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les voleurs dans la maison


Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu 24

Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »


Ah ma bonne Ernestine, si tu voyais les dégâts, j’ai été cambriolée.  Ma fenêtre brisée, les meubles renversés, et mes papiers envolés, ces voyous m’ont tout pris, tout saccagé. Pourtant il y avait une affiche vigie pirate. C’est comme si la maison s’était effondrée. Tu te rends compte : un mois avant Noël !  j’avais bien prévu une belle fête avec les enfants avec plein de jouets. Fini, tout cela !

Ma pauvre Christine, quel choc pour toi ! Ce sera un bien triste Noël, c’est vrai. Mais laisse moi te redire ce que tu m’as dit l’autre jour, tes inquiétudes, les tensions avec ta belle fille, les jalousies, les cousins qui ne se parlent plus. C’est bien plus dangereux qu’un cambriolage et qu’une fenêtre brisée. Tu avais peur que la famille s’écroule, que tout se disloque

Tu veux un conseil ? regarde du côté de Noël. Marie et Joseph avaient des raisons de se  lamenter dans la crèche. Or, c’était tout le contraire, c’était  la paix, la simplicité, le bonheur vrai, du solide quoi.  Cela tu ne le trouve probablement pas dans un supermarché.

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Noce de Cana – Heureusement qu’elle était là


Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2, 1-11

Il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. Or, on manqua de vin; la mère de Jésus lui dit: «Ils n’ont pas de vin.» Jésus lui répond: «Femme, que me veux-tu? Mon heure n’est pas encore venue.» Sa mère dit aux serviteurs: «Faites tout ce qu’il vous dira.»
Or, il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs; chacune contenait environ cent litres. Jésus dit aux serviteurs: «Remplissez d’eau les cuves.» Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit: «Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas.» Ils lui en portèrent.
Le maître du repas goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit: «Tout le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant.»
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.


Ce jour-là, Jésus arrive avec ses premiers disciples dans un petit Village qui s’appelle Cana.

Saint Jean nous raconte ce qui s’est passé ce jour-là.

A Cana, il y a une noce et c’est la fête.

Les mariés sont assis à la table, tout est prévu, il y a même un maître de cérémonie, un majordome, qui veille à ce que tout se passe bien. On mange, on boit, on danse, on chante, c’est parfait.

Mais pourquoi donc Marie, la mère de Jésus, semble-t-elle aussi inquiète ? Est-ce qu’elle ne se sentirait pas à l’aise dans cette fête ? Au contraire, elle est heureuse de voir la joie de tous ces braves gens.

Discrètement, elle va trouver Jésus et lui dit à l’oreille ? « Ils n’ont plus de vin » Jésus comprend tout de suite.

Les gens de la fête sont heureux et insouciants mais ils ne se rendent pas compte de ce qui va leur tomber sur la tête. Dans quelques instants, finis les chants et les danses !

Marie, toujours très attentive, voit ce que les autres ne voient pas.

Peut-être qu’elle pense aussi : Quel dommage, ces jeunes mariés paraissent si heureux, mais tout le village va se moquer d’eux… Ah, ils ont voulu inviter large, ils voulaient beaucoup de monde à leur mariage, mais ils auraient mieux fait d’acheter quelques cruches de vin en plus. Tant pis pour eux.

Remarquez ce que Marie dit à Jésus, simplement : « Ils n’ont plus de vin »

Elle ne lui dit pas : « Tu devrais faire ceci ou cela, elle le laisse libre de faire ce qu’il pense. »

Jésus a une réponse qui nous surprend : « Femme, mon heure n’est pas encore venue »

Qu’est-ce qu’il veut dire ?

« Tu voudrais que je vole au secours de ces jeunes mariés, mais je suis venu pour sauver le monde. Aujourd’hui, Je suis à la noce, moi, et rien d’autre. Quand je rencontrerai des boiteux, des aveugles, alors à ce moment-là, je volerai à leur secours pour les guérir. Mon père m’a envoyé pour rendre la vie à ceux qui sont comme morts, pas pour donner du vin un jour de noce. Chaque chose en son temps. »

Sa mère ne se laisse pas arrêter. Elle connaît bien son fils, elle sait qu’il est sensible à toute détresse, pas seulement celle des malades et des boiteux…

Peut-être aussi qu’elle se dit : mon fils veut avant tout que tous les hommes soient heureux, il veut que tous puissent s’asseoir au banquet de Dieu. Eh bien, c’est l’heure de commencer ce banquet aujourd’hui à Cana.

Elle se lève, va trouver les serviteurs et leur dit : « Faites tout ce qu’il vous dira »

Une fois encore, elle laisse Jésus décider lui-même de ce qu’il doit faire.

Mettons-nous à la place des serviteurs, ils ont du être affolés : Vous voyez ces grandes cruches, leur dit Jésus, celles qui ont servi pour laver les pieds des invités à cause de la poussière du chemin. Allez les remplir d’eau.

Imaginons la tête des serviteurs. Nous n’allons quand même pas leur laver les pieds une deuxième fois. Pourtant, ils obéissent et remplissent les cruches.

Maintenant vous allez remplir les verres des invités. Quelle idée ! Il croit que les invités vont se contenter de boire de l’eau au lieu du vin ! Ils obéissent encore. Merveille ! c’est du vin qui coule dans les verres.

