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Madame Esther

Tenez-vous prêts !



Remarque : ce conte fait référence à 2 Évangiles et fait référence aussi au temps de l’Avent
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 24, 37-44
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 13, 33-37

Bonjour, c’est toujours moi, Madame Esther.

Je vous ai souvent parlé de Jésus, moi qui suis juive. C’est que je suis très impressionnée par tout ce qu’il a fait, et ce qu’il a dit… Et je trouve que ses paroles sont toujours d’actualité.
Vous ne me croyez pas ? Tenez, je vous raconte les dernières paroles que j’ai entendues. Je crois que Matthieu les a notées aussi.

Jésus rappelait l’histoire de Noé avec le déluge. Une inondation terrible comme celles que vous connaissez encore aujourd’hui. Oui, un déluge, c’est terrible ! Mais pour Jésus, il y a quelque chose de plus grave, vous avez entendu ?

« Avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui a tout engloutis. »

Donc, l’insouciance des gens ! Est-ce que ce n’est pas encore vrai ?
Je ne sais plus qui disait : Metro, boulot, dodo.
Une vie sans horizons, on consomme, on s’amuse, on rigole.

Je m’excuse de dire ça, mais pendant ma longue vie j’en ai vu des milliers de personnes, des inconscients qui s’empiffrent sans prendre conscience des foules d’enfants qui souffrent, qui ont faim tout près d’eux. Un beau jour, ils se réveilleront stupéfaits et paniqués, mais trop tard.

L’autre jour, un gros monsieur me disait : vous vous rendez compte, si tous ces migrants nous tombent dessus, qu’est-ce qui va se passer ? Ça va être comme une inondation.

Je lui ai répondu :  vous avez raison, si vous continuez à faire bombance sans essayer de les aider, un beau jour vous l’aurez le déluge.
Entendez les paroles de Jésus « Tenez-vous prêts, c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de L’homme viendra ».
C’est bien cela, l’insouciance, je devrais dire l’inconscience. On ferme les yeux sur ce qui se passe et un beau jour, c’est la catastrophe.

Il y a des personnes qui ressemblent au gros chat de ma tante qui passe tout son temps à ronronner sur son coussin. Quelle belle vie, mais gare au jour où les rats vont envahir la maison !

Vous avez un pape, je crois qu’il s’appelle François. Je l’aime bien. Et il dit les choses sans langue de bois.
Aux milliers de jeunes qui l’écoutaient en Pologne, Il n’a pas mâché ses mots : « Ne confondez pas le bonheur avec le canapé. »

J’ai compris ce qu’il veut dire : Tenez-vous prêt. Ne pensez pas uniquement à votre bonheur matériel, ni même à votre situation financière à vous, ou pire à vos plaisirs égoïstes.

Il y a des choses plus importantes dans la vie. Vous, qui êtes jeunes, ne vous attardez pas sur vos jeux vidéo, dans votre canapé, il y a un tas d’aventures qui vous attendent. Mais de belles aventures qui rempliront votre cœur de joie et de fierté.

Permettez-moi un conseil :
J’ai entendu dire que c’est le temps de l’Avent, une préparation à votre belle fête de Noël. Donc, « Tenez-vous prêts » voyez ce que vous pouvez faire, là où vous êtes, pour donner un peu de vrai bonheur à ceux qui sont désespérés.

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Mamie Gisèle

Aimer ses Ennemis ? Et quoi encore ?



Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,43-48

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait: «Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.
«Eh bien moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant? Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.»


Je reviens à la charge, Madame Gisèle. Votre Jésus, il est bien bon, mais vraiment, il rêve / aimer ses ennemis, qu’il nous dit, vous vous rendez compte ?

Des ennemis, on ne les aime pas, on s’en méfie, on les tient à l’écart.

– Oui, il a bien dit : « Vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent »

Tu écoutes souvent la radio, Josette. Tu as entendu comme moi qu’on parle de communautarismes.

Qu’est-ce que c’est ? Si tu es portugais, tu vas avec les Portugais, avec eux, ça va marcher. Si tu es rom, ou breton ou ch’ti, tu restes bien au chaud avec ceux de ta race, de ta culture, ceux de ton village. Pas de problème. Chaque communauté à part, on ne s’occupe pas des autres.

