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Mamie Gisèle

Le canard sans ailes



Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10, 17-27

Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se laissa tomber à ses genoux et lui demanda: «Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? »
Jésus lui dit: «Pourquoi m’appelles-tu bon? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements: Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère.» L’homme répondit: «Maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse.» Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. Il lui dit: «Une seule chose te manque: va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel; puis viens et suis-moi.» Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses disciples: «Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu!» Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend: «Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.»
De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux: «Mais alors, qui peut être sauvé?» Jésus les regarde et répond: «Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu; car tout est possible à Dieu.»


Grand-mère, tu veux bien m’expliquer quelque chose ?

– Allez, assieds-toi, dis-moi. Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?

Tu sais, dimanche, Mr l’abbé a lu un évangile qui parlait d’un jeune homme riche.

 – Oui, celui qui était venu trouver Jésus pour lui demander ce qu’il devait faire ? Un jeune homme très bien.

C’est ça, et ce jeune homme au lieu de suivre Jésus, est parti. Mais je ne comprends pas pourquoi il est parti tout triste.

Pourtant, à sa maison, il avait tout ce qu’il fallait, il avait de grands biens, c’est ce que j’ai entendu. Il a dû être content de revenir chez lui.

– Écoute bien, je vais te raconter ce qui m’est arrivé l’autre jour. Regarde par la fenêtre, qu’est-ce que tu vois ?

Et bien… Je vois Trompette le plus beau canard de la ferme. Il a de si belles plumes, j’aime bien le regarder lorsqu’ il se promène dans la cour, en redressant le cou, il a l’air d’un roi.

Et quand il nage dans la mare, il est encore plus beau. On dirait qu’il a un petit moteur, il avance sans faire de vagues. Moi, je voudrais bien savoir nager comme lui.

On dirait que tous les autres canards, les poules, les dindons, et même le chien Philou sont comme jaloux, tellement il est bien.

– Maintenant, ma petite Camille, écoute-moi bien.

L’autre jour, j’étais assise sur le banc dans la cour, je n’étais pas très en forme ce jour-là, j’étais un peu triste.  Les soucis et mes rhumatismes. Bref… Comme Trompette passait devant moi, je me surpris à lui parler. Ah ouais, t’as bien de la chance Trompette… comme tu dois être heureux toi.

Mais Mamie, un canard, ça ne parle pas !

– Mais le mien, il m’a raconté sa vie ! J’en suis encore toute bouleversée.

Qu’est-ce qu’il t’a dit ? Tu peux me le dire, je ne le raconterai à Personne.

– Et bien, du tac au tac, il m’a répondu :

— Personne ne comprend combien je suis triste.

– Triste ? Ce n’est pas possible tu as tout ce qu’il te faut ici, tu manges bien, tu nages tous les jours, tout le monde t’admire.

— Alors vous croyez qu’un canard est fait seulement pour bouffer, pour se glisser dans l’eau.

Regardez donc en haut…Moi, je suis fait pour voler, pour planer sur les nuages, pour me laisser aller au gré des vents, pour regarder les maisons et les arbres d’en haut, du haut du ciel.
Et je suis ici à me traîner comme n’importe quel dindon.

– Mais, Trompette, tu n’as qu’à voler, tu as des ailes, de belles ailes. Vas-y, lance-toi, je serai la première à t’applaudir et tu reviendras me raconter tout ce que tu as observé de là-haut.

— Ne soyez-pas si cruelle, vous ne voyez donc pas qu’ils m’ont coupé les ailes. J’ai beau les étendre, là regardez, elles ne sont plus capables de me supporter.

J’ai déjà essayé de me lancer du haut du tas de paille, mais rien à faire. Je ne suis plus un canard de haut vol, je vous le dis, je ne suis qu’un gros dindon tout juste bon à se pavaner.

Mais comme je suis triste à l’intérieur !

-Allons, Trompette, ne te désespère pas. Tes ailes peuvent repousser, tu pourras encore voler dans le ciel.

— C’est trop tard ! Même si mes ailes repoussent je suis devenu trop gros et gras. Ils m’ont engraissé.
Le pire, c’est que je me suis habitué, je ne peux plus vivre sans ma pâtée de tous les jours.
Tous les matins, au lieu de lever les yeux vers le ciel, comme un vrai canard né pour les grands horizons, je guigne vers la porte.
Quand est-ce qu’elle viendra avec la bouffe ? Je fais exactement comme le chien Philou, mais pour lui, c’est normal, il n’a pas d’ailes pour voler.

