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Madame Esther

Moi, je fais tout bien, ce n’est pas comme lui !



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18, 9-14

Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres: «Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien et l’autre, publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même: “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes: voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine, et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
«Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: “Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis!” Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève, sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé.»


Madame Esther, quand je lis les Évangiles, ce que nous ont raconté Marc Matthieu ou Luc, je suis frappé par les querelles qu’il y a sans cesse entre Jésus et des hommes qu’on appelle pharisiens.
Ces pharisiens, vous les avez bien connus. Je serais heureux de savoir qui ils étaient et pourquoi ils attaquent Jésus à tout moment.

Oh, vous avez bien raison, moi aussi je me suis longtemps demandé : Mais pourquoi ne s’entendent-ils pas?

Les pharisiens ne sont pas si mal que cela. J’ai même entendu dire qu’au début ils voyaient Jésus d’un bon œil. Ils l’invitaient volontiers à leur table.

Ils se sentaient donc tout proches, alors pourquoi ça a mal fini ?

Moi, je ne suis pas une fanatique de la religion, mais ces hommes-là, je les admirais. Quelle fidélité à la Loi de Moise ! Des prières tout au long du jour, une rigueur dans les détails, surtout le jour du sabbat.
Par exemple, ce jour-là, je les voyais marcher, et d’un seul coup, stop, pas un pas de plus c’est interdit par la loi.
Pas question non plus d’allumer du feu. Bref ! Des hommes de Dieu, moi, j’étais loin de suivre leur exemple.

Je reviens à ma question : pourquoi ces querelles avec Jésus ?

Vous avez entendu la petite histoire, la parabole que saint Luc vous a rapportée ? Celle du Pharisien et du publicain. Oui, eh bien vous avez tout compris.

Tout ce que dit le pharisien dans le Temple de Jérusalem est admirable :
« Je jeûne deux fois par semaine, je donne le dixième de mes biens aux pauvres »
Ce n’est pas moi qui ferait ça !

Je comprends de moins en moins. Jésus a l’air de dire que tout cela ne sert à rien, que ce n’est pas cela qui plait à Dieu.

J’ai eu du mal à comprendre moi aussi. C’est Ruben, sans s’en rendre compte qui m’a ouvert les yeux.

Un jour, il arrive à la maison : Cousine Esther, Jésus a encore guéri un aveugle ! C’est formidable, dès qu’il voit un malheureux, cela le retourne. Il ne peut pas supporter de voir des personnes démolies ou mises à l’écart. Je l’ai entendu dire : « j’ai pitié de cette foule »

Tu sais à qui il me fait penser ? à mon oncle Zacharie… quand il va dans son jardin, il est ravi de voir son blé, ses raisins, comme c’est beau. Mais cela le rend malade de voir le mildiou détruire sa vigne ou bien le chiendent qui étouffe les bonnes herbes. Tout de suite il saisit sa rasette ou son pulvérisateur pour tout guérir. Je crois l’entendre dire :  j’ai pitié de mon jardin

– Qu’est-ce que cela à voir avec la parabole de Jésus, du pharisien et du publicain ?

Regardez ce qu’il dit du publicain. C’est un percepteur, un qui ramasse les impôts.
Mal vu, méprisé, un peu voleur sur les bords. Mais il ne se sent pas bien. Et, là, tout au fond du temple derrière un pilier, il dit à Dieu, prends pitié de moi, j’ai besoin de toi, je suis comme une vigne gangrénée par le mildiou, envoie-moi un peu de bouillie bordelaise, sinon je ne m’en sortirai pas.
Celui-là, dit Jésus, je bondis pour le sauver, pour le remettre à flot. Dieu le Père, se réjouit, il peut enfin retaper une plante malade, un homme qui tombait en ruine. Dieu mon Père a pitié de tous qui sont en mauvais état et qui en souffrent.

Et le pharisien ?

Lui, il se sent trop bien : « J’observe la Loi parfaitement. Dieu m’ a donné la Loi au temps de Moïse, je l’observe au pied de la lettre, tout va bien. »

Au fond qu’est-ce qu’il dit à Dieu dans sa prière ? « Tu es bien gentil, mais je n’ai pas besoin de toi, je m’en sortirai tout seul. Je comprends que tu te décarcasses pour ces pauvres types qui crient vers toi, mais ne perds pas ton temps avec moi »

Merci, madame Esther, maintenant je comprends mieux pourquoi ces pharisiens ricanent quand Jésus vient au secours de tous les malheureux.

Vous savez, madame Esther, Les pharisiens, ça existe toujours. Il n’y a pas longtemps j’ai surpris une dame qui regardait de haut avec un sourire supérieur une pauvre femme qui brûlait un cierge à sainte Rita.
Il me semble que Jésus a dit un jour : « je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades » ça résume tout.

Vous avez raison. J’ai fait une tournée dernièrement dans votre région et je me suis rendu compte qu’il y avait pas mal de pharisiens modernes parfaits et méprisants envers les petits et les faibles. Mais j’ai aussi vu ceux qui ressemblent à l’oncle Zacharie, sans arrêt avec leur rasette à la main pour aider les malheureux, pour nettoyer le jardin, mettre de l’engrais aux salades, pardon, j’aurais dû dire, des personnes comme Jésus avec un cœur compatissant qui volent au secours de ceux qui crient et n’en peuvent plus.

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