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Noce de Cana – Heureusement qu’elle était là


Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2, 1-11

Il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. Or, on manqua de vin; la mère de Jésus lui dit: «Ils n’ont pas de vin.» Jésus lui répond: «Femme, que me veux-tu? Mon heure n’est pas encore venue.» Sa mère dit aux serviteurs: «Faites tout ce qu’il vous dira.»
Or, il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs; chacune contenait environ cent litres. Jésus dit aux serviteurs: «Remplissez d’eau les cuves.» Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit: «Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas.» Ils lui en portèrent.
Le maître du repas goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit: «Tout le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant.»
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.


Ce jour-là, Jésus arrive avec ses premiers disciples dans un petit Village qui s’appelle Cana.

Saint Jean nous raconte ce qui s’est passé ce jour-là.

A Cana, il y a une noce et c’est la fête.

Les mariés sont assis à la table, tout est prévu, il y a même un maître de cérémonie, un majordome, qui veille à ce que tout se passe bien. On mange, on boit, on danse, on chante, c’est parfait.

Mais pourquoi donc Marie, la mère de Jésus, semble-t-elle aussi inquiète ? Est-ce qu’elle ne se sentirait pas à l’aise dans cette fête ? Au contraire, elle est heureuse de voir la joie de tous ces braves gens.

Discrètement, elle va trouver Jésus et lui dit à l’oreille ? « Ils n’ont plus de vin » Jésus comprend tout de suite.

Les gens de la fête sont heureux et insouciants mais ils ne se rendent pas compte de ce qui va leur tomber sur la tête. Dans quelques instants, finis les chants et les danses !

Marie, toujours très attentive, voit ce que les autres ne voient pas.

Peut-être qu’elle pense aussi : Quel dommage, ces jeunes mariés paraissent si heureux, mais tout le village va se moquer d’eux… Ah, ils ont voulu inviter large, ils voulaient beaucoup de monde à leur mariage, mais ils auraient mieux fait d’acheter quelques cruches de vin en plus. Tant pis pour eux.

Remarquez ce que Marie dit à Jésus, simplement : « Ils n’ont plus de vin »

Elle ne lui dit pas : « Tu devrais faire ceci ou cela, elle le laisse libre de faire ce qu’il pense. »

Jésus a une réponse qui nous surprend : « Femme, mon heure n’est pas encore venue »

Qu’est-ce qu’il veut dire ?

« Tu voudrais que je vole au secours de ces jeunes mariés, mais je suis venu pour sauver le monde. Aujourd’hui, Je suis à la noce, moi, et rien d’autre. Quand je rencontrerai des boiteux, des aveugles, alors à ce moment-là, je volerai à leur secours pour les guérir. Mon père m’a envoyé pour rendre la vie à ceux qui sont comme morts, pas pour donner du vin un jour de noce. Chaque chose en son temps. »

Sa mère ne se laisse pas arrêter. Elle connaît bien son fils, elle sait qu’il est sensible à toute détresse, pas seulement celle des malades et des boiteux…

Peut-être aussi qu’elle se dit : mon fils veut avant tout que tous les hommes soient heureux, il veut que tous puissent s’asseoir au banquet de Dieu. Eh bien, c’est l’heure de commencer ce banquet aujourd’hui à Cana.

Elle se lève, va trouver les serviteurs et leur dit : « Faites tout ce qu’il vous dira »

Une fois encore, elle laisse Jésus décider lui-même de ce qu’il doit faire.

Mettons-nous à la place des serviteurs, ils ont du être affolés : Vous voyez ces grandes cruches, leur dit Jésus, celles qui ont servi pour laver les pieds des invités à cause de la poussière du chemin. Allez les remplir d’eau.

Imaginons la tête des serviteurs. Nous n’allons quand même pas leur laver les pieds une deuxième fois. Pourtant, ils obéissent et remplissent les cruches.