C’est triste, Mamie, ce que tu me racontes-là. Pauvre Trompette c’est dommage qu’il ne peut plus voler.

Mais dis-moi, pourquoi tu me racontes l’histoire du canard triste ?

– Parce que c’est ce qui s’est passé avec le jeune homme de l’évangile.

Lui aussi, il aurait pu être un grand Apôtre comme Pierre ou Jacques ou Jean. C’était un jeune homme très bien. Il désirait faire de grandes choses avec Jésus, mais on peut dire qu’il avait les ailes coupées.
On peut dire aussi qu’il était gavé comme un gros canard avec ses richesses. Il n’était plus capable de se lancer.

Comprends-tu cela ?

Oui, oui, Mamie, je crois que je comprends ce qui s’est passé.

Est-ce que tu crois qu’il y a aujourd’hui beaucoup de personnes qui ressemblent à ce jeune homme riche, ou à mon canard Trompette ?

– Beaucoup, je ne sais pas. Mais j’ai connu des amis qui étaient très bien, mais au fond de leur cœur, on sentait comme une tristesse. Ils sentaient bien qu’ils étaient faits pour voler bien haut, mais pour eux, c’était tous les jours, se lever, manger, partir travailler, revenir, s’installer devant la télé, manger, dormir, et le lendemain recommencer.

Comme le beau canard qui tourne en rond dans la cour en regardant tristement vers le ciel.

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Mamie Gisèle

Quel Déluge !



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17, 26-37

Jésus disait à ses disciples: «Ce qui se passera dans les jours du Fils de l’homme ressemblera à ce qui est arrivé dans les jours de Noé. On mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Puis le déluge arriva, qui les a tous fait mourir.
«Ce sera aussi comme dans les jours de Loth: on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait; mais le jour où Loth sortit de Sodome, Dieu fit tomber du ciel une pluie de feu et de soufre qui les a tous fait mourir; il en sera de même le jour où le Fils de l’homme se révélera. Ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse, et qui aura ses affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter; et de même celui qui sera dans son champ, qu’il ne retourne pas en arrière. Rappelez-vous la femme de Loth. Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera. Je vous le dis: Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit: l’une sera prise, l’autre laissée. Deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain: l’une sera prise, l’autre laissée.»
Les disciples lui demandèrent: «Où donc, Seigneur?» Il leur répondit: «Là où il y a un corps, là aussi se rassembleront les vautours.»


Dieu dit à Noé : Entre dans l’Arche, toi et ta maison, car je t’ai vu juste parmi cette génération _ Genèse 7

L’Arca, l’immense vaisseau géostationnaire, poursuivait sa course silencieuse sur son orbite. Ses habitants regardaient sidérés le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux.

Le passage sur Notre Dame de Paris les avait effrayés, ces gens venus des périphéries qui se battaient sur le parvis, le pillage du centre de la ville….

Plus loin, agonisaient les rares survivants d’Alexandrie. Un couple vietnamien détourna la tête, malgré son impassibilité coutumière, lorsqu’ils survolèrent le Mékong.

Certes, tous remerciaient en eux-mêmes le professeur Nohet de les avoir soustraits à cette folie insensée en les embarquant dans son vaisseau.
Mais ce qu’ils avaient laissé en bas les remplissait d’amertume et de tristesse.

Comment l’humanité avait-elle pu en arriver là ? Un déluge de feu, des destructions, des massacres en série. Les peuples qui se jetaient les uns sur les autres. L’humanité était comme submergée par des eaux noirâtres, personne ne survivrait à un tel cataclysme…

La voix du Maître retentit dans les interphones, voix douce et ferme à la fois, voix de celui qui à temps vu monter la folie des hommes et planifié l’après-déluge.

– Mes enfants, voici quarante jours sidéraux que nous vivons ensemble, quarante Jours qui nous ont permis de comprendre, de méditer où nous conduisait l’égoïsme et la violence.
Hélas, vous avez vu de vos yeux ce qui est advenu. Maintenant, regardez l’avenir. Vous avez refait vos forces, vous vous êtes préparés. Tous ensemble, vous devez rebâtir la terre.