Sensationnel ! Bien sûr, les gens ne se rendent pas compte de ce qui se passe, les serviteurs si, mais surtout le majordome qui vient trouver le marié. Il n’a pas l’air content :

Qu’est-ce que tu as fait ! Tu ne m’as pas dit que tu avais une réserve de bon vin. Moi, je l’aurais servi au début du banquet, quand les gens sont encore capables de l’apprécier, mais toi, tu le sers à la fin, à ce moment-là ils ne sont plus capables de voir si le vin est de première qualité !

Voilà, c’est ce que nous raconte saint Jean.

Mais il ajoute à la fin de son récit : « Ce fut le premier signe que Jésus fit devant ses disciples »

Signe de quoi ?  Justement que Dieu vient inviter tous les hommes à une noce, à un grand banquet et c’est un banquet où tous pourront être dans la joie, sans crainte.

Si nous lisons la suite de l’évangile, nous voyons qu’à partir de ce jour-là, Jésus commence à guérir les boiteux pour qu’ils marchent comme tout le monde, les aveugles pour qu’ils voient les beautés de la nature, les lépreux pour qu’ils puissent revenir à leur maison. C’est une façon de leur dire, venez, entrez dans la salle du banquet. Vous êtes tous invités et il y en aura pour tous jusqu’à la fin.

Saint Jean dit encore : « Ses disciples crurent en lui. » Qu’est-ce que cela veut dire ?

Seigneur, nous sommes d’accord avec toi, nous marchons avec toi, si c’est cela que tu veux faire, donner du bon vin à tous, et inviter tous nos frères à un grand banquet où il ne manquera rien.

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Conte de Noël : BILOCHON



Il suait, il courait, il trébuchait, il tombait…et les cailloux  lancés sur lui par ces satanés gamins lui lacéraient le dos et aussi les pattes. Il pensait « en haut de la côte , je n’y arriverai jamais !…Tout à coup, il s’écroula, épuisé..C’était fini pour lui..Il le payait cher de s’être sauvé de la maison de son maître Eliezer, lui , Bilochon, qui n’était qu’un pauvre baudet.

Mais après six années de mépris et de coups de trique, il n’en pouvait plus ! Sans arrêt on se moquait de lui, de ses grandes oreilles, de sa façon de parler en disant « Hi han hi han ! » maintenant la bande de gamins approchait, on allait le lapider.

Soudain, dans un  grand cri, ils se sauvèrent tous, épouvantés. Une grosse bête , avec de grandes cornes, sortait de l’étable. C’était Nestor, le bœuf de maître Johanam ; pas méchant pour deux sous,, mais qu’il était impressionnant !. Il poussa un « Meuh » si puissant que les gamins  dégringolèrent la côte tout à fait terrifiés,

Dépêche-toi lui dit le bœuf  rentre donc espèce de…mais surtout ne dis rien .pas de hi han ici   silence regarde plutôt là dans le fond de l’étable   le baudet leva la tête et ouvrit un œil   il sursauta, dans un coin à l’ombre,il y avait debout un grand homme, fort comme Eliezer son maître ,Le pauvre animal, il tremblait de toutes ses pattes   sûrement que cet homme-là allait le dénoncer , le renvoyer et le mettre à la porte,

Il ouvrit son deuxième œil. Allongée près de l’homme, se tenait une femme  vraiment jolie, vraiment paisible avec un beau sourire  il sentit alors couler en lui une grande douceur comme si sur l’heure il allait savourer un fin bon  chardon de la montagne d’à coté.

N’aie pas peur, approche, lui dit Nestor. Ces gens-là sont comme toi ; ils ont du quitter leur maison,ils ne te feront aucun mal Allez approche, n’aie pas peur.

Maître Bilochon, lui dit l’homme -Tiens comment connaît-il mon nom de baudet, cet homme-là ?  -est-ce que vous pourriez nous faire la grâce de rester à  notre service ? – , Bigre, nom d’une pipe, on ne m’a jamais parlé ainsi. « Nous aurions besoin de votre aide pour transporter Marie  et son petit enfant. »

Ah, en voilà une histoire ,se dit-il en lui-même

Ce petit enfant, Bilochon ne l’avait jamais vu  si petit et caché dans la paille  jamais vu ça   se répéta le baudet Impensable ! Un enfant dans de la paille   pauvre petit il est pourtant si gentil  j’espère que lui , au moins, on ne lui jettera pas de  cailloux comme on l’a fait pour moi.

Bon, lui dit encore Nestor, tu ne vas pas rester là planté comme un sot. Tu ferais mieux de le réchauffer, ce petit marmot. Assieds toi et souffle oui, envoie lui ta chaleur comme tu peux,  non pas comme ça,  pas si fort, tout doucement   régulièrement , comme une brise de printemps qui arrive quand les vignes commencent à bourgeonner  là c’est mieux   Moi pendant ce temps je surveille la porte des fois que des soldats d’Hérode viendraient par ici

Bilochon était heureux comme vous ne pouvez pas imaginer qu’on puisse être heureux. Car  le petit enfant, doux  comme un p’tit Jésus, souriait , souriait, souriait tout plein Ah qu’il était beau ce petit enfant-là. Ce n’est pas lui qui le poursuivrait en riant et en se moquant de ses grandes oreilles de baudet.

Bilochon sentit tout d’un coup comme une grande paix intérieure qui descendait en lui

alors il se mit à chanter :  pas des hi han  comme à l’habitude non, mais une vieille chanson que sa grand mère lui avait appris quand il était plus jeune

« dors, min ptit quiquin, min  ptit pouchin, min gros rojin »

Nestor n’en revenait pas et ouvrait ses grands yeux de bœuf « mais qu’est-ce qui lui prend à Bilochon ?