Maintenant vous allez remplir les verres des invités. Quelle idée ! Il croit que les invités vont se contenter de boire de l’eau au lieu du vin ! Ils obéissent encore. Merveille ! c’est du vin qui coule dans les verres.

Sensationnel ! Bien sûr, les gens ne se rendent pas compte de ce qui se passe, les serviteurs si, mais surtout le majordome qui vient trouver le marié. Il n’a pas l’air content :

Qu’est-ce que tu as fait ! Tu ne m’as pas dit que tu avais une réserve de bon vin. Moi, je l’aurais servi au début du banquet, quand les gens sont encore capables de l’apprécier, mais toi, tu le sers à la fin, à ce moment-là ils ne sont plus capables de voir si le vin est de première qualité !

Voilà, c’est ce que nous raconte saint Jean.

Mais il ajoute à la fin de son récit : « Ce fut le premier signe que Jésus fit devant ses disciples »

Signe de quoi ?  Justement que Dieu vient inviter tous les hommes à une noce, à un grand banquet et c’est un banquet où tous pourront être dans la joie, sans crainte.

Si nous lisons la suite de l’évangile, nous voyons qu’à partir de ce jour-là, Jésus commence à guérir les boiteux pour qu’ils marchent comme tout le monde, les aveugles pour qu’ils voient les beautés de la nature, les lépreux pour qu’ils puissent revenir à leur maison. C’est une façon de leur dire, venez, entrez dans la salle du banquet. Vous êtes tous invités et il y en aura pour tous jusqu’à la fin.

Saint Jean dit encore : « Ses disciples crurent en lui. » Qu’est-ce que cela veut dire ?

Seigneur, nous sommes d’accord avec toi, nous marchons avec toi, si c’est cela que tu veux faire, donner du bon vin à tous, et inviter tous nos frères à un grand banquet où il ne manquera rien.

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Madame Esther

Elle l’a bien mérité !



Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8, 1-11

Jésus s’était rendu au mont des Oliviers; de bon matin, il retourna au temple de Jérusalem. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus: «Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu?» Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus s’était baissé, et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit: «Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre.» Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés.
Jésus resta seul avec la femme en face de lui. Il se redressa et lui demanda: «Femme, où sont-ils donc? Alors, personne ne t’a condamnée?» Elle répondit: «Personne, Seigneur.» Et Jésus lui dit: «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus.»


Depuis quelques jours, l’ambiance était assez malsaine.

Les apôtres qui suivaient Jésus, ne se sentaient plus tellement à l’aise.

Où étaient les beaux jours des débuts, quand les foules couraient derrière Jésus, pour voir ses miracles, pour lui demander de guérir leurs malades, mais aussi pour entendre ses paroles.

Comme ils étaient heureux ces pauvres gens, accablés par la vie.

Pour la première fois, ils entendaient des mots pleins de compassion, ils étaient émus quand il posait son regard sur leurs enfants.

Mais peu à peu, par-derrière, on commençait à grincer, à murmurer.

Qui osait le critiquer ? Oh, ce n’était pas n’importe qui, des hommes respectés, des hommes réputés pour leur religion, qui observaient la loi de Moise au pied de la lettre.

Jean avec les autres Apôtres se posent des questions :

Pourquoi s’acharnent-ils ainsi contre notre Maitre ? Il ne fait rien de mal, au contraire. Bien sûr, il ne tient pas assez compte de la Loi, il lui arrive de guérir un jour de sabbat. Ce jour-là, interdit de faire quoi que ce soit qui ressemble à un travail.

Mais qui pouvait en vouloir à Jésus ? Il était trop bon, une femme venait avec un enfant malade dans les bras, il se laissait prendre par la pitié.

Il aurait pu dire, revenez demain, après le sabbat, mais non, il s’écriait aussitôt, talithakoum, enfant, lève-toi.

C’est cela qu’on lui reproche, oublier la loi quand quelqu’un souffre ?