L’heure est venue de repartir chez vous.

-Mais, professeur Nohet, s’écria Aurora, c’est impossible, regarde mon pays, mon cher Pérou. Il ne reste rien.

-Ne crois pas cela, Aurora, regarde bien, vois ces petites plantes d’espoir qui commencent à percer sur les terres dévastées, comme des perce-neiges après l’hiver, comme des rameaux d’olivier qui reverdissent.
Tu les chercheras et tu les aideras à grandir, tous ces humains de bonne volonté qui ont souffert, et qui ont refusé de se joindre à la violence. Retrouve-les, ces colombes de la paix, et ensemble, vous referez un monde meilleur…

-Oui, sans doute, mais nous sommes tellement peu !

-Rassure-toi, je reste avec vous. Dans les moments difficiles, vous regarderez le ciel et vous découvrirez que vous n’êtes pas seuls.

Sur ces paroles énigmatiques, les mille portes de l’Arca s’ouvrirent, les navettes s’élancèrent.
Elles partaient dans tous les sens, survolaient les continents et se posaient sur les terres à remodeler.

La navette 7105 parvint vite à son lieu de destination. Jeanne et Paul en descendirent. Oui, nous sommes bien chez nous, c’est bien notre rue, ce sont bien nos vignes.
Allons, mettons-nous au travail.

C’est alors que Jeanne leva les yeux, la navette repartait dans un sifflement strident.

Et merveille ! Entre la terre et le ciel s’élevaient, majestueuses et réconfortantes, toutes les couleurs de l’arc en ciel.

Jeanne prit la main de son époux. Non, nous ne sommes pas seuls, non la méchanceté des hommes ne l’emportera pas.

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Mamie Gisèle

La parabole de la brebis perdue ou le chat perdu



Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 15,1-10

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: «Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux!» Alors Jésus leur dit cette parabole: «Si l’un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve? Quand il l’a retrouvée, tout joyeux, il la prend sur ses épaules, et, de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins; il leur dit: “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue!”
«Je vous le dis: C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.
«Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve? Quand elle l’a retrouvée, elle réunit ses amies et ses voisines et leur dit: “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue!”
« De même, je vous le dis: Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit.»


Les gens sont méchants.

Hier à une réunion quelqu’un m’a dit :

-Madame, vous êtes bien bête de passer votre temps à saint Vincent de Paul. Je ne vois vraiment pas pourquoi ça vous plait autant. Ces gens-là n’ont qu’à travailler, je suis sur qu’ils ne vous disent même pas merci.

Si ça me plait, bien sûr que ça me rend heureuse.

Tenez, vous savez ce qui est arrivé à ma voisine avant-hier ?

Je vais lui dire bonjour, j’arrive à sa maison et j’entends des cris, des éclats de rire, avec ses copines du quartier quelle joie !

Qu’est-ce qui se passe ? Vous avez gagné le gros lot ?

Mieux que ça, j’ai retrouvé mon chat, c’est Pierrot le petit garçon de Paulette qui l’a retrouvé. Ah c’est formidable !

Le chat, le chat, en moi même je me dis, ce vieux et sale chat, rachitique, à moitié aveugle !

Je sais, je sais, elle y tient à son chat. C’est celui de son mari qui est mort il y a déjà 4 ans.

Cela fait trois jours qu’elle parcourt tout le quartier : vous n’avez pas vu mon chat ?

Oui, le voilà tout mouillé, ébouriffé, du sang sur les poils, les oreilles déchirées par les matous du coin.

Il y avait de quoi rire, tant de peine pour un miséreux chat perdu, mais je n’ai pas ri.

Je ne pouvais pas rire d’un cœur aussi tendre, au contraire.

Il y a des gens qui se donnent bien du mal pour rafler l’argent des pauvres, quitte à les écraser encore plus, mais elle, elle s’est donnée du mal, pour une bestiole qui ne pouvait montrer que sa détresse.

Comme disait le pape François, un cœur miséricordieux, un cœur qui est ému par les miséreux, c’est ce cœur-là qui est dans la joie..