L’enfant lui signe avec sa petite main ; viens ici, Bilochon, écoute ;  il lui caressa l’oreille puis il approcha sa bouche et lui  dit doucement d’une voix claire « merci, Bilochon tu es le plus beau  de tous les ânes que mon Père a faits , Bilochon, lui, n’y comprenait rien.   Ah non ne dis pas ça si tu savais comme j’étais malheureux chez mon maître Eliezer.

Je le sais , je le sais , alors,  est-ce que veux changer de vie et aller dans un pays où tous les enfants seront gentils avec toi ?

Bien sur, bien sur, mais pour moi, c’est impossible je ne suis qu’un pauvre baudet

Ferme les yeux et fais-moi confiance  demain matin tu seras bien loin d’ici

Clic clac ! Bilochon rouvrit ses deux yeux d’un seul coup Où est-il donc allé se  fourrer ? Tout autour de lui, il voyait plein d’enfants, surtout des blonds avec des yeux bleus ; non pas du tout comme ceux de son ancien patelin où ils étaient bruns avec des yeux noirs.

Et tous ces enfants souriaient de bon cœur  Oh qu’il est joli  Oui, vraiment beau  et puis, il n’a pas l’air méchant   Tu voudrais bien  dis, jouer un peu avec  nous ? Bilochon, écoutant ça, se mit debout en se redressant comme Artaban  « oh qu’il est costaud «  dirent ensemble tous les enfants

Et Bilochon pensa en lui même « ah si Nestor pouvait me voir  il serait si fier de moi  mais dites moi les enfants,où est-on ici ?

Les enfants en l’écoutant se mettent tous à rire   « comment tu ne sais pas ça ?

Mais non, répondit Bilochon  je ne sais rien !

Bin ça alors ! Lui dirent les enfants mais ici c’est Rousies

Rousies, rousies ? Jamais je n’ai entendu parler de ce pays

Qu’est-ce vous dîtes ? C’est le paradis des baudets   ? Ah bon alors en voilà une bonne raison pour ne plus m’en aller ailleurs

c’est entendu les enfants je vous le promets je reste ici avec vous

et je jouerai avec vous tous  et je vous promènerai sur mon dos et vous conduirai à l’école  et pour finir je chanterai pour vous de ma plus belle  voix  Hi Han Hi Han Hi Han

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Les souvenirs de Aldiboron, L’âne de la crèche



Bonjour à tous.

Vous pouvez me regarder.

Qui je suis ? je suis Aldiboron,

Mais oui, vous me connaissez ! Je suis l’âne qui était dans la crèche à Bethléem.

Je vais vous raconter ce qui m’est arrivé, il y a déjà si longtemps, si longtemps.

C’est même moi qui ai raconté à saint Luc ce qu’il a écrit dans son évangile.

Un jour, j’étais là assis à me reposer.

Je venais de porter quelques planches pour aider mon patron qui s’appelait Joseph, un brave homme qui me traitait très bien.

Tout d’un coup, j’entends un drôle de bruit !

J’aperçois une lumière étrange.

Je tends mes grandes oreilles et j’ouvre les yeux.

Qu’est-ce que je vois dans la maison ?

Marie bien sûr, mais elle était si belle, à genoux devant une sorte de lumière d’argent.

Et j’entendais comme une voix angélique qui venait d’un autre monde.

On m’a dit plus tard que c’était1’ange Gabriel.

Je te salue Marie, pleine de grâce,

Le Seigneur est avec toi, sois sans crainte, Marie,

Car tu as trouvé grâce auprès de Dieu

Voici que tu concevras et enfanteras un fils a qui tu donneras le nom de Jésus

Il sera appelé : Fils du Très haut

Il régnera sur la maison de Jacob

Eternellement et son règne n’aura pas de fin.

 Et Marie, toute humble lui demande :

Mais comment cela est-il possible puisque je ne connais pas d’homme ?

La voix lui répond :

L’Esprit saint viendra sur toi et la personne du très haut te couvrira de son ombre.

C’est pourquoi cet enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.

Marie alors s’incline et dit :

Voici la servante du Seigneur qu’il advienne selon ta parole.

Quelques mois plus tard, je suis réveillé brusquement.

Sur la place, des soldats romains qui criaient :

Avis à la population :

Par décret de notre empereur César Auguste

et du gouverneur de Syrie tous les hommes valides et leur famille devront se rendre dans leur ville d’origine pour s’y faire recenser..

Du coup, je dis à Joseph :

Joseph tu peux compter sur moi.  Je t’accompagne jusque Bethléem

Et nous sommes partis, Joseph, Marie et moi.

Quelle route, quelle fatigue.

Heureusement que j’étais là pour porter Marie avec 1’enfant qu’elle attendait.

Remarquez que j’étais heureux, au fond, car Marie est tellement bonne et de temps en temps elle me faisait une petite caresse.

Nous voilà enfin à Bethléem, il était temps d’arriver.

Quel monde !

Ça me faisait de la peine de voir Joseph courir d’auberge en auberge.

Monsieur l’hôtelier, auriez-vous une petite place pour ma femme et moi dans votre auberge ?

Oh, juste un petit coin, on n’est pas difficile

Ma femme attend un enfant et avec ce froid nous ne pouvons rester dehors.