Les reproches sont violant :

Est-ce qu’il se croit supérieur à Moise qui avait donné les tables de la Loi

Non mais pour qui se prend-t-il ? On peut être bon, mais la loi, c’est la loi.

Ce jour-là, pourtant, c’était plus calme.

Jésus était là assis dans le Temple de Jérusalem, autour de lui, des hommes, des femmes, des enfants, tous heureux de l’entendre.

Comme il faisait bon de l’entendre parler de Dieu, de sa bonté, de son amour pour les petits.

Tout à coup, un groupe s’avance. Oh là, pense Jean, ils n’ont pas l’air commodes, qu’est-ce qu’ils mijotent encore ?

Quelques-uns ont le sourire aux lèvres. Mais un sourire perfide, le sourire de quelqu’un qui se prépare à jouer un sale tour.

Celle qui n’a pas le sourire, c’est la femme qu’ils traînent avec eux.

Toute tremblante. Écrasée par le mépris de ces notables qui la foudroient du regard, ils la font avancer, juste devant Jésus.

La foule s’écarte, pas très rassurée.

Le chef de la troupe ouvre la bouche, c’est un homme de grande prestance, un homme sûr de lui, de sa science.

Lui, il connaît les Écritures, depuis sa jeunesse, il est plongé dans les textes. Ce n’est pas comme ce Jésus : que sait-il de la Loi ?

Un charpentier, un ignorant qui en prend à son aise avec nous.

« Maitre » Oh, l’hypocrite, il y met les formes… Puisque Jésus enseigne dans le temple, on va lui en donner du « Maitre » cela ne nous empêchera pas de le coincer.

« Maitre, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère »

Jusque-là, Jésus n’a rien à répondre

Quand on lui pose une question sur la loi, il est assez malin pour discuter et parfois nous mettre en difficulté, mais ici, un fait est un fait.

Et voilà encore un autre fait : « Dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là »

Ils se sont bien préparés à l’attaque.

Si Jésus les contredit, ils lui sortent tout de suite le texte du livre du lévitique, le grand recueil des lois données par Moise.

« L’homme qui commet l’adultère avec la femme de son prochain devra mourir, lui et sa complice »

Si c’est nécessaire, on lui sortira encore le Deutéronome :

« Si l’on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée, tous deux mourront »

Franchement, pense Jean qui s’y connaît un peu en Écritures, s’ils veulent obéir à la Loi, ils auraient dû amener l’homme aussi. Jésus n’aura pas de mal à les confondre, à montrer leur mauvaise foi.

Pourquoi s’en prennent-ils à la femme uniquement ?

Tombe alors la question qui veut condamner Jésus.

Le chef élève la voix, il prend un ton grave comme celui d’un juge « Toi, qu’en dis-tu ? »

Cette fois, Jésus est perdu, nous l’avons coincé !

S’il dit « laissez-la tranquille » nous le tenons, car il est contre Moïse.

S’il dit « Mettez-la à mort » c’est fini avec la foule. Comment, lui qui parle toujours de bonté, de pardon, il approuve la mort de cette femme ? C’est un menteur, il ne vaut pas mieux que les autres qui nous écrasent avec leurs lois.

Jean et ses amis sont bien embarrassés. Ils regardent Jésus. Mais que fait-il ? Il ne répond pas !

Ça, c’est ennuyeux, il pourrait se défendre, non ? Il est là devant tous, il se baisse.

Du doigt, il écrit dans la poussière du sol. Jean essaie de voir, mais il n’arrive pas à déchiffrer les lettres.

Peu importe, Jésus sait ce qu’il fait.

Il se redresse enfin.

Cette fois, ce sont ses ennemis qui ne sont plus rassurés. Il semble tellement sûr de lui.

« Celui d’entre vous » il les regarde un par un, comme s’il pénétrait dans leur tête : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre »

Rien d’autre, pas de discussion, pas de sermon. Que chacun se regarde comme il est. Vous avez déjà des pierres dans les mains, mais qu’avez-vous dans le cœur ?