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Mamie Gisèle

Je ne comprends pas mon père



Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 5,1-3 11-32

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: «Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux!»
Alors Jésus leur dit cette parabole: «Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: “Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient.” Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait et partit pour un pays lointain, où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre.
«Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère. Il alla s’embaucher chez un homme du pays qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
«Alors il réfléchit: “Tant d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai: Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends-moi comme l’un de tes ouvriers.”
«Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: “Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils…” Mais le père dit à ses domestiques: “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le; mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent la fête.
«Le fils aîné était aux champs. À son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait. Celui-ci répondit: “C’est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a vu revenir son fils en bonne santé.”
«Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait. Mais il répliqua: “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est arrivé, après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras!” Le père répondit: “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé.” »


Moi, franchement, je suis d’accord avec le fils aîné. Vous vous rendez compte.

Cette histoire, cette parabole comme on dit, que nous raconte Jésus, j’ai du mal à la comprendre.

Vous n’êtes pas d’accord avec moi ?

Mettons-nous un peu à la place du fils aîné qui voit revenir son vaurien de frère. Écoutons-le :

Mon petit frère, bon, je l’appelle encore petit frère, mais c’est maintenant un voyou, je vais l’appeler l’enfoiré, Oui, pour moi, il n’a plus de nom.

Il y a deux ans, il est parti. Mon pauvre papa, il est bien trop bon.

L’enfoiré lui dit :

– Papa, tu as bien prévu de nous donner à mon frère et à moi, une part de l’héritage.

– Oui, oui, mon enfant, c’est prévu comme ça.

– Eh bien, papa, j’ai décidé d’aller voir d’autres pays, de connaître le monde, je vais aller à la ville, j’en ai marre d’être toujours ici à soigner les animaux, à trimer dur dans les champs.

Vous vous rendez compte ? Traiter ainsi mon père, moi, je lui aurais envoyé mon pied quelque part, mais papa est trop bon, trop faible « oui, mon enfant, si tu veux partir, vivre autre chose, je te donne ce que j’avais prévu. Fais-en un bon usage »

Tu parles, un bon usage, moi, je le savais ce qu’il allait faire. Au bout de six mois, mon cousin Jacob me dit :

– Tu sais, ton frère, celui que tu appelles l’enfoiré, tu sais ce qu’il est devenu ? Je l’ai vu dans un champ en train de garder des cochons. Oui des cochons ! Des animaux impurs, quelle décadence. Un Juif qui se met au service des cochons.

L’enfoiré, je ne l’aime pas, mais quand même. Tu exagères, mon cousin ??

– Pas du tout. Oh, au début, il a mené la belle vie, l’argent coulait à flots, et les orgies, et les filles, et les copains de virée, magnifique, mais tout ça n’a pas duré. Tu le penses bien.

En traînant les pattes, il est allé voir un éleveur de cochons : Vous auriez pas une petite place pour moi, j’ai tellement faim.

Il est tombé sur un bec ; le patron en a profité. Vas-y garde mes cochons, mais ne t’avise pas de manger leur nourriture, ça me coûte assez cher, je ne vais pas nourrir un fainéant comme toi. Tu n’avais qu’à prendre soin de tes sous.

Vous me suivez ?

Finis les rêves de belle vie, c’était la déchéance complète.

Attendez, c’est fini. Voilà qu’un jour, je reviens des champs, moi, le fils aîné, tout juste bon à trimer sans arrêt.

Le soleil, la poussière, les reins qui me faisaient mal, je m’approche de la maison, de la musique, des champs, des cris de joie, une fête, je n’étais pas au courant, on aurait bien dû m’avertir, je serais revenu plus vite.

Je m’approche… J’appelle le vieux serviteur qui était près de la porte. Johan qu’est-ce qui se passe ?

-Ah, quel bonheur, c’est ton frère qui est revenu… Revenu.

-L’enfoiré est revenu ?

– Oui, en mauvais état, tout maigre comme un fil de fer, des sandales rapiécées, des vêtements en lambeaux.

– Et on ne l’a pas mis à la porte ! Quel culot !

– ll s’est jeté aux pieds de ton père : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi »

Mais il n’a pas eu le temps de continuer, ton vieux papa, qui avait couru pour le rencontrer, le relève, le prend dans ses bras.
Il lui redonne l’anneau comme si c’était encore son fils, il l’embrasse.