Mais partout les mêmes réponses :

Mon pauvre ami, c’est complet

C ‘est complet, pas de place

Allez chercher ailleurs.

Pas de place.

Il me fait pitié le pauvre Joseph et Marie qui n’en peut p1us.

Heureusement, une servante qui nous regardait passer a eu pitié de nous.

Hep, hep, venez par ici.

Vous êtes de Nazareth, moi aussi.

Suivez-moi, derrière l’auberge il y a une grange une sorte de crèche pour les animaux.

Ce n’est pas grand-chose, mais vous serez quand même mieux que dehors pour passer la nuit.

Je passe la tête par la porte et qu’est-ce que je vois ?

Mais c’est Caracol un énorme bœuf avec ses grandes cornes

Il me dit avec sa grosse voix :

Ah c’est toi Aldiboron ? J’ai connu autrefois ton père

Rentre donc avec tes amis.

Si quelqu’un les embête, je pourrai les protéger

N ‘aie donc pas peur.

Et l’enfant, ton ami Joseph pourra l’installer dans la mangeoire. Je pourrai le réchauffer un peu.

Tout à coup, vers minuit, là, tout près de mes sabots j’ai vu quelque chose de rose et de blanc qui bougeait et gazouillait doucement.

C’était lui, oui, l’enfant et Marie qui lui souriait et Caracol qui soufflait pour le réchauffer.

Vous n’allez pas me croire.

Moi, le pauvre petit âne avec mes grandes oreilles, l’enfant m’a souri. Oui, Il m’a souri.

Jamais on ne m’avait souri de cette façon.

Comme j’étais heureux

Tout à coup, la porte s’ouvre.

Ils arrivent tous, deux, trois puis dix, vingt, des bergers qui venaient de partout.

Caracol n’était pas trop content !

Qu’est-ce qui vous prend, d’où venez-vous ? Qui vous a dit de venir ?

Et eux de répondre :

Ce sont des anges venus du ciel.

Écoutez ce qu’ils nous ont dit :

Vous les pauvres bergers, levez-vous, allez,

Vous trouverez l’enfant enveloppé de langes, couché dans une mangeoire.

Comme ils étaient beaux les anges, et ils chantaient :

LES ANGES DANS NOS CAMPAGNES

Comme c’était beau. Même moi je me suis mis à chanter

Sauf que Caracol m’a fait taire tout de suite.

Ils avaient l’air heureux tous autour de l’enfant

Comme elle était belle Marie, le visage tout illuminé d’une joie profonde, elle n’avait d’yeux que pour son petit, son fils.

Je ne suis pas très malin, forcément, je suis un âne mais j’ai compris que cet enfant-là n’était pas comme les autres.

Je les entendais dire ;

C’est le Messie, le Fils de Dieu

Alors aidez-moi à chanter :

IL EST NE LE DIVIN ENFANT

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Jean-Baptiste en prison



Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 7, 18-23

En ce temps-là, Jean le Baptiste appela deux de ses disciples et les envoya demander au Seigneur : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Arrivés près de Jésus, ils lui dirent : « Jean le Baptiste nous a envoyés te demander : Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
À cette heure-là, Jésus guérit beaucoup de gens de leurs maladies, de leurs infirmités et des esprits mauvais dont ils étaient affligés, et à beaucoup d’aveugles, il accorda de voir. Puis il répondit aux envoyés : « Allez annoncer à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi ! »


Bien des causes de tristesse dans la vie.

L’une d’entre elles est la déception. Je me souviens d’un ami, homme remarquable, bourré de diplômes, expérience rare, réussite exemplaire dans son métier.

Mais quelle déception : « Mon garçon, tu sais que je l’aime beaucoup, il est doué lui aussi, intelligence très vive, il comprend tout, il pourrait réussir ses examens sans effort, mais qu’est ce qu’il a donc en tête ? Pas de goût pour les études, bon, disons, pour les études techniques, un peu rêveur, artiste. Qu’est-ce qui l’intéresse ? La peinture….

J’avoue qu’il a un certain talent, mais… ça ne rapporte pas. Tout le monde n’est pas Gauguin ou Picasso. Et pour un qui réussit combien finissent dans la misère ! J’aurais cru qu’il allait reprendre l’affaire. À quoi bon avoir tant travaillé, avoir mis tant d’espoir. C’est comme si j’avais ouvert une route et au bout, rien. »

Cette confidence m’a bouleversée, car c’est un homme sincère, généreux et travailleur.

Le soir, en rentrant, j’ai ouvert mon évangile. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Un passage que j’avais pourtant déjà lu, mais je n’avais pas trop fait attention. Si vous le permettez, je vais vous le rappeler.

C’est au chapitre 7 de saint Luc, Jean-Baptiste est en prison.

Pendant des mois, Jean se bat. Il arrive dans le désert , prés de la rivière du Jourdain, Dieu lui a confié une mission tellement importante. Préparer l’arrivée du Messie, du Sauveur.
Ah, ce sauveur, comme on l’attend.
Voilà des siècles qu’on lit les prophètes dans les Synagogues, où on rêve de David. Lui, c’était un roi, il avait fait de notre peuple une grande nation. C’est un Sauveur comme lui qu’il nous faudrait.

Maintenant, nous sommes écrasés, qu’est-ce que je dis, humiliés, par les Romains qui occupent le territoire, nous étouffent par leurs soldats et leurs impôts.

Ils nous ont même imposé un roi, Hérode, arrivé au pouvoir à force d’intrigues, un homme corrompu et jaloux.