Vos yeux sont pleins de mépris envers cette femme, mais pouvez-vous être si fiers de vous ?

Tranquillement, Jésus s’abaisse et recommence à tracer des traits sur le sol. Un silence pesant règne sur le groupe des spécialistes de la Loi, ils ne se regardent même plus les uns les autres.

Est-ce qu’ils auraient quelque chose à cacher dans leur vie ?

Au premier rang, le porte-parole fait demi-tour sans un mot, il s’éloigne. Puis un autre et tous, les uns après les autres laissent tomber les pierres qu’ils avaient en main, et ils partent.

Jésus reste seul avec la femme. Il se redresse et lui demande :

« Femme où sont-ils donc ? Alors personne ne t’a condamnée ? »

Elle lui répond : « Personne Seigneur »

Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pêche plus »

Jean enregistre la scène dans sa tête : il faudra un jour que je mette cela par écrit. C’est tellement important, on va tellement vite pour condamner ceux qui sont en faute, mais que fait-on pour les aider à remonter la pente ?

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Mamie Gisèle

Un Dieu Fatigué ???



Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 4,5-42

Jésus arrivait à une ville de Samarie appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était assis là, au bord du puits. Il était environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » (En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.) La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.) Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l’eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l’adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. »
Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus.
Pendant ce temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger ; c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se demandaient : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur. Il est bien vrai, le proverbe : L’un sème, l’autre moissonne. Je vous ai envoyés moissonner là où vous n’avez pas pris de peine ; d’autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »


-Qu’est-ce que vous regardez Mamie Gisèle ?

-C’est un tableau qui représente Jésus qui parle avec une femme, une Samaritaine. Jésus vient  de marcher sur les routes de Palestine et, fatigué, il s’arrête au bord d’un puits ; il a soif il  demande à cette femme, une étrangère, pas tellement aimée des Juifs, de lui donner à boire.

-Jamais il n’aurait dû faire ça, un Maître ne parle pas à une femme dans la rue, surtout pas à un casi ennemi du peuple. C’est choquant, vraiment scandaleux.

– Moi, ce qui ne me plaît pas dans ce tableau, vous savez quoi ?

Ce Jésus, vous dîtes bien qu’il est Fils de Dieu.

Alors qu’est-ce que ça veut dire qu’il est fatigué, qu’il a soif ? Et quoi encore ? Et vous l’admirez en plus ? Je ne vous comprends pas, Mamie Gisèle.

À l’armée, j’ai eu un lieutenant de paras, jamais fatigué, jamais soif, ça, c’était un chef, on l’aurait suivi n’importe où. Mais un dieu fatigué, je n’en ai pas besoin

– Joseph, je vais te raconter ce que j’ai vu il y a trois mois, à l’hôpital. Tu te souviens de Mme Rolande ?

– Oh, oui, une vraiment brave femme ; si gentille. Quel malheur, comme elle a souffert.

– Le jour où je suis passée, elle m’a regardée et m’a dit dans un souffle : Gisèle, passe-moi ton crucifix. Mon neveu qui est si brillant, si fort, il est venu et c’est à peine s’il m’a dit bonjour comme un étranger.

Mais Lui, Jésus, je sais qu’il est passé par là, lui aussi. Il me comprend. Ce n’est pas un Dieu étranger pour moi.

Je suis fatiguée, il a été fatigué.

J’ai besoin qu’on m’aide, il a demandé de l’aide même à une étrangère.

Gisèle, est-ce que je peux garder ta croix ? Merci. Je ne suis plus toute seule.

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Madame Esther

Le dernier sourire




Se rapporte à l’Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 18, 1 – 19, 42

Si vous saviez, comme ça été dur ce vendredi-là.

C’est comme si j’avais reçu un coup de matraque sans m’y attendre.

Un peu à la fois, à force d’entendre Jésus, de voir tout ce qu’il faisait pour les pauvres gens, je me disais :

Le monde va changer, nous allons vivre heureux, comme des frères et sœurs, plus de guerres, plus de méchancetés, nos enfants vont être heureux.