Le résultat ? Magnifique ! les Bretons entre eux, ils s’entendent bien, ils chantent en breton, ils se donnent des coups de main entre bretons. Mais les autres communautés ? Je ne les connais pas, je ne les fréquente pas, je m’en méfie, ils ne sont pas comme nous..

Je crois que j’ai compris : aimer son prochain, aimer ceux de sa communauté, c’est encore assez facile, mais aujourd’hui, ça ne suffit pas. Il faut renverser les barrières, apprendre à se connaître par-dessus les murs. Autrement, on aboutit à des ghettos, à des chasses réservées, à des réserves d’Indiens qui se parlent à coups de flèches.

Oui, réfléchis, Aimez ses ennemis, ce n’est certainement pas facile, mais si on ne le fait pas, qu’est-ce qui va arriver ?

Tu as déjà vu en ville des beaux quartiers entourés de grillages. ? Au-dedans, ils sont bien entre eux, ils ne s’occupent pas du bidonville qui grandit là tout près. Tu voudrais une ville où chaque quartier, chaque rue deviendrait un bloc de béton fermé aux autres ? Crois-moi, Josette, apprends à aimer tes ennemis et ça ira mieux.

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Madame Claudia

Le dernier repas


Pour écouter :



Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 26, 26-29

Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit et, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez : ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous,
car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés.
Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père. »



Bonjour. C’est encore moi, Claudia.

J’ai commencé à vous raconter ce que Pierre nous avait dit à Rome. Vous allez me dire, ce sont des souvenirs de vielle femme .. Mais c’est encore bien clair dans mon esprit. D’ailleurs, vous n’avez qu’à relire ce que saint Marc a écrit là-dessus.

Vous voulez que je vous dise ce qui s’est passé quelques jours avant la mort de Jésus? Je vais seulement vous redire ce que Pierre nous a dit :

C’était un jeudi, la veille de sa mort, le repas ce jour-là, nous a marqués profondément. J’étais assis près de Jésus, Jean de l’autre côté.

Au milieu du repas. Jésus a pris du pain. Rien de bizarre, mais écoutez ce qu’il nous a dit:

« Prenez, ceci est mon corps » on s’est regardé ! Qu’est-ce qu’il raconte? Moi, je m’attendais à autre chose plus en rapport avec ce qui se tramait dehors, les menaces, les ennemis qui complotaient pour le faire mourir. Les pharisiens avec leurs airs de supériorité, les grands prêtres Anne et Caïphe avec leur Temple et leurs richesses.

J’aurais préféré qu’il nous dise : cette épée que Pierre a apportée, c’est moi maintenant. Je vais aller les trouver ces gaillards malfaisants, je vais leur montrer que je suis plus fort qu’eux. Tremblez, je suis pour vous I’ épée qui va vous pourfendre, je vais vous régler votre compte, je suis l’I épée de Dieu. La puissance de Dieu, le tonnerre de Dieu comme sur le mont Sinaï.

Je lui aurais dit aussi : Jésus, ouvre les yeux, c’est fini, arrête de nous dire que tu veux être du bon pain, je le sais que tu as aidé les boiteux, les aveugles, que tu as donné du pain aux affamés, à quoi ça a servi tant d’amour ?

Le comble, c’est quand il a ajouté : ce vin que nous répandons, c’est mon sang, qui va être livré. Toujours la même volonté. Laisser les voyous répandre son sang. Descendre aux niveaux des plus faibles, qui ne peuvent pas se défendre. Mais c’est leur sang à ces voyous qu’il faut répandre. Rien à faire avec lui : Donner, Se Donner, Pardonner, nous aimer les uns les autres. Devenir du bon pain pour les autres. II ne renonce pas à son idée : Ce pain que vous mangez et qui se laisse faire, c’est moi, c’est lui qui vous donnera la vie.

Moi, Pierre, sur le coup je n’ai rien compris, je n’étais même pas d’accord avec Lui, mais j’ai remis mon épée dans un coin et je l’ai suivi. Maintenant, je vois que j’ai bien fait de le suivre.

Ici à Rome, je vois mieux qu’il avait raison. Trop de gens se nourrissent avec de l’or, de la force, c’est une nourriture qui n’apporte que violence et injustice. Ils feraient mieux de se nourrir du pain qu’il nous a donné.