Je l’ai interpellé : « Quel exemple il donne à notre peuple! Avec ses banquets, son luxe, il a pris la femme de son frère. Est-ce que je pouvais me taire devant ces turpitudes et annoncer le royaume de Dieu en même temps ? Au lieu de m’écouter, il m’a fait jeter en prison. Dieu le punira, je lui ai dit: la hache est déjà au pied de l’arbre. Et tous ces branches pourries seront bientôt abattues et jetées au Feu »

Imaginez la détresse de ce grand prophète. Ce n’est pas tellement le fait d’être enfermé en prison, car il s’en doutait bien que c’était dangereux de s’attaquer à un roi aussi malfaisant, il s’en doute bien que cela finira mal, qu’Hérode finira par lui couper la tête à l’occasion d’une de ses orgies.

Ce qui le tracasse, mais vraiment le fait douter et désespérer, c’est ce qu’on lui raconte.

Deux disciples ont réussi à l’approcher et lui racontent : « Tu sais, Jésus, que tu nous as présenté comme l’agneau de Dieu, tu disais que tu n’étais pas digne de dénouer les sandales de ses pieds, il fait un tas de choses, les gens courent après lui, il guérit des malades, il parle du Royaume de Dieu. Oui, le royaume de Dieu »

– Qu’est-ce qu’il en dit ?

« Oh, c’est beau ce qu’il dit : Bienheureux les doux, bienheureux les pacifiques, heureux ceux qui pleurent car ils vont enfin recevoir une consolation. »

– Oui, oui, je comprends, mais est-ce qu’il va chasser les mauvais ? Écraser les ennemis de Dieu ? Ah mes amis, vous voyez comme je suis troublé. Je me demande si je ne me suis pas trompé. Ce n’est peut-être pas lui le Sauveur. Il va nous laisser dans le désespoir sans rien faire.

Allez lui poser une question, une question importante : « Es-tu celui qui doit venir, ou bien devons-nous en attendre un autre ? »

Les deux disciples s’en vont. Tourmentés eux aussi. C’est terrible pour notre maître Jean. Il a sacrifié toute sa vie en pensant que Jésus allait tout renverser, et maintenant il doute ! Il va mourir pour rien.

Ils arrivent près de Jésus : « Jean le baptiste nous a envoyés vers toi pour te poser une question : Es-tu celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre ? »

Que répondre ? Jésus ne répond pas directement. Sans doute qu’il saisit le drame de Jean-Baptiste. Il sent que cet homme tout de feu, ardent envoyé de Dieu, a mis tout son espoir dans un bouleversement du monde. Il attend, il voudrait voir et savoir ce qui se passe.

Lui répondre par un discours ? Lui dire qu’il n’a rien compris ?

« Non, allez plutôt raconter à Jean ce que vous voyez et entendez. »

À ce moment, il guérit beaucoup de leurs maladies et infirmités, et esprits mauvais, et il accorde de voir à beaucoup d’aveugles.

Imaginons encore que Jean dans sa prison a dû méditer longuement ces paroles.

Les aveugles recouvrent la vue. Bien sûr que notre peuple est déboussolé, mais ce ne sont pas les armes qui lui rendront la vue, le mal est bien plus profond.

Les boiteux marchent. Quel est le souhait du Père qui aime tellement tous ses enfants, qu’il y ait encore plus de boiteux et d’estropiés à cause des guerres?

Non, mettons-nous tous au travail pour que chacun puisse marcher librement comme des enfants qui gambadent dans la joie, les lépreux sont purifiés. Les sourds entendent. C’est tout un travail en profondeur qu’il a entrepris.

Oui, il n’est pas venu uniquement pour changer quelques dirigeants corrompus, mais pour redonner à chaque être humain toute sa beauté. L’homme est fait pour entendre, parler, communiquer avec ses amis, il doit pouvoir aller partout sans qu’on le rejette comme un pestiféré ou un lépreux.

Et le dernier mot qu’il m’a transmis : les morts ressuscitent. C’est la vie qui doit triompher partout et non pas la violence et ses cortèges de morts.

Et à la fin, il a ajouté : les pauvres reçoivent la bonne nouvelle. Bien sûr, ce sont eux, ceux qui sont sans défense qui vont recevoir la bonne nouvelle d’un royaume où tous se sentiront à l’aise.

Les pauvres n’auront plus peur des Hérodes qui les jettent en prison.

Au fond, pouvait se dire Jean-Baptiste, j’ai sans doute trop cru que le royaume de Dieu allait ressembler à tous les royaumes de la terre qui sont bâtis sur la force. Celui que Jésus commence est un royaume où tout doit être inspiré par l’amour, le partage, le pardon.

Il ne suffit pas de changer les murs d’une maison, mais de lui faire respirer le bonheur et la bonté.

Je parlais au début de mon ami tracassé à cause de son garçon. Je vais essayer de lui dire ce qui est le plus important : qu’il fasse la même carrière que son remarquable père, ou bien qu’il puisse développer ses propres dons et y trouver le bonheur ?

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Qui est Jean le Baptiste ?

 


 


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 3, 1-6

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode, prince de Galilée, son frère Philippe, prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias, prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe: À travers le désert, une voix crie: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées; les passages tortueux deviendront droits; les routes déformées seront aplanies; et tout homme verra le salut de Dieu.


Bonjour. Mardi matin, la journée a commencé d’une façon bizarre. Je venais à peine de finir mon café, quand le cousin Georges déboule dans la maison.