Ce soir-là, tout était fini, ils l’avaient pendu sur une croix, comme le pire des voyous. Et ils se moquaient de lui, je les ai entendus :

« Tu te croyais fils de Dieu, plus grand que Moise, tu envoyais promener nos lois, sous prétexte qu’il fallait guérir les malades et même le jour du sabbat. Maintenant, descends de ta croix. »

Horrible ! un étalage de bassesse et de méchanceté. Une fois de plus, le mal était encore plus fort que le bien, la mort plus forte que la vie. Rien à faire, les bons seront toujours battus par les méchants.

J’ai demandé à Marc, vous savez celui qui a écrit plus tard la vie de Jésus : « Marc toi qui es juif, c’est vrai que celui qui meurt sur une croix, c’est qu’il est puni par Dieu ? »

Voici ce qu’il m’a répondu :

« Ne le sais-tu pas ? Tous les prophètes font des guérisons, comme Jésus, mais un vrai prophète, je dis bien, un vrai prophète, est toujours persécuté, mis à mort !

Pourquoi ?

Parce qu’il a l’audace de dire tout haut : vous n’êtes que des hypocrites, vous vous croyez justes, conformes à Dieu, mais c’est faux.  Dieu vous dit d’aimer les autres, et vous, vous les écrasez. Jésus est un vrai prophète, c’est pour cela qu’il a été pourchassé et mis à mort. »

Ensuite j’ai parlé à Luc, lui aussi, il a écrit la vie de Jésus.

Luc n’est pas juif et il m’a dit :
« Esther, c’est la même chose avec mes compatriotes, les grecs, ils se moquent de moi aussi : Écoute ce qu’ils me disent :

Pauvre Luc, ton Jésus, il n’est rien du tout. Tu as vu comme il est mort, incapable de se défendre. Nos grands hommes à nous, Alexandre, Héraclès, ils meurent dans la gloire, ils font des exploits. Mais lui, entre deux délinquants et sur la croix des esclaves. Laisse-moi rire. »

Même moi, Luc, au début, je n’osais pas répondre. C’est vrai qu’on ne voyait au premier abord qu’un échec complet.

Mais je me suis informé, je me suis rendu compte qu’au milieu de la misère on pouvait découvrir la grandeur. Le plus grand ce n’était pas Pilate le gouverneur romain, mais cet homme crucifié sur une croix. 

Esther, as-tu lu ce que j’ai raconté dans mon livre ?

Sur la croix il y avait deux larrons à côté de Jésus, l’un se moquait mais l’autre a bien vu clair, il s’est tourné vers le premier voyou et lui a dit :

Pour nous, c’est juste, nous l’avons mérité, mais lui, Jésus, il n’a rien fait de mal

Et il a même ajouté : Souviens-toi de moi quand tu seras dans ton paradis.

Esther, tu étais comme paralysée de douleur, mais as-tu entendu le cri du capitaine, celui qui venait de mettre Jésus à mort d’un coup de lance ? Surement, cet homme était un juste !  

Trop souvent on s’extasie devant les grands hommes, Jules César, Napoléon, Staline.

Mais moi, Luc, je préfère donner ma confiance à quelqu’un qui a été capable d’aimer jusqu’au bout, plutôt qu’à ces soi-disant grands hommes qui ont fait massacrer des milliers de gens.