Voilà, Claudia, ce que tu peux dire à ceux que tu connais. Qu’ils ne se trompent pas de pain.

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Mamie Gisèle

Une Divine Apparition



Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 17, 1-9

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! »
Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur ! » Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »



Cette fois-ci, Mamie Gisèle, nous sommes en plein rêve, un vrai film de science-fiction, avec des effets spéciaux, genre « Guerre des Étoiles », les épées lumineuses en moins.
Qu’est-ce qu’il raconte votre évangile ?? Jésus transfiguré, ses vêlements plus blancs que la neige et une nuée tout autour ? C’est un conte de fées. Et les apôtres qui en restent baba… Transfiguré, transfiguré, quoi encore ?

– Joseph, qu’est-ce qui s’est passé hier matin chez toi, quand je suis allé t’emprunter ta perceuse ?

Ta petite fille, Lucie, si mignonne dans son berceau, la pauvre comme elle pleurait, comme elle criait ! Et tout d’un coup quand tu t’es penché sur elle, elle t’a fait un sourire extraordinaire.

J’en avais moi-même les larmes aux yeux de la voir si jolie, changée d’un seul coup, transfigurée et toi tu es resté baba comme tu dis… Ça, c’était la vraie Lucie que tu aimes tant.

C’est ce qui s’est passé le jour où Jésus a été transfiguré.
Quelques jours après, les apôtres vont le voir maltraité, humilié, couvert de plaies.
Mais aujourd’hui, ils ont vu la vraie réalité. Cet homme, qui s’appelle Jésus, a été transfiguré, illuminé de l’intérieur, au contact de son Père, rempli d’un si grand amour, il est devenu tout sourire, toute lumière, transfiguré par un immense amour.

Je vais te faire une confidence Joseph.
Peut-être qu’un jour, je vais devenir une veille femme toute rabougrie et souffrante
Mais j’ai un souhait, un rêve. Si mes petit-enfants pouvaient se souvenir de moi comme d’une mamie sourire, d’une mamie lumière, une mamie transfigurée par l’amour qu’elle a pour eux.

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Mamie Gisèle

Le diable, vous y croyez ?



Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4,1-11
Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le démon. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le démon l’emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le démon l’emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m’adorer. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu adoreras. »
Alors le démon le quitte. Voici que des anges s’approchèrent de lui, et ils le servaient.


Quelle histoire, vous y croyez, vous Mamie Gisèle à cette histoire du diable dans le désert ?
C’est un conte pour enfants. Et puis changer des pierres en pain, qu’il lui dit le diable à Jésus , vous avez déjà vu ça ?

Mais bien sûr, mon cher Joseph, je vois ça tous les jours et toi aussi.
Changer les pierres en pain ?
Mais Joseph, tu n’aurais pas envie comme certains de posséder le pouvoir économique ?
Comme on dit : celui qui a les cordons de la bourse, il peut mener tout le monde à sa guise quitte à glisser en douce quelques pots de vin.

Celui qui possède les médias, il peut en mettre plein la vue à tout le monde !

Regardez, je suis capable de sauter du haut du temple

Tu connais la blague canadienne ? Messieurs dames, votez pour moi, je vous ferai construire un pont.
– Mais Monsieur le député, nous n’avons pas de rivière !
– Justement je vous en ferai une de rivière.

N’importe quoi pour éblouir les gogos.

Celui qui possède le pouvoir politique et la force armée, il peut faire trembler tout le monde, et ce n’est pas ça qui manque dans notre pauvre monde d’aujourd’hui.

Eh ben Mamie Gisèle vous en avez une façon d’expliquer les choses; mais vous avez raison, des diables j’en vois maintenant partout; Méfions-nous..

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Recits

Le Maharadja de Brahmansimpur et les tentations du désert



Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4, 1-11

Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le démon. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le démon l’emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le démon l’emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m’adorer. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu adoreras. »
Alors le démon le quitte. Voici que des anges s’approchèrent de lui, et ils le servaient.


Saint Luc, comme saint Mathieu nous raconte qu’avant de commencer à prêcher, Jésus va dans le désert.

C ‘est normal, avant d’entreprendre une œuvre importante, il est bon de réfléchir dans le silence, de peser le pour et le contre, de se redire ce qu’on veut faire exactement.