– Tu ne sais pas ce que j’ai trouvé ? Un document unique, sensationnel.

– Parle toujours…Il faut vous dire que Georges est un sacré farceur, il a toujours des histoires invraisemblables.

-Eh bien, qu’est-ce que tu as donc trouvé ?

– C’est un vieux document du temps de Jésus Christ. Tout ce qu’il y a de plus authentique. C’est un employé du temple de Jérusalem qui envoie un rapport à son chef, le garde du temple.

– Bon, montre-moi cela. Avec Georges, ce n’est pas la peine de discuter. Voyons ce que raconte ton fameux document.

J’ai lu pour lui faire plaisir en faisant semblant de le croire.

J’avoue que c’est amusant et on a l’impression d’être dans la peau de ceux qui ont vécu autrefois :

Je vais vous le lire. Vous n’êtes pas non plus obligé de croire que ce document est vrai, mais je vous donne un conseil. Si vous voulez du solide, allez relire ce que dit saint Luc au chapitre 3 de son évangile. C’est plus sérieux.

Voyons ce que le cousin Georges a encore inventé. C’est écrit sur une espèce de vieux parchemin…

Monsieur le Chef des gardes du Temple de Jérusalem,

Comme vous me 1’avez demandé, moi votre serviteur Ruben ben Gurion, je suis arrivé au bord de la rivière qui s’appelle Jourdain. Et j’ai commencé à observer.
Je le fais volontiers pour vous, parce que vous m’avez promis une bonne récompense pour aider ma petite famille, les temps sont durs.

C’est bien vrai. Il y a ici une foule qui arrive de tous les côtés. J ‘ai demandé à un homme :
– Qu’est-ce qui se passe ?

– Tu ne vois donc pas, c’est le prophète, c’est lui, Jean, c’est certainement le Messie.

– Cela m’a paru louche. C’est même dangereux. Vous m’avez dit vous-même qu’en ce moment il y a des illuminés qui se prétendent prophètes et qui ameutent les foules.

Je dis à ce monsieur :
– Vous n’allez quand même pas vous exciter parce que ce Jean a une grande barbe et qu’il est vêtu de peaux de bête

Il me regarde comme si je tombais d’une autre planète.

– Regardez comment il vit, ici dans le désert, il se nourrit de rien, de sauterelles, il ne vit que pour Dieu.

– Et d’où sort-il ? Moi aussi, je pourrais dire que je suis prophète

– Justement, il est envoyé par Dieu. Tout le monde le sait. Son papa, Zacharie, a eu une vision dans le temple à Jérusalem un ange lui a annoncé la naissance de son fils.
Et vous qu’est-ce qui vous amène ici, un ange ou un démon ? D’ailleurs, vous n’avez qu’à l’écouter.

– C’est ce que j’ai fait, je me suis approché, discrètement dans la foule au milieu de tous ces fanatiques.
J’avoue que j’ai été surpris. Je pensais que c’étaient tous des miséreux. Quand on a faim, on est prêt à écouter tous les braillards qui promettent une révolution. Je pense à mon neveu qui est au chômage. Ma femme me disait :
– Ah ce bon petit Jonathan, si ton chef pouvait l’embaucher pour les travaux dans le temple.
– C’est sûr que lui aussi irait volontiers écouter Jean. Il est comme tous ceux qui attendent une vie meilleure dans notre pays, ils sont prêts à suivre n’importe quel Messie pour sortir de la pauvreté, même à se battre.

Je disais, il n’y a pas que les malheureux qui sont venus au Jourdain. À côté de moi, il y avait des soldats, oui, des soldats.
Je me suis même dit: Si les soldats commencent à suivre cet homme, nous sommes mal partis. On ne pourra plus contrôler la masse du peuple.
Il y avait aussi des religieux, des pharisiens, qui discutaient entre eux : ce Jean parle bien, disait l’un, mais non, disait l’autre, c’est un dangereux illuminé qui ne connaît pas la Loi de Moïse

J’ai entendu ses prêches. Il n’y va pas de main morte : « Engeance de vipères, qui vous a suggéré de vous soustraire à la colère qui va venir? »
C’est tout dans ce style-là. Je me demandais comment les gens continent à l’écouter.

Est-ce que ça leur plaît de se faire insulter ?

Et puis il injurie notre nation : « Ne dîtes pas, nous sommes les fils d’Abraham, car avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham »

C’est un peu fort ! Est-ce que cela veut dire que Dieu va nous rejeter, , nous les Juifs et faire appel à d’autres peuples ? Vous qui êtes instruit, Maître, vous savez mieux que moi, que les fils d’Abraham, c’est nous et personne d’autre

Je n’ose pas trop continuer parce que ça n’a pas de sens.

Par exemple, il a crié un jour : « Que celui qui a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas. Et que celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même »

Dans la foule, des gens applaudissent. Mais où allons-nous s’il faut tout partager ?
Par exemple, vous, la fortune que vous avez, c’est bien parce que vous l’avez méritée.

Quand il parle aux publicains, les ramasseurs d’impôts, qu’est-ce qu’ils prennent !

« N’exigez rien en plus de ce que devez faire payer »

Là je suis d’accord. J’en ai connu qui ramassaient des impôts pour notre temple et qui en profitaient pour s’enrichir d’une façon scandaleuse.

Ce Jean, il ne manque pas de courage, écoutez ce qu’il disait aux soldats :

« Ne faîtes de violence à personne, n’extorquez rien, et contentez-vous de votre solde »

C’est assez osé, mais il devrait se méfier un peu, parce que les soldats finiront par le rattraper un jour. J’ai aperçu des soldats d’Hérode. Qu’est-ce qu’ils faisaient là. J ‘ai l’impression qu’ils venaient pour espionner.

Voilà ce que j’ai vu et entendu, Maître, et que je vous rapporte fidèlement en pensant à toutes vos bontés envers votre serviteur.

Ah, j’oubliais. Il a dit une chose qui a intrigué beaucoup de personnes.

Mes voisins me disaient : c’est sûr, c’est lui le Messie que nous attendons depuis des siècles.

Mais tout d’un coup, Jean s’est écrié : moi, je vous baptise dans l’eau, mais il vient celui est plus fort que moi

Il y a donc quelqu’un d’autre qui va arriver. Personne n’a rien compris. Il faudra sans doute être vigilant, car les foules sont toujours prêtes à s’enflammer et à suivre des illuminés.

Je comprends qu’avec la garde du temple, vous avez peur qu’il y ait des émeutes et que les Romains en profitent pour nous massacrer. J’espère que mon rapport pourra vous aider.

Pour l’instant, je crois que vous n’avez pas trop à vous tracasser.

Jean n’a demandé à personne de prendre les armes. Tout ce qu’il fait, c’est demander à ceux qui arrivent de changer de vie, de se convertir, comme il dit.
Et en même temps, il les fait descendre dans la rivière, il prend de l’eau et les asperge sur la tête. C’est cela qu’il appelle un baptême de repentir pour la rémission des péchés.
Je ne suis pas assez savant pour comprendre ce que cela veut dire. De toutes façons

il ajoute que celui qui doit venir – on ne sait pas qui – baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Ça, je le comprends encore moins.

Voilà, maître, ce que j’ai pu voir et entendre. Je suis toujours à votre disposition pour vous informer.

Signé : votre serviteur, Ruben ben Gurion.


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Le Maharadja de Brahmansimpur et les tentations du désert



Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4, 1-11

Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le démon. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le démon l’emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le démon l’emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m’adorer. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu adoreras. »
Alors le démon le quitte. Voici que des anges s’approchèrent de lui, et ils le servaient.


Saint Luc, comme saint Mathieu nous raconte qu’avant de commencer à prêcher, Jésus va dans le désert.

C ‘est normal, avant d’entreprendre une œuvre importante, il est bon de réfléchir dans le silence, de peser le pour et le contre, de se redire ce qu’on veut faire exactement.

Pour ce beau texte, voyons ce que donne le récit de saint Luc dans une autre culture, une autre civilisation.

Pour cela, je vous invite à une expérience spéciale. La voici, n’ayez pas peur, nous allons nous téléporter en Asie….Ouvrons les yeux.

Le Maharadja de Brahmansimpur revient chez lui, tranquillement.

Du haut de son éléphant, il domine la foule. Majestueusement, l’animal orné de belles courroies dorées, écarte de sa trompe les badauds émerveillés qui s’inclinent respectueusement.

– Eh toi, l’homme, oui toi, crie le grand monarque. Viens un peu par ici, monte avec moi, je suis curieux de voir ce tu as dans la main, qu’est-ce que tu lis avec tant d’attention ? La route est longue jusqu’au palais et tu vas me tenir compagnie.

— Sire, je relis et médite ce que nous enseigne Notre Seigneur Jésus Christ.

– Si je comprends bien, tu es chrétien. Dis-moi donc ce qu’il raconte ton Jésus.

— Voici ce que j’ai commencé à lire : Avant de commencer à prêcher sa Bonne Nouvelle, Jésus s’est retiré au désert pour faire le point sur sa mission.

– C’est très bien, cela. C’est ce que font nos moines bouddhistes chez nous depuis des siècles

— C’est à ce moment que le diable cherche à brouiller les cartes. Il se méfie. Ce Jésus, qu’est-ce qu’il a derrière la tête? Le diable s’approche avec son faux air bonhomme

D’un air doucereux, le diable lui dit : J’ai beaucoup d’expérience, veux-tu que je te donne un bon conseil ? J’ai appris que tu venais pour bâtir un nouveau royaume. C’est vrai ?

Si tu es fils de Dieu, si tu veux devenir roi d’un grand royaume, écoute-moi, voici mon premier conseil : tu vois ces pierres, dis-leurs de devenir des pains.

– Ah, ah, pas bête, ton diable ! dit le maharadja, Je connais ça, tu n’as qu’à donner du pain, des babioles à la foule et tout le monde accourt, te dit merci. Si tu veux avoir des partisans, distribue des faveurs à tes courtisans et tu les tiens, ils ne peuvent plus se passer de toi. C’est le moyen numéro un.

Sais-tu comment mon grand-père, Dieu ait son âme, a bâti son royaume ?
Tout bêtement en contrôlant les ressources du pays. Être maître de l’économie voilà la clef du succès. Ton Jésus a dû apprécier le conseil.

— Ben, ben, ce n’est pas ce que je lis. Voulez-vous vraiment que je continue ?

– Allons, allons, mon brave, n’aies pas peur. Tu connais ma largeur d’esprit.

— Voici ce que Jésus répond au diable : « Il est écrit: l ‘homme ne vit pas seulement de pain »
Il veut dire que les richesses matérielles, bien qu’elles soient nécessaires pour vivre, ne sont pas le plus important. Il ne faut pas seulement se procurer de quoi manger, mais il faut aussi manger la parole de Dieu.