Allez chercher un veau gras, faites-le cuire, nous allons faire la fête ; mon fils qui était perdu, il est retrouvé, quel bonheur !

– Ah, non, c’est trop fort, c’est le comble, je lui ai bien dit à mon père : voilà des années que je suis à ton service, à trimer comme pas un, et rien, pas un chevreau pour faire la fête avec mes amis. C’est l’enfoiré arrive, le vagabond, le vaurien, et tout le monde se met à danser.
Et moi, non, je reste dehors, pas question de me prêter à cette mascarade

Vous savez ce qu’il m’a répondu, mon père ?

Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, tout ce qui est à moi est à toi.

Je l’avoue, j’ai du mal à comprendre. C’est un homme tellement bon, mais pour moi, il est vraiment trop bon. Je vous dis ce qu’il a essayé de m’expliquer :

Mon enfant, essaie de me comprendre : tu sais combien j’ai souffert chaque fois qu’on me racontait ce qui se passait avec ton frère, sa dégringolade, sa déchéance, et quand il revient, lui qui était mort, il revient à la vie, il était perdu et il est retrouvé.
Je sais ce qu’il a fait, mais c’est mon fils, et je l’aime.

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Mamie Gisèle

Un Dieu Fatigué ???



Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 4,5-42

Jésus arrivait à une ville de Samarie appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était assis là, au bord du puits. Il était environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » (En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.) La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.) Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l’eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l’adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. »
Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus.
Pendant ce temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger ; c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se demandaient : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur. Il est bien vrai, le proverbe : L’un sème, l’autre moissonne. Je vous ai envoyés moissonner là où vous n’avez pas pris de peine ; d’autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »


-Qu’est-ce que vous regardez Mamie Gisèle ?

-C’est un tableau qui représente Jésus qui parle avec une femme, une Samaritaine. Jésus vient  de marcher sur les routes de Palestine et, fatigué, il s’arrête au bord d’un puits ; il a soif il  demande à cette femme, une étrangère, pas tellement aimée des Juifs, de lui donner à boire.

-Jamais il n’aurait dû faire ça, un Maître ne parle pas à une femme dans la rue, surtout pas à un casi ennemi du peuple. C’est choquant, vraiment scandaleux.

– Moi, ce qui ne me plaît pas dans ce tableau, vous savez quoi ?

Ce Jésus, vous dîtes bien qu’il est Fils de Dieu.

Alors qu’est-ce que ça veut dire qu’il est fatigué, qu’il a soif ? Et quoi encore ? Et vous l’admirez en plus ? Je ne vous comprends pas, Mamie Gisèle.

À l’armée, j’ai eu un lieutenant de paras, jamais fatigué, jamais soif, ça, c’était un chef, on l’aurait suivi n’importe où. Mais un dieu fatigué, je n’en ai pas besoin

– Joseph, je vais te raconter ce que j’ai vu il y a trois mois, à l’hôpital. Tu te souviens de Mme Rolande ?

– Oh, oui, une vraiment brave femme ; si gentille. Quel malheur, comme elle a souffert.

– Le jour où je suis passée, elle m’a regardée et m’a dit dans un souffle : Gisèle, passe-moi ton crucifix. Mon neveu qui est si brillant, si fort, il est venu et c’est à peine s’il m’a dit bonjour comme un étranger.

Mais Lui, Jésus, je sais qu’il est passé par là, lui aussi. Il me comprend. Ce n’est pas un Dieu étranger pour moi.

Je suis fatiguée, il a été fatigué.

J’ai besoin qu’on m’aide, il a demandé de l’aide même à une étrangère.

Gisèle, est-ce que je peux garder ta croix ? Merci. Je ne suis plus toute seule.

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Mamie Gisèle

Aimer ses Ennemis ? Et quoi encore ?



Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,43-48

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait: «Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.
«Eh bien moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant? Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.»


Je reviens à la charge, Madame Gisèle. Votre Jésus, il est bien bon, mais vraiment, il rêve / aimer ses ennemis, qu’il nous dit, vous vous rendez compte ?

Des ennemis, on ne les aime pas, on s’en méfie, on les tient à l’écart.

– Oui, il a bien dit : « Vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent »

Tu écoutes souvent la radio, Josette. Tu as entendu comme moi qu’on parle de communautarismes.