Pour ce beau texte, voyons ce que donne le récit de saint Luc dans une autre culture, une autre civilisation.

Pour cela, je vous invite à une expérience spéciale. La voici, n’ayez pas peur, nous allons nous téléporter en Asie….Ouvrons les yeux.

Le Maharadja de Brahmansimpur revient chez lui, tranquillement.

Du haut de son éléphant, il domine la foule. Majestueusement, l’animal orné de belles courroies dorées, écarte de sa trompe les badauds émerveillés qui s’inclinent respectueusement.

– Eh toi, l’homme, oui toi, crie le grand monarque. Viens un peu par ici, monte avec moi, je suis curieux de voir ce tu as dans la main, qu’est-ce que tu lis avec tant d’attention ? La route est longue jusqu’au palais et tu vas me tenir compagnie.

— Sire, je relis et médite ce que nous enseigne Notre Seigneur Jésus Christ.

– Si je comprends bien, tu es chrétien. Dis-moi donc ce qu’il raconte ton Jésus.

— Voici ce que j’ai commencé à lire : Avant de commencer à prêcher sa Bonne Nouvelle, Jésus s’est retiré au désert pour faire le point sur sa mission.

– C’est très bien, cela. C’est ce que font nos moines bouddhistes chez nous depuis des siècles

— C’est à ce moment que le diable cherche à brouiller les cartes. Il se méfie. Ce Jésus, qu’est-ce qu’il a derrière la tête? Le diable s’approche avec son faux air bonhomme

D’un air doucereux, le diable lui dit : J’ai beaucoup d’expérience, veux-tu que je te donne un bon conseil ? J’ai appris que tu venais pour bâtir un nouveau royaume. C’est vrai ?

Si tu es fils de Dieu, si tu veux devenir roi d’un grand royaume, écoute-moi, voici mon premier conseil : tu vois ces pierres, dis-leurs de devenir des pains.

– Ah, ah, pas bête, ton diable ! dit le maharadja, Je connais ça, tu n’as qu’à donner du pain, des babioles à la foule et tout le monde accourt, te dit merci. Si tu veux avoir des partisans, distribue des faveurs à tes courtisans et tu les tiens, ils ne peuvent plus se passer de toi. C’est le moyen numéro un.

Sais-tu comment mon grand-père, Dieu ait son âme, a bâti son royaume ?
Tout bêtement en contrôlant les ressources du pays. Être maître de l’économie voilà la clef du succès. Ton Jésus a dû apprécier le conseil.

— Ben, ben, ce n’est pas ce que je lis. Voulez-vous vraiment que je continue ?

– Allons, allons, mon brave, n’aies pas peur. Tu connais ma largeur d’esprit.

— Voici ce que Jésus répond au diable : « Il est écrit: l ‘homme ne vit pas seulement de pain »
Il veut dire que les richesses matérielles, bien qu’elles soient nécessaires pour vivre, ne sont pas le plus important. Il ne faut pas seulement se procurer de quoi manger, mais il faut aussi manger la parole de Dieu.

– J ‘avoue que je ne comprends pas bien, mais tu m’intrigues. Tu as peut-être raison. De fait, j’ai des garçons qui ne sont jamais contents. Tiens, l’autre jour, le plus jeune m’a dit : papa, tu n’es jamais à la maison, on se demande si tu nous aimes. Pourtant ils ont de tout à la maison, il ne leur manque rien, mais vraiment rien. Qu’est-ce qu’il leur faut en plus ?

Mais je t’ai interrompu.

— Voici le deuxième conseil que le diable donne à Jésus pour bâtir son royaume.

Il le conduit à Jérusalem, tout en haut du Temple.

– Oui, j’en ai entendu parler, mon cousin le vizir y est allé

— Tout en haut du temple, il lui dit : si tu es le fils de Dieu, jette-toi en bas.

– Ce n’est pas bête non plus. Regarde-moi, quand je passe dans la ville, monté sur mon grand éléphant, tout le monde est rempli d’admiration. Comme il est puisant notre maharadja ! Mais de là à sauter par terre pour les épater, non.
A quoi bon ?