En entendant Luc, moi Esther, une femme du peuple, j’ai senti comme une bouffée de joie dans mon cœur. Pas pour moi, mais pour mes enfants. Oui, c’est Jésus qui avait raison. Ce qu’il avait fait c’est cela qu’il fallait faire.
Bien sûr, Il y aura toujours des hommes qui trahiront comme Judas pour une poignée de sous, des hommes comme Pilate qui condamneront des innocents, mais ce qui compte, ce sont toutes les personnes, sincères, droites comme ce bandit sur la croix ou comme le soldat romain qui s’écrient

Tu as raison, Jésus, C’est en toi que nous croyons, c’est avec toi que nous marchons, pas avec Pilate, pas avec l’argent de Judas

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Madame Esther

Le petit vendeur de pains


Pour écouter :


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, 1-15

Jésus était passé de l’autre côté du lac de Tibériade (appelé aussi mer de Galilée). Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait en guérissant les malades. Jésus gagna la montagne, et là, il s’assit avec ses disciples.
C’était un peu avant la Pâque, qui est la grande fête des Juifs. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car lui-même savait bien ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain. »
Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Jésus dit : « Faites-les asseoir. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
Alors Jésus prit les pains, et, après avoir rendu grâce, les leur distribua; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu. » Ils les ramassèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restaient des cinq pains d’orge après le repas.
À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le grand Prophète, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira, tout seul, dans la montagne.


Esther : Vous ne connaissez pas Jonathan vous savez le jeune garçon qui vend des pains sur la route ?

Un garçon courageux, écoutez ce qu’il me disait, il y a huit jours

Jonathan :  Madame Esther, vous, je vous aime bien mais les copains ne sont pas toujours gentils. Ils se moquent de moi : dis-nous combien tu as vendu de tes pains moisis ?
Ou bien ils me disent : ta maman elle ne t’aime pas, elle ferait mieux de t’acheter des sandales avec des semelles sans trous.

C’est pas vrai, ma maman elle va m’en acheter dès qu’elle pourra, parce qu’elle a bien du mal surtout depuis que mon papa est mort.

C’est pour ça que je vais vendre les galettes que ma maman a faites ce matin. Et puis monsieur André va me donner des petits poissons pour les vendre

Ah si tout le monde était comme monsieur André, c’est un pécheur du lac, lui, il ne me méprise pas, au contraire.

Depuis quelques mois il est encore plus bon je ne sais pas pourquoi ?

Esther : Ce matin je te trouve tout souriant, rayonnant. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Jonathan :   C’est monsieur André. Hier il m’a dit : « Jonathan, viens dans les collines, tu verras, il va venir un monde fou. Tu pourras faire de bonnes affaires ?

Esther :  Et alors, tu as bien vendu ?

Jonathan   Et bien, madame Esther, si vous aviez vu. Des gens il en venait de partout, de Jéricho, de Bethanie, de Hebron. Comme elle va être contente ma maman avec tout ce que je vais vendre.

Monsieur André, est-ce que je peux commencer ?

Chut, attends un peu, écoute ce que dit Jésus.

Ce monsieur Jésus, il était là au milieu et tout le monde l’écoutait. C’est beau ce qu’il disait, il y avait là tant de pauvres gens, jamais on ne leur avait parlé comme ça. Moi je ne comprenais pas tout et puis ma corbeille était toujours pleine.

C’est seulement vers le soir que j’ai repris espoir.

Monsieur Jésus a arrêté de parler et il a dit à ses amis : « il se fait tard et j’ai pitié de cette foule qui n’a rien à manger »

Un grand costaud, il s’appelle Pierre qu’on m’a dit, a répondu : Tu as raison, il faut les renvoyer tout de suite, ils ont le temps d’aller dans les villages pour acheter ce qu’il leur faut.

A ce moment, je me suis écarté quand j’ai vu comment le Pierre s’est fait rabrouer. « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » C’était sec.

Monsieur André, lui, il a essayé de ramener la paix « Regarde Seigneur – il l’appelait Seigneur d’une voix douce et pleine de respect – Seigneur, il y a ici un jeune garçon, il a quelques pains et des poissons »

Vous avez compris, c’était moi.

Les autres se sont mis à rire : Qu’est-ce que tu veux faire avec sept poissons pour une foule pareille ?

Après je ne sais plus bien ce qui s’est passé. J’ai donné ma corbeille de pain tout en me disant : « ma maman elle ne va pas être contente ».