Qu’est-ce que c’est ? Si tu es portugais, tu vas avec les Portugais, avec eux, ça va marcher. Si tu es rom, ou breton ou ch’ti, tu restes bien au chaud avec ceux de ta race, de ta culture, ceux de ton village. Pas de problème. Chaque communauté à part, on ne s’occupe pas des autres.

Le résultat ? Magnifique ! les Bretons entre eux, ils s’entendent bien, ils chantent en breton, ils se donnent des coups de main entre bretons. Mais les autres communautés ? Je ne les connais pas, je ne les fréquente pas, je m’en méfie, ils ne sont pas comme nous..

Je crois que j’ai compris : aimer son prochain, aimer ceux de sa communauté, c’est encore assez facile, mais aujourd’hui, ça ne suffit pas. Il faut renverser les barrières, apprendre à se connaître par-dessus les murs. Autrement, on aboutit à des ghettos, à des chasses réservées, à des réserves d’Indiens qui se parlent à coups de flèches.

Oui, réfléchis, Aimez ses ennemis, ce n’est certainement pas facile, mais si on ne le fait pas, qu’est-ce qui va arriver ?

Tu as déjà vu en ville des beaux quartiers entourés de grillages. ? Au-dedans, ils sont bien entre eux, ils ne s’occupent pas du bidonville qui grandit là tout près. Tu voudrais une ville où chaque quartier, chaque rue deviendrait un bloc de béton fermé aux autres ? Crois-moi, Josette, apprends à aimer tes ennemis et ça ira mieux.

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Mamie Gisèle

L’AFFAIRE DU FILET



Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,14-20

Après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu; il disait: «Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.»
Passant au bord du lac de Galilée, il vit Simon et son frère André en train de jeter leurs filets: c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit: «Venez derrière moi, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes.» Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent.
Un peu plus loin, Jésus vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient aussi dans leur barque et préparaient leurs filets. Jésus les appela aussitôt. Alors, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui.


Le soldat Cornélius s’assit péniblement. Il ôta son casque et essuya son front couvert de sueur. L’été à Capharnaüm était trop brûlant.

Drôle de travail, enquêter sur un filet. Il en a de bonnes le Centurion, s’il croit que c’est facile. !

« Allez un peu fouiner du côté du lac, qu’il m’a dit, mais discrètement . J’ai entendu parler d’un remue-ménage dans la foule. »

Il est chatouilleux le centurion, toujours peur d’une émeute.

Il n’a pas tort, Ici en Galilée, t’as intérêt à faire gaffe. Les gens sont toujours prêts à rouspéter. Dès que tu arrives, ils te tournent le dos.

L’autre jour un gamin a crié devant moi :

« tu verras, sale romain, quand le Messie viendra…. »

Bon, Cornélius, va-t-en au rapport.

A vos ordres, mon Centurion ! Je suis allé au bord du lac. Des gens étaient rassemblés et discutaient sec. Rien pu en tirer. Tous muets.

Ben nous avons trouvé un filet, là sur la plage. On se demande à qui il est.

– Et vous ne savez pas, c’est un peu fort ! On ne laisse pas traîner des filets comme ça !

– Non, on ne voit pas.

– Et cette barque, là, à qui elle est ?

– On ne sait pas.

– Enfin, elle n’est quand même pas arrivée toute seule ?

– On ne sait pas.

J’ai attendu qu’ils partent tous, ces excités. Le centurion a raison, il se trame des choses dans ce pays.

C’est une gamine qui m’a renseigné. Je lui ai refilé une photo du Colisée a Rome et elle m’a dit : c’est Simon.

– Simon, le pêcheur ?

– Oui, il sortait de la mer avec son filet et ses poissons. Un homme l’attendait. Ils disent qu’il vient d’un village de l’intérieur, un nom comme Nazara ou Nazareth.

– Il s’appelle comment cet homme ?

– J’ai entendu qu’on lui disait Jesouha. Il s’est tourné vers Simon et lui a dit : « viens, suis-moi ».

Il a encore dit, même que des gens ont rigolé : »Je ferai de toi un pêcheur d’homme ». Simon, il est parti tout de suite, en laissant tout tomber. On n’aurait jamais cru cela.

– C’est tout ce que vous avez appris, Cornélius ?