— Le diable veut lui dire : saute de là-haut, sans te faire mal et ce sera le succès total. La foule réunie en bas va s’écrier : miracle, on n’a jamais vu rien d’aussi extraordinaire.

C’est cet homme-là qu’il nous faut ! Pas de doute, il vient de la part de Dieu !

– Pourquoi donc de la part de Dieu ?

— Parce qu’il est écrit dans l’écriture : Dieu donnera des ordres à ses anges et ils te garderont.

– Ton diable est encore plus malin que je pensais !

Il utilise les paroles de Dieu. Moi, je n’ai pas besoin de faire des miracles, j’avoue que mon ministre de l’intérieur utilise très bien les médias pour ma propagande, ça revient au même.

L’astuce est d’en mettre plein la vue au public et ils te suivent comme aveuglés.

— Mais justement, pardonnez-moi, maharadja, Jésus n’est pas du tout d’accord, il répond au diable: « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu »

Je crois qu’il veut dire : ne te prends pas pour un dieu.

– Bon, bon, j’ai compris. Mais continue un peu. Ton récit me paraît très curieux.

Ce n’est pas cela qu’on m’a appris. Moi, je crois plutôt aux bonnes vieilles recettes de mes ancêtres qui sont arrivés au pouvoir. Et justement, qu’est-ce qu’il dit du pouvoir ton diable ?

— Tu veux que je te lise ce qui suit ? C’est le troisième conseil.

« Le diable le conduisit sur une montagne, il lui montra tous les royaumes et lui dit : je te donnerai toute cette puissance avec sa gloire, mais à une condition :  prosterne-toi devant moi, si tu m’adores, tout ce pouvoir sera à toi »

– Je t’arrête, cette histoire de diable qu’il faut adorer, je n’y comprends rien.

Moi, je n’ai jamais vu le diable et jamais, jamais, je ne me suis prosterné devant lui pour arriver au pouvoir.

— Oh, Maharadja, je te connais bien, sinon je n’oserais pas parler ainsi devant toi. Cependant, permets-moi de poursuivre.

– Allez, tu peux parler.

— Nous connaissons d’autres dirigeants qui n’ont pas la même honnêteté. Ils n’adorent pas le diable en personne, mais pour eux le diable, c’est l’argent. Ils l’adorent au point de tout lui sacrifier, de lui dédier toutes leurs forces. Ils l’adorent tellement qu’ils oublient leur famille, leurs enfants, leur peuple.

D’autres adorent le diable quand ils écrasent toute opposition par la force et les armes. Nous avons connu d’autres maharadja qui sont arrivés au pouvoir par la ruse, les magouilles, le mensonge. Ne dit-on pas que le diable est père du mensonge ?

– Je vois ce que tu veux dire. Dis-moi encore, qu’est-ce que ton Jésus a répondu au diable. ?

— Tout simplement : « Il est écrit : tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu n’adoreras que lui seul »

Pour nous, le Seigneur notre Dieu est le Créateur de l’univers, de tous les êtres humains. Nous disons aussi qu’il est père de tous. Si je l’adore, lui, et lui seul, je cherche à agir comme lui, à aider tous ses enfants.

– Ce n’est pas sot du tout ce que tu me dis. J’ai connu dans mon royaume un vieux sage qui répétait sans cesse, respectez la nature, respectez tous les humains, car Dieu les aime tous.

Excuse-moi maintenant, nous arrivons au palais. J’ai été heureux de ta compagnie. Je voudrais à mon tour te demander un service. Pourrais-tu me prêter ton livre, tu l’appelles Évangile, je crois.

J’ai comme l’impression qu’il pourrait me rendre service. Tu sais, j’ai déjà réfléchi. Quand mon grand-père a pris le pouvoir, il n’a pas trop fait attention aux moyens. Aujourd’hui, il me faut changer, mon peuple n’accepte plus les méthodes d’autrefois.

Merci et j’espère que nous nous reverrons un jour.

C’est l’histoire d’un maharadja dans un pays lointain. Mais parfois j’ai l’impression de lui ressembler, nous donnons trop d’importance aux choses matérielles en oubliant que nous avons besoin de manger une vraie nourriture, ou bien nous cherchons le prestige, nous cherchons à paraître mieux que les autres, et finalement que de soucis pour notre pouvoir !