J’étais comme perdu, j’ai entendu un remue-ménage, des cris de joie et monsieur André qui m’appelle :

« Jonathan viens donc nous donner un coup de main. Prends une corbeille, tu vas aller distribuer à manger au groupe qui est là-bas, près du rocher. »

Jésus nous a dit de les faire asseoir par paquets, je pense que c’est un bon moyen pour éviter les resquilleurs et surtout pour n’oublier personne »

Au fond, j’étais fier, les gens me souriaient, ils me disaient : « merci, mon petit Jonathan, ou bien : tu n’aurais pas encore un petit morceau pour grand-mère ? »

Vous vous rendez compte, me demander ça à moi ?

Après, et bien après, il en restait une bonne quantité.

Monsieur André me dit : Jonathan, pourquoi tu n’emporterais pas trois ou quatre corbeilles pour ta maman et tes petits frères ?

Et pour ma petite sœur aussi ?

Mais bien sûr !

Monsieur André, pourquoi il fait tout ça, monsieur Jésus ? C’est pour devenir leur chef ?

Mais Jonathan, ne dis pas de bêtises. Tu n’as pas entendu ce qu’il a dit :

Venez à moi, vous qui souffrez, mon Père souffre de voir tant de ses enfants qui sont malheureux, des aveugles, des boiteux, des méprisés.

Il a dit aussi, tu l’as peut-être entendu : J’ai pitié de cette foule

Et vous, Madame Esther, qu’est-ce que vous en pensez ? C’est vrai ce qu’il dit ?

Esther : C’est tellement vrai et tellement important que nous devons tous faire pareil avoir pitié de ceux qui sont trop écrasés par la vie, leur venir en aide

Jonathan : Chic alors. Peut-être que quelqu’un va me donner une paire de sandales, sans trous !

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Madame Esther

Les vendeurs du Temple !



Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2, 13‑25

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.


L’apôtre Jean, devenu l’ancien de la communauté chrétienne était assis au milieu des chrétiens. Tous l’écoutaient avec attention. Sans cesse, il revenait sur le même refrain: « Aimez-vous les uns, les autres »
Un jour, un des plus jeunes osa lui faire une réflexion qui surprit tout le monde :
Jean, tu  nous redis toujours la même chose, aimez-vous, comme Jésus nous a aimés.  Mais dans les souvenirs que tu as déjà mis par écrit, il y a un passage qui me tracasse.

Lequel, mon enfant ?

C’est le jour où Jésus est venu au Temple de Jérusalem. Tu nous racontes que ce jour-là, il a regardé la foule, les marchands, les pèlerins qui venaient de partout, et soudain, ça a été la panique….

C’est bien ce que j’ai vu et que j’ai raconté je m’en souviens encore très bien.  Il a pris des cordes, fait rapidement un fouet et s’est mis à culbuter les tables des changeurs de monnaie, il a jeté dehors les marchands d’animaux. Ceux qui vendaient des bœufs, des moutons pour les sacrifier sur l’autel.
Je vois encore le Maître debout au milieu de ce marché qui envahissait la cour du temple. Comme s’il ne supportait pas les cris, les appels des vendeurs pour attirer le client. Jamais je n’avais vu le Seigneur aussi en colère.

C’est bien ce qui me tracasse. Tu nous dis toujours que le Maître était la bonté même, qu’il demandait comme toi de nous aimer les uns les autres, et maintenant, tu nous dis qu’il s’est mis dans une grande colère ? Je ne comprends pas… Pourquoi ?

Je t’avoue, moi non plus, je n’ai pas compris sur le coup. Pourquoi a-t-il renversé les tables des changeurs de monnaie ?
Ces gens-là rendaient service aux pèlerins. Vous savez sans doute, que dans le temple qui était sacré, il y avait une monnaie spéciale. On n’allait quand même pas utiliser les pièces des étrangers, celles des romains par exemple.
Si Jésus les chasse… Comment vont-ils faire pour se procurer la monnaie qu’ils voulaient offrir à Dieu ?

