui se passe, qu’est-ce qu’il fait ?

Il se fâche. Oui, il se fâche contre ses disciples. Les pauvres, ils croyaient bien faire, mais ils se font rabrouer.

Ils baissent la tête. Visiblement, ils avaient du mal à comprendre ce royaume où les petits seront les plus grands. Comment voulez-vous qu’ils comprennent, jamais on n’avait entendu de telles paroles : « laissez les petits enfants venir à moi, ne les empêchez pas car le royaume de Dieu est à eux »

Ils en faisaient une tête les disciples qui se croyaient grands, et encore plus les notables de la ville qui écoutaient par derrière. Il fallait les entendre murmurer entre leurs dents :

Ce Jésus est complètement fou. Nous dire que ce sont les enfants, les petits, les ignorants qui vont commander maintenant ? Nous dire qu’il faut tout mettre au service des plus petits. Où allons-nous ? C’est un monde complètement à l’envers.

C’est bien là ce que nous devons comprendre : si nous voulons un monde meilleur, il faut apprendre à mettre les plus petits, les plus pauvres, les plus faibles comme les enfants, au milieu. Tant que les forts, les rusés ne penseront qu’à eux, nous continuerons à courir vers les catastrophes.