Oui, mon Centurion. Sitôt après, d’autres ont suivi cet homme, les fils d’un dénommé Zébédée. M’est avis qu’il y en aura d’autres, d’après ce que j’ai cru comprendre. Vous avez raison de vous inquiéter. Si cela continue on va encore avoir affaire à une bande d’énergumènes qui fonce au désert et prend les armes contre nous.

– Ah, ah, vous êtes sûr ? Et vous n’avez pas essayé d’avoir des tuyaux sur ce, comment dîtes-vous, Jesouha ?

Oui, mais je n’y comprends rien. On m’a dit que cet homme-là n’est pas comme les autres. Ce n’est pas un braillard ou un illuminé, il parle à tout le monde sans mépriser personne. C’est ce qui fait son succès. Les gens disent : « II ne parle pas comme les scribes, eux ils nous écrasent de leur science, lui il est bon, il aime les petites gens. »

– Oh là, soldat Cornélius, on dirait que ce Jesouha vous impressionne. Bon, soyons sérieux, vous allez continuer à me surveiller cette affaire. Tâchez de savoir où ils sont passés, ce qu’ils font, s’ils ameutent les foules, et vous venez au rapport dès que vous avez quelque chose.

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Mamie Gisèle

Un bon samaritain, ça existe encore ?

Pour écouter la version longue:


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 10,25-37.

Pour mettre Jésus à l’épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question: «Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle?» Jésus lui demanda: «Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit? Que lis-tu?» L’autre répondit: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.» Jésus lui dit: «Tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie.»
Mais lui, voulant montrer qu’il était un homme juste, dit à Jésus: «Et qui donc est mon prochain?» Jésus reprit: «Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits; ceux-ci, après l’avoir dépouillé, roué de coups, s’en allèrent en le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit; il le vit et passa de l’autre côté.
«Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui; il le vit et fut saisi de pitié. Il s’approcha, pansa ses plaies en y versant de l’huile et du vin; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant: “Prends soin de lui; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.” Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits?» Le docteur de la Loi répond: «Celui qui a fait preuve de bonté envers lui.» Jésus lui dit: «Va, et toi aussi, fais de même.»


Grand-mère, je n’y comprends rien à cette histoire. Qui c’est ce monsieur qu’on appelle samaritain ? Et puis il y a un prêtre, ça, je comprends mieux, mais aussi un lévite. Et tu crois que ces gens-là, ils seraient passés à côté du malheureux sans rien faire ?

Bon, je vais te la raconter autrement, tu verras que cette histoire comme tu dis, existe toujours.
C’est ma voisine qui me l’a racontée. L’hiver dernier, il avait gelé, du verglas partout, la route du village était vraiment dangereuse et bien sur, ma pauvre voisine est allée au fossé; coincée dans la voiture, il faisait un froid terrible.

Heureusement, passe un monsieur, quelle chance, c’était le premier adjoint du village. Elle a reconnu tout de suite sa camionnette. . Je n’y comprends rien, au lieu de s’arrêter, il continue, il ne me voit même pas, il a les yeux fixés sur le verglas ; bien sûr, à son âge, il n’est pas rassuré, et me voilà encore toute seule, frigorifiée.

Dix minutes après, c’est le forgeron, lui, il est costaud, il va me tirer de là tout de suite; mais non, c’est bien ce qu’on dit, avec son caractère de cochon, je suis sur qu’il a dû se dire : la vieille, elle n’a qu’à rester à sa maison.

Alors je vais rester ici paralysée ?
Celui qui arrive, non, je ne peux pas compter sur lui, c’est une espèce de SDF connu dans tout le pays. Certain qu’il va même ricaner, j’avoue que je n’ai pas toujours été gentille avec lui, avec ses habits tout sales et son odeur de calvados.
Un jour, je lui ai même lancé: alors, votre tacot, il roule toujours, c’est un moteur à alcool? Il aurait de quoi se venger.

Là, je me suis trompée complètement; le Jules, le voilà qui s’arrête : ah ma bonne dame, qu’est-ce qui s’est passé, bougez pas, je vais soulever la porte, là glissez vous doucement, ça y est, c’est fait, vous ne pouvez plus marcher; pas de problème, je peux vous soulever, princesse, montez dans mon carrosse, vous êtes gelée, je vous conduis aux urgences, ben oui, il parait que les pompiers sont en panne, trop d’accidents aujourd’hui.
Et ne vous en faîtes pas, comme vous êtes toute seule à la maison, j’irai vous dire bonjour ; ça n’est quand même pas compliqué de se donner un coup de main.