D’accord, mais ça ne me dit pas pourquoi il s’est tant mis en colère.

Est-ce que tu as bien lu ce que j’ai écrit, ce que Jésus a dit aux marchands ? « Ne faîtes pas de la maison de mon Père une maison de trafic »

Au fond, c’est qu’il ne peut pas supporter les voleurs ???

C’est la première explication qui m’est passée par la tête. C’est vrai que dans le temple de Jérusalem il y avait un trafic terrible.
Les responsables, ceux qu’on appelait les grands prêtres comme Anne ou Caïphe, s’en mettaient plein les poches. Le trésor des offrandes qui aurait du servir pour aider les pauvres, aboutissait dans les palais des grands prêtres.

Il y a donc une explication que nous avons mis du temps à comprendre.
Pour lui, le temple c’était la maison de son Père. Une maison où tous les croyants, petits ou grands, peuvent venir, s’y sentir en paix, parler avec Dieu, regarder les autres comme des frères, puisqu’ils sont dans la même maison, qui est celle d’un père.

Qu’est-ce qu’il voit ? Des gens en prière, heureux d’être là ensemble ?
Non, des chiffonniers qui se battent pour vendre leur marchandise.
Est-ce qu’il entend le chant des psaumes écrits par nos ancêtres ?
Non, plutôt les cris des animaux qu’on égorge sur l’autel des sacrifices.

Donc ce qui le met en colère c’est que la maison de Dieu qui est un Père est devenu le pire des marchés couverts.

Exactement, on a volé Dieu. On a trahi les vieux croyants qui ont bâti cette maison. Pour que tous y viennent parler avec leur Père.
La foule des pèlerins pensent entrer dans la maison de Dieu, et dès qu’ils ont franchi la porte, ils sont plongés dans la maison de l’argent ou du commerce.

Tu sais, Jean, à quoi je pense ?

L’autre jour, j’ai attrapé un bel oiseau. Ma sœur s’est mise en colère. « Tu n’es pas honteux, un si bel oiseau fait pour voler, sa maison c’est le ciel, et toi, tu l’enfermes dans une cage comme s’il était un rat. »

Tu féliciteras ta sœur, car elle pense comme Jésus. L’être humain est fait pour voler, pour regarder vers le ciel, pour parler avec son Père qui est Dieu. Il est fait pour vivre dans la maison de Dieu et bien souvent, nous l’enfermons dans une cage.
Il est fait pour parler, pour communiquer avec Dieu et avec ses frères. Et il ne trouve que des marchands qui ne pensent qu’à leur commerce.

Jean se tait un instant, songeur et triste.

Dans ma longue vie, j’ai rencontré deux sortes de gens qui avaient perdu ou presque perdu leur humanité leur dignité d’être humain.

Ceux qui étaient tellement écrasés par la misère qu’ils ont l’impression de retomber au niveau des animaux ; ils ont tellement faim qu’ils ne pensent plus qu’à une chose : manger. Plus question de dialoguer, de partager avec leurs frères, ni de prier Dieu.

J’espère qu’il y aura toujours des amis de Jésus qui se mettront en colère, pour rendre une parole humaine à tous ces malheureux.

Et puis, il y a ceux qui au contraire sont tellement repus ou bien tellement orgueilleux qu’ils ne pensent qu’à eux. Tout tourne autour d’eux. Comment voulez-vous qu’ils restent humain, qu’ils entrent en relation de confiance avec les autres et encore moins avec Dieu.

J’espère aussi qu’il y aura toujours des croyants qui se mettront en colère et leur diront : sortez de vos égoïsmes, partagez avec vos frères, regardez vers le ciel c’est là qu’est votre vrai bonheur.

Maintenant, je dois vous quitter. Mais je vous redis encore une fois -vous allez dire que je suis un vieillard qui radote – « Aimez-vous les uns les autres comme Dieu vous a aimé »