– J ‘avoue que je ne comprends pas bien, mais tu m’intrigues. Tu as peut-être raison. De fait, j’ai des garçons qui ne sont jamais contents. Tiens, l’autre jour, le plus jeune m’a dit : papa, tu n’es jamais à la maison, on se demande si tu nous aimes. Pourtant ils ont de tout à la maison, il ne leur manque rien, mais vraiment rien. Qu’est-ce qu’il leur faut en plus ?

Mais je t’ai interrompu.

— Voici le deuxième conseil que le diable donne à Jésus pour bâtir son royaume.

Il le conduit à Jérusalem, tout en haut du Temple.

– Oui, j’en ai entendu parler, mon cousin le vizir y est allé

— Tout en haut du temple, il lui dit : si tu es le fils de Dieu, jette-toi en bas.

– Ce n’est pas bête non plus. Regarde-moi, quand je passe dans la ville, monté sur mon grand éléphant, tout le monde est rempli d’admiration. Comme il est puisant notre maharadja ! Mais de là à sauter par terre pour les épater, non.
A quoi bon ?

— Le diable veut lui dire : saute de là-haut, sans te faire mal et ce sera le succès total. La foule réunie en bas va s’écrier : miracle, on n’a jamais vu rien d’aussi extraordinaire.

C’est cet homme-là qu’il nous faut ! Pas de doute, il vient de la part de Dieu !

– Pourquoi donc de la part de Dieu ?

— Parce qu’il est écrit dans l’écriture : Dieu donnera des ordres à ses anges et ils te garderont.

– Ton diable est encore plus malin que je pensais !

Il utilise les paroles de Dieu. Moi, je n’ai pas besoin de faire des miracles, j’avoue que mon ministre de l’intérieur utilise très bien les médias pour ma propagande, ça revient au même.

L’astuce est d’en mettre plein la vue au public et ils te suivent comme aveuglés.

— Mais justement, pardonnez-moi, maharadja, Jésus n’est pas du tout d’accord, il répond au diable: « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu »

Je crois qu’il veut dire : ne te prends pas pour un dieu.

– Bon, bon, j’ai compris. Mais continue un peu. Ton récit me paraît très curieux.

Ce n’est pas cela qu’on m’a appris. Moi, je crois plutôt aux bonnes vieilles recettes de mes ancêtres qui sont arrivés au pouvoir. Et justement, qu’est-ce qu’il dit du pouvoir ton diable ?

— Tu veux que je te lise ce qui suit ? C’est le troisième conseil.

« Le diable le conduisit sur une montagne, il lui montra tous les royaumes et lui dit : je te donnerai toute cette puissance avec sa gloire, mais à une condition :  prosterne-toi devant moi, si tu m’adores, tout ce pouvoir sera à toi »

– Je t’arrête, cette histoire de diable qu’il faut adorer, je n’y comprends rien.

Moi, je n’ai jamais vu le diable et jamais, jamais, je ne me suis prosterné devant lui pour arriver au pouvoir.

— Oh, Maharadja, je te connais bien, sinon je n’oserais pas parler ainsi devant toi. Cependant, permets-moi de poursuivre.

– Allez, tu peux parler.

— Nous connaissons d’autres dirigeants qui n’ont pas la même honnêteté. Ils n’adorent pas le diable en personne, mais pour eux le diable, c’est l’argent. Ils l’adorent au point de tout lui sacrifier, de lui dédier toutes leurs forces. Ils l’adorent tellement qu’ils oublient leur famille, leurs enfants, leur peuple.

D’autres adorent le diable quand ils écrasent toute opposition par la force et les armes. Nous avons connu d’autres maharadja qui sont arrivés au pouvoir par la ruse, les magouilles, le mensonge. Ne dit-on pas que le diable est père du mensonge ?

– Je vois ce que tu veux dire. Dis-moi encore, qu’est-ce que ton Jésus a répondu au diable. ?

— Tout simplement : « Il est écrit : tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu n’adoreras que lui seul »

Pour nous, le Seigneur notre Dieu est le Créateur de l’univers, de tous les êtres humains. Nous disons aussi qu’il est père de tous. Si je l’adore, lui, et lui seul, je cherche à agir comme lui, à aider tous ses enfants.

– Ce n’est pas sot du tout ce que tu me dis. J’ai connu dans mon royaume un vieux sage qui répétait sans cesse, respectez la nature, respectez tous les humains, car Dieu les aime tous.

Excuse-moi maintenant, nous arrivons au palais. J’ai été heureux de ta compagnie. Je voudrais à mon tour te demander un service. Pourrais-tu me prêter ton livre, tu l’appelles Évangile, je crois.

J’ai comme l’impression qu’il pourrait me rendre service. Tu sais, j’ai déjà réfléchi. Quand mon grand-père a pris le pouvoir, il n’a pas trop fait attention aux moyens. Aujourd’hui, il me faut changer, mon peuple n’accepte plus les méthodes d’autrefois.

Merci et j’espère que nous nous reverrons un jour.

C’est l’histoire d’un maharadja dans un pays lointain. Mais parfois j’ai l’impression de lui ressembler, nous donnons trop d’importance aux choses matérielles en oubliant que nous avons besoin de manger une vraie nourriture, ou bien nous cherchons le prestige, nous cherchons à paraître mieux que les autres, et finalement que de soucis pour notre pouvoir !