Quand ma voisine m’a raconté cela, elle en avait encore les larmes aux yeux. Les gens bien, qu’elle me disait, ce n’est pas toujours ceux qu’on pense. Le Jules, quand je le rencontre maintenant, je ferme quasiment les yeux pour ne pas regarder ses habits, et j’essaie de voir le plus important, le coeur énorme qui est en lui.
Tu as compris maintenant l’histoire, la parabole du bon samaritain ?

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Mamie Gisèle

Une Divine Apparition



Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 17, 1-9

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! »
Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur ! » Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »



Cette fois-ci, Mamie Gisèle, nous sommes en plein rêve, un vrai film de science-fiction, avec des effets spéciaux, genre « Guerre des Étoiles », les épées lumineuses en moins.
Qu’est-ce qu’il raconte votre évangile ?? Jésus transfiguré, ses vêlements plus blancs que la neige et une nuée tout autour ? C’est un conte de fées. Et les apôtres qui en restent baba… Transfiguré, transfiguré, quoi encore ?

– Joseph, qu’est-ce qui s’est passé hier matin chez toi, quand je suis allé t’emprunter ta perceuse ?

Ta petite fille, Lucie, si mignonne dans son berceau, la pauvre comme elle pleurait, comme elle criait ! Et tout d’un coup quand tu t’es penché sur elle, elle t’a fait un sourire extraordinaire.

J’en avais moi-même les larmes aux yeux de la voir si jolie, changée d’un seul coup, transfigurée et toi tu es resté baba comme tu dis… Ça, c’était la vraie Lucie que tu aimes tant.

C’est ce qui s’est passé le jour où Jésus a été transfiguré.
Quelques jours après, les apôtres vont le voir maltraité, humilié, couvert de plaies.
Mais aujourd’hui, ils ont vu la vraie réalité. Cet homme, qui s’appelle Jésus, a été transfiguré, illuminé de l’intérieur, au contact de son Père, rempli d’un si grand amour, il est devenu tout sourire, toute lumière, transfiguré par un immense amour.

Je vais te faire une confidence Joseph.
Peut-être qu’un jour, je vais devenir une veille femme toute rabougrie et souffrante
Mais j’ai un souhait, un rêve. Si mes petit-enfants pouvaient se souvenir de moi comme d’une mamie sourire, d’une mamie lumière, une mamie transfigurée par l’amour qu’elle a pour eux.

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Mamie Gisèle

Le diable, vous y croyez ?



Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4,1-11
Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le démon. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le démon l’emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le démon l’emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m’adorer. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu adoreras. »
Alors le démon le quitte. Voici que des anges s’approchèrent de lui, et ils le servaient.


Quelle histoire, vous y croyez, vous Mamie Gisèle à cette histoire du diable dans le désert ?
C’est un conte pour enfants. Et puis changer des pierres en pain, qu’il lui dit le diable à Jésus , vous avez déjà vu ça ?

Mais bien sûr, mon cher Joseph, je vois ça tous les jours et toi aussi.
Changer les pierres en pain ?
Mais Joseph, tu n’aurais pas envie comme certains de posséder le pouvoir économique ?
Comme on dit : celui qui a les cordons de la bourse, il peut mener tout le monde à sa guise quitte à glisser en douce quelques pots de vin.

Celui qui possède les médias, il peut en mettre plein la vue à tout le monde !

Regardez, je suis capable de sauter du haut du temple

Tu connais la blague canadienne ? Messieurs dames, votez pour moi, je vous ferai construire un pont.
– Mais Monsieur le député, nous n’avons pas de rivière !
– Justement je vous en ferai une de rivière.

N’importe quoi pour éblouir les gogos.

Celui qui possède le pouvoir politique et la force armée, il peut faire trembler tout le monde, et ce n’est pas ça qui manque dans notre pauvre monde d’aujourd’hui.

Eh ben Mamie Gisèle vous en avez une façon d’expliquer les choses; mais vous avez raison, des diables j’en vois maintenant partout; Méfions